[Discussion] Un 24h de silence

Invité

Citation :: Contrer l’intimidation et dénoncer la violence, deux bonnes raisons pour lesquelles près de 200 élèves de la Polyvalente Curé-Mercure ont choisi de garder le silence pendant 24 heures.

Cette journée spéciale est organisée par les animateurs de la vie étudiante, Sylvain Bruneau et Marie-Claude Pinsonneault, en collaboration avec la vingtaine d’élèves membres du comité non-violence. Des étudiants de tous les niveaux ont participé à cet évènement et se sont engagés à garder le silence autant que possible, du 1er au 2 mai, de midi à midi.

« Vous choisissez jusqu’où vous voulez aller, pas de parole, pas de textos, pas de Facebook… C’est comme vous voulez! », explique Marie-Claude Pinsonneault aux élèves, lors de la réunion pré-évènement à l’auditorium. Certains ont d’ailleurs sursauté en entendant « pas de Facebook », comme quoi la nouvelle génération est plus branchée que jamais.

Les participants ont d’abord pris d’assaut les couloirs de la Polyvalente en chahutant, criant et scandant : « Crions, crions, plus fort, plus fort, pour que personne ne nous ignore! ». Vêtus de chandails ou de brassards à l’effigie du 24 heures, les jeunes ont terminé ce premier tour bruyant à l’auditorium, où le compte à rebours a été lancé. À zéro, un silence étonnant a envahi la salle, c’est parti! Un dernier tour de piste, en silence cette fois, a sans doute bien plu à la direction...

Un défi pour les pies

« Ce que je vais trouver de plus difficile, c’est de ne pas parler. J’aime divulguer, je suis une boule d’énergie, ce sera mon gros défi », de dire Alexandre Lefrançois. « Pour moi, je vais trouver cela difficile de ne pas dire « merci » et « s’il-vous-plaît », souligne Jade Lévesque-Gagnon. Elle-même victime d’intimidation depuis la deuxième année du primaire, elle voulait aider les autres en s’impliquant dans le comité non-violence.

« Même pendant notre marche silencieuse, j’ai été intimidée. On essayait de me faire parler ou on me traitait de lesbienne. Moi, je ne pouvais pas répondre », explique-t-elle. En effet, à la sortie de l’auditorium, un groupe d’élèves attendaient les participants et leur posaient des questions, vaine tentative pour faire rompre les vœux de silence. « Il faut faire attention à ces actes et gestes. Même le rejet est une forme d’intimidation », de dire Mathild Lamarre.

Les organisateurs ont bon espoir que cet évènement se propage dans toutes les écoles de la commission scolaire l’an prochain. Les élèves de 5e et 6e année de l’école Trois-Saisons ont d’ailleurs fait vœu de silence pendant une heure.

Quelques chiffres…

*Résultats du questionnaire réalisé, dans la Polyvalente Curé-Mercure en 2012, par Sabrina Labrosse et Philippe Gagnon, deux stagiaire du Cégep de St-Jérôme en techniques de travail social

En général dans l’école

92 % des jeunes se font manquer de respect

46 % des jeunes ont déjà ou vivent de la violence physique

7 % disent être intimidés

83 % des jeunes manquent ou ont manqué de respect envers quelqu’un d’autre

22 % des jeunes utilisent les médias sociaux pour intimider les autres

18 % disent avoir ou être intimider par internet

13 % des jeunes vivent de la violence amoureuse (conjugale)

Secondaire 1 :

93% des jeunes se font manquer de respect

54% des jeunes ont déjà ou vivent de la violence physique

14% disent être intimidés

79% des jeunes manquent ou ont manqué de respect envers quelqu’un d’autre 9% des personnes tirent satisfaction d’insulter les autres

20% des jeunes utilisent les médias sociaux pour intimider

22% disent avoir ou être intimider par les médias sociaux

9% des jeunes vivent de la violence amoureuse (conjugale)

Secondaire 2

91% des jeunes se font manquer de respect

50% des jeunes ont déjà ou vivent de la violence physique

10% disent être intimidés

85% des jeunes manquent ou ont manqué de respect envers quelqu’un d’autre 17% des personnes tirent satisfaction d’insulter les autres

10% des jeunes utilisent les médias sociaux pour intimider 8% disent avoir ou être intimider par les médias sociaux

11% des jeunes vivent de la violence amoureuse (conjugale)

Secondaire 3

93% des jeunes se font manquer de respect

59% des jeunes ont déjà ou vivent de la violence physique

2.5% disent être intimidés

85% des jeunes manquent ou ont manqué de respect envers quelqu’un d’autre

23% des personnes tirent satisfaction d’insulter les autres

32% des jeunes utilisent les médias sociaux pour intimider

28% disent avoir ou être intimider par internet

15% des jeunes vivent de la violence amoureuse (conjugale)

Secondaire 4

96% des jeunes se font manquer de respect

45% des jeunes ont déjà ou vivent de la violence physique 4% disent être intimidés

79% des jeunes manquent ou ont manqué de respect envers quelqu’un d’autre

17% des personnes tirent satisfaction d’insulter les autres 9% des jeunes utilisent les médias sociaux pour intimider

