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 Une journée comme une autre. Presque comme une autre.

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MessageSujet: Une journée comme une autre. Presque comme une autre.   Une journée comme une autre. Presque comme une autre. EmptyVen 27 Avr - 12:22

Le Seigneur de Guerre avait vu le jour ici une vingtaine d'années avant la prise de pouvoir de la famille Kaemlyn. Fils de Barons, il était aujourd'hui devenu bien plus et jamais ses parents ne purent jouir de son statut. Il était bel et bien devenu le fils digne d'un père désireux de lui donner naissance pour un jour inscrire son nom dans les archives de son peuple. Il n'y avait plus que la mort pour faire oublier sa présence physique mais son passage resterait très certainement gravé à jamais. C'était une journée comme une autre au sein de la Cité d'Askeladd. Il rencontrait comme à son habitude plusieurs dizaines de personnes plus ou moins importantes mais ce n'était pas pour discuter de la pluie ou du beau temps. Une guerre se préparait. Le discours cinglant du Roi-Rénégat résonnait toujours dans sa tête.

"Une guerre engendre de nombreux sacrifices. Il nous faut les trouver."

Isthrion s'était installé dans la Cour du Roi-Rénégat et il attendait patiemment depuis un fauteuil sorti fraichement du palais. C'était la mi-journée et voilà depuis trois jours qu'il attendait le retour de ses hommes. Quelques gardes royaux formaient son escorte, sait-on jamais ce qui pourrait se passer même devant la plus sombre des citadelles. Sa jambe droite était pliée et reposait soigneusement sur son genou gauche. Il s'impatientait. Il jouait nerveusement avec l'artefact autour de son cou, son dé aux couleurs noires, blanches et rouges. Finalement, on fit sonner le cor une heure plus tard. Il était temps. Quelques minutes plus tard, des soldats armés jusqu'aux dents et des mages en tenues de combats s'avançaient dans sa direction. Ils formaient à leur tour une protection autour de gens inconnus à la vision du Seigneur de Guerre. Le Hiérophante fit signe à l'un de ses hommes d'avancer.

"Mon Seigneur, voici mon rapport." Le serviteur s'inclina. "Vos estimations étaient tout à fait justes. Il y avait bel et bien un village en construction tout au Sud de la Forêt de Skëlfr. Nous l'avons rasé comme convenu et tué de sang froid ceux qui se sont rebellés. Quarante-sept victimes chez l'ennemi. Vingt-six d'entre eux se sont rendus. Nous ne dénombrons que quelques blessés, vos Mages Noirs ont libéré les Cauchemars afin d'obtenir une victoire éclaire."

Isthrion inclina la tête en guise de satisfaction. Il observa en silence un à un des vingt-six hommes restants. Depuis peu, la vie en Thorgal était devenu plus difficile. Le Hiérophante jugeait nécessaire de faire grossir les rangs de la Capitale. C'était ce à quoi allaient servir ces vingt-six âmes. Le Seigneur de Guerre se leva de son siège et se dirigea dans leur direction. Il lisait dans leurs regards la peur, l'incompréhension, la colère ou encore la haine. Le discours pouvait commencer.

"Mes frères et sœurs, bienvenue dans la Cité Askeladd, demeure de votre Souverain. Vous avez été choisis pour être ramenés parmi les vôtres. Nous avons besoin de vous comme vous avez besoin de nous. La Paix et la Tranquillité ne s'obtiennent pas en se coupant du reste du monde. Chacun d'entre nous est sur le même pied d'égalité et possède les mêmes devoirs envers sa Majesté le Roi-Rénégat. De ce fait, je suis venu vous chercher. Quelques uns d'entre vous seront bientôt aux côtés du Roi-Rénégat. D'autres serviront ardemment son armée tandis que les plus jeunes d'entre vous, les enfants, vous rendrez dans nos citadelles pour y étudier la Magie des Bannis aux côtés de nos plus brillants mages. Chacun d'entre vous doit jouer son rôle. Nous nous reverrons bientôt."

Il était inutile de dire que certains d'entre eux seraient candidats au sacrifice une fois qu'ils auraient rejoins les tours maudites où on essaierait de leur enseigner la Magie Maudite dans le but de renforcer d'autres individus déjà fidèles. Une fois de plus, le Seigneur de Guerre venait de se saisir d'une poignée d'âmes. Leurs avis étaient inutiles, le choix n'était pas permis. Isthrion jugeait seulement cela nécessaire. Il était persuadé que pour unir les siens il fallait désormais en passer par là. Éliminer les indisciplinés et récompenser ceux qui pouvaient servir d'une quelconque manière que ce soit la renaissance du peuple qu'il chérissait tout autant que son âme.

La journée s'achevait et le spectacle prit fin. Le Hiérophante se retira dans l'enceinte du Palais Royal pour y traverser les nombreux couloirs sombres et il rejoignit sereinement le couloir menant à ses appartements. Il se tenait sur son chemin une rencontre inattendue. Le Seigneur de Guerre posa ses yeux sur la dite personne et son regard habituellement froid sembla s’apaiser pour devenir presque sympathique.

"Princesse ? Je ne m'attendais pas à croiser votre chemin en ces bas lieux. Vous n'êtes pas dans vos appartements ?"

Il la vouvoyait. Probablement que cela la dérangerait. En temps normal, lorsqu'ils étaient seuls à seuls, Isthrion s'adressait à elle comme s'il la connaissait depuis sa naissance. En fait, c'était le cas. Seulement, il ne la rencontrait pas dans les plus hautes sphères du Palais Royal et Isthrion avait pour habitude de protéger ses arrières. Et si les murs avaient des oreilles ?
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MessageSujet: Re: Une journée comme une autre. Presque comme une autre.   Une journée comme une autre. Presque comme une autre. EmptySam 28 Avr - 0:07

Lakshmi n'était pas sortie aujourd'hui. Le vent soufflait beaucoup trop pour qu'elle puisse s'adonner à quelques heures de vol à dos d'hippogriffe comme elle se plaisait à le faire chaque fois qu'elle en avait l'occasion. Cette impression d'être au dessus de tout, de tous les problèmes l'apaisait. Elle pouvait être elle-même lorsqu'elle volait et c'était ce qu'elle appréciait. Malgré toutes ses convictions ce matin, en voyant les nuages et en entendant le vent siffler, elle s'était donnée une journée à l'intérieure où elle avait fait un peu n'importe quoi. À un certain moment, elle était assise sur le bord de la fenêtre de sa chambre qui donnait sur la cours et écrivait dans un petit journal noir à la couverture de cuir. Son regard se leva de ses pages et alla se perdre sur le paysage derrière la fenêtre. Sa chambre était située en hauteur donc elle ne remarqua pas tout de suite la présence d'Isthrion et de ses hommes. Quand elle finit par la remarquer, ses sourcils se froncèrent sous le questionnement. Que faisait-il là avec 26 hommes semblant capturés et en si mauvais état ? Son regard se posa sur chacun d'entre eux, notant plusieurs enfants. Elle soupira en comprenant ce qui se passait. Sans perdre de temps, elle ferma son cahier et se leva, enfilant ses gants noirs à nouveau, quittant ses appartements au pas rapide pour aller parler à Isthrion. Croisant en chemin les gardes qui se trouvaient avec lui dans la cours, elle sut que leur mini-audience était terminée et que la meilleure façon de trouver son ami était de se rendre dans ses appartements, ce qu'elle fit sans hésiter. Sans le savoir, Lakshmi emprunta le chemin inverse à celui que prenait le seigneur de guerre ce qui fit en sorte que tous deux arrivèrent face à face devant la porte des appartements de ce dernier. Son regard s'étira en une joli sourire comme chaque fois qu'elle le voyait alors que son expression à lui s'apaisait pour devenir agréable.

Bonjour, Isthrion. Si je suis ici c'est pour vous parler de vos 26 nouvelles âmes en main.

Tous deux n'avaient pas l'habitude de se vouvoyer, ils se connaissaient depuis trop longtemps pour ça et avaient développer une affection mutuelle. Sachant qu'il n'appréciait pas les marques de familiarisation en "public", elle accepta le vouvoiement sans rechigner cette fois. La princesse l'invita à ouvrir la porte de ses appartements d'un signe puis y entra à sa suite, refermant la porte derrière eux. Elle ignorait comment aborder le sujet des enfants mais y tenait fermement.

Je... Enfin, les enfants qui se trouvaient avec toi.. Tu... Tu ne vas tout de même pas les sacrifier, leur enlever leur vie si peu entamée ?