15% disent avoir ou être intimider par les médias sociaux

17% des jeunes vivent de la violence amoureuse (conjugale)

Secondaire 5

85% des jeunes se font manquer de respect

48% des jeunes ont déjà ou vivent de la violence physique 1% disent être intimidés

83% des jeunes manquent ou ont manqué de respect envers quelqu’un d’autre

22% des jeunes utilisent les médias sociaux pour intimider

11% disent avoir ou être intimider par internet 8% des jeunes vivent de la violence amoureuse (conjugale)

Parcours adapté

91% des jeunes se font manquer de respect

21% des jeunes ont déjà ou vivent de la violence physique 9% disent être intimidés

86% des jeunes manquent ou ont manqué de respect envers quelqu’un d’autre

40% des jeunes utilisent les médias sociaux pour intimider

26% disent avoir ou être intimider par internet

15% des jeunes vivent de la violence amoureuse (conjugale)

Les membres du comité non-violence, mis sur pied à la suite du suicide de la jeune Marjorie Raymond, ont enfin brisé le silence le 2 mai, à midi.

Et vous ? Qu'est-ce que ça vous fait de voir ça ? De voir autant de chiffres montrant l'intimidation dans une école secondaire ? Vus vous en fichez ou ça vous fais quelque chose au coeur ? Vous admirez ce 24h de silence ou vous pensez qu'il ne changera rien ? Je veux vos opinions.

Spoiler:

Invité

Je pense que c'est pas demain la veille que je fermerais ma gueule pendant 24H, au grand dam de ceux qui m'entoure o/

Invité

Ah oui, j'en ai entendu beaucoup des commentaires du genre x)

Souveraine Messages : 206 Cycles : 33 Points XP : 284

Je trouve ça totalement admirable. Je dois avouer que moi-même j'ai été victime de manque de respect, insultes ou autres étant plus jeune. A vrai dire, maintenant encore parfois. Mais les gens sont immatures, autant ne pas s'arrêter sur les dires de gamins.

Pour ce qui est des 24h de silence... Je dois dire que je ne serai pas capable de le faire... Je parle tout le temps x) Je ne m'arrête jamais. J'entends encore ma mère et Orhion (mon chéri) dire l'autre soir: " Ce que tu es fatiguante ma pauvre fille." "Oui et stressante à toujours parler et sauter partout."
Je suis comme ça J'admire ceux qui auront le courage de faire cette journée de silence car j'en serai obligatoirement incapable !

Invité

Ne pas parler, hum... Je pense que ce sera difficile pour moi, vu qu'on me dit que je parle toujours trop. Après, je ne saurais pas dire si ce genre d'événement peut faire avancer les choses mais ça a au moins une portée symbolique et ça permet d'amener l'attention sur quelque chose que l'on ne remarque pas toujours, ou qu'on fait mine d'ignorer. Comme Aby, j'ai eu à souffrir de la violence verbale mais j'ajouterais de mon côté qu'on peut y faire attention ou pas, ça nous marque forcément. Et puis ce n'est jamais agréable de se faire insulter, on a beau dire qu'on s'en fiche on se le prend quand même en pleine gueule. Comme je dis toujours, les mots ont un sens, leur emploi est rarement anodin.

Invité

Je crois que finalement, tout le monde a été victime un jour ou l'autre d'un manque de respect plus ou moins violent (que ce soit verbal ou physique), comme l'indique les statistiques de Lak'.
Ce n'est pas d'aujourd'hui et rien n'a encore changé ça.

Je sais que c'est douloureux, je le sais parce que je faisais partie des statistiques, mais j'en viens à considérer ça comme une étape de la vie : voyez les chiffres, ça monte au minimum dans le 80%. A ce stade, c'est presque une norme.
Ce que ne nous tue pas nous rend plus fort, ce vieil adage est applicable dans cette situation : on apprend à moins tenir compte de l'avis des autres et donc par corollaire on se forge de l'esprit critique et on peut distinguer ses vrais amis.

Pour ce qui est de l'action, je trouve que combattre l'Omerta par le silence c'est assez ... spécial.

Invité

Comme tu le dis, c'est une norme. Mais ce n'est pas pour autant qu'il faut le tolérer. A mon avis, un taux aussi fort est imputable aux silences et aux tabous sur le sujet. On accepte la loi du plus fort pour ne pas passer pour une balance, etc... Je ne pense pas qu'il y ait de remède miracle mais comme il a été dit ailleurs : "la honte doit changer de camp". De la violence, il y en aura sans doute toujours, mais en attirant l'attention sur le phénomène dès cet âge-là, je pense qu'on peut faire baisser ces chiffres sur le moyen terme. Mais je suis un incurable optimiste - en même temps qu'un effroyable pessimiste, c'est un peu ma bipolarité à moi.

Invité

Malheureusement, la mécanique est bien rodée et la tentative d'amélioration est globalement hypocrite : certains des gens impliqués auront sans doute eux-même été des bourreaux un jour ou l'autre, ou de simple spectateur passif préférant garder le silence, certains professeurs donnent même une bénédiction indirecte en fermant les yeux sur les cas d'injustice ou de rejet, n'agissant (généralement pas suffisamment) que si la victime vient s'en plaindre et dieu sait que c'est rare.