Elle le regardait dans les yeux, espérant sincèrement qu'il allait lui avouer que non, qu'il allait les éduquer, les aider à devenir de fiers citoyens ou guerriers de Thorgal. Jamais Lakshmi ne supporterait de voir une poignée d'enfants mourir. Déjà, elle avait de la difficulté à voir des hommes adultes mourir alors des enfants... Elle ne pourrait tout simplement pas. Souvent, c'était ce qu'elle se reprochait, le fait d'être trop sensible à la mort.
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MessageSujet: Re: Une journée comme une autre. Presque comme une autre.   Une journée comme une autre. Presque comme une autre. EmptySam 28 Avr - 0:43

La raison de la venue de la Princesse de Thorgal était devenue limpide. L'air enthousiaste sur le visage du Seigneur de Guerre n'avait pas disparu lorsqu'elle lui avait fait part de sa motivation. Ils étaient toujours dans le fameux couloir dans lequel Isthrion souhaitait que personne ne les voit. Dans le fond, sa question l'avait touché. Lakshmi était l'un des rares êtres en ce monde capable de le faire changer d'avis, de lui tenir tête. Ce n'était pas parce qu'elle était la fille du Roi-Rénégat. Il aurait très bien pu s'arranger depuis dix-sept ans pour ne jamais la croiser si ce n'est en dehors des cérémonies ou il ne savait quoi encore. Isthrion aimait la Princesse de Thorgal pour ce qu'elle était, tout simplement. En quelque sorte, elle lui permettait de ne pas oublier qu'il n'était qu'un homme, sensible à la détresse de ceux qu'il pouvait encore chérir, fragile et parfois délicat. Il ne maudissait pas ce lien. Il n'en avait encore jamais fait part à la jeune fille mais il était certain qu'humainement, Isthrion lui était redevable.

"Ma foi, si la Princesse de Thorgal exige des explications, qui suis-je pour les lui refuser ?"

Elle n'apprécierait probablement pas. C'était sa façon de lui dire qu'il n'appréciait pas toujours sa façon d'agir. En cet instant précis, sa place n'était délibérément pas ici. Suite à sa demande, Isthrion la fit rentrer dans ses modestes appartements. Ces derniers étaient correctement entretenus et à vrai dire, le Hiérophante y passait très peu de temps. Il n'aimait pas vraiment resté enfermé entre quatre murs. Le terrain lui était plus favorable. Jamais il n'aurait souhaité sa particularité d'être un homme d'action, engagé très profondément dans les affaires de la Cité d'Askeladd.

"Lakshmi... Tu sais qu'il est peu recommandable pour toi de venir passer du temps ici. Que penserait-on si on te voyait entrer dans les appartements d'un homme de ton père le Roi ?"

Foutaises. Au fond de lui, Isthrion était vraiment heureux que la future Reine de son peuple lui accorde autant d'attention. Il n'y avait que très peu de mensonges entre eux. Il ne lui avait probablement jamais menti jusqu'à présent. Il s'était plusieurs fois permis de la réprimander lorsqu'il lui semblait qu'elle n'agissait pas comme une Princesse mais c'était de bonne guerre. Pour rien au monde Isthrion ne troquerait la jeune femme qui se trouvait devant lui. Cette fois-ci, c'était au tour de Lakshmi de soulever une importante question. Il appréciait énormément la façon avec laquelle elle osait s'adresser à lui. C'était franc, concis et surtout jamais son regard ne fuyait. Ce n'était pas la Princesse qui exigeait quelque chose d'un serviteur quelconque, c'était Lakshmi qui interrogeait un homme qu'elle avait appris à connaître et apprécier. En retour, Isthrion ne détourna pas son regard. Ses yeux restaient planter dans les siens. Certes, son regard était devenu dur comme s'il allait lui annoncer une triste nouvelle mais il était tout bonnement hors de question de chercher à s'enfuir devant cette situation qu'il assumait de toute manière.

"Ces enfants vont être envoyés dans les Tours d'Askeladd afin d'y apprendre la Magie Maudite. Tu sais tout aussi bien que moi à quel point il est difficile de développer nos facultés. Ceux qui y seront jugés indignes serviront... comme source d'énergie. Rien de très agréable, crois-moi. Mais je veillerais personnellement à ce qu'ils reçoivent la meilleure formation possible. Mon souhait est que chacun d'entre eux s'en sorte."

La réaction de la Princesse serait très probablement des plus intéressantes. C'était désormais pour Isthrion une forme de leçon. Elle possédait certainement le pouvoir, les droits d'empêcher cela. Chaque jour, le Hiérophante se demandait quelle Reine deviendrait-elle un jour. Une chose était certaine et il le lui avait déjà promis, de son vivant il ne la laisserait jamais s'égarer.
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MessageSujet: Re: Une journée comme une autre. Presque comme une autre.   Une journée comme une autre. Presque comme une autre. EmptySam 28 Avr - 3:17

Alors que les deux étaient dans les appartements, incroyablement bien entretenus si on les comparais à ceux de la princesse, Lakshmi grimaça en l'entendant la réprimander sur sa présence ici. Elle voulait bien croire qu'il la connaissait depuis sa naissance et qu'il lui avait souvent fait la morale sur divers sujets, elle ne croyait pas un traître mot de ce qu'il lui disait présentement. Son père, les surprendre ? Impossible... Enfin, peu probable. Il ne se fatiguerait pas à aller chercher Isthrion dans ses appartements alors qu'un garde ou un domestique pouvait le faire à sa place. Toutefois, cet homme de main du Roi avait une conscience remarquable et pensait à plusieurs détails que la princesse oubliait. Comme celui des rumeurs qui pourraient circuler si quelqu'un l'avait vue entrer dans les appartements du Seigneur de Guerre.

Ne me fais pas la morale, Isthrion, pas cette fois. Tu sais comme moi que mon père ne traîne pas ici et que personne n'oserait ouvrir la bouche par peur des représailles.

Son regard ne quittait pas les yeux de son ami. Ce regard aurait pu paraître perçant pour quelqu'un d'autre mais elle se forçait à l'adoucir pour lui. Elle avait une morale, une conscience, une part d'humanité mais il ne fallait pas oublier qu'elle était la fille de son père et que, par moments, les ressemblances étaient frappantes. Le regard qu'Isthrion lui lançait lui fit froid dans le dos. Ses yeux exprimaient une froideur impassible qui lui annonçait souvent la pire des nouvelles. Allait-il vraiment faire du mal à ces enfants, les sacrifier ?

Tu dois te souvenir de l'époque où mes propres séances d'apprentissages étaient vaines, n'est-ce pas ? Par ce souvenir, je ne peux que confirmer ce que tu viens tout juste de me dire. Mais je t'en prie... Fais en sorte que les enfants s'en sortent. Au moins eux. Si il le faut, je viendrai les voir pour les aider ou m'interposerai entre la mort et eux, si tel serait leur sort.

Ses yeux démontraient la supplications qu'elle adressait à l'homme de main de son père mais rien d'autre sur son visage ou sa posture ne le laissait deviner. Elle ne voulait pas la mort du peuple qu'elle devrait un jour gouverner et, en tuant les enfants, c'était ce que son père faisait. Lentement, elle s'approcha d'un des fauteuils dans le salon d'Isthrion et s'y assit, le regard perdu dans les flammes du foyer. Elle se questionnait toujours à quoi servait les âmes utilisées, à alimenter quoi... Mais elle n'osait pas poser cette question à son père, le seigneur de guerre le saurait-il ?
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MessageSujet: Re: Une journée comme une autre. Presque comme une autre.   Une journée comme une autre. Presque comme une autre. EmptySam 28 Avr - 14:32

"Tu es trop intelligente, Lakshmi."

Cette affirmation semblait sonner comme un reproche. Il avait pris en compte sa précédente remarque sur le fait qu'elle ne tolèrerait pas en cet instant qu'il lui fasse une quelconque morale mais il n'avait pas besoin de le faire remarquer. La Princesse de Thorgal, aussi sa jeune amie, savait qu'il entendait chacun de ses mots.

"Et c'est ce qui fera de toi ma Reine."

Cette fois-ci, son sourire s'élargit. Jamais Isthrion n'avait imaginé, espéré, désiré devenir le Roi-Rénégat. De ce fait la fidélité qu'il éprouvait envers son père n'avait aucune faille. En fait, le Dévoreur était peut-être la principale raison. Il n'avait jamais osé demander à sa Majesté la raison pour laquelle il avait accepté cette horrible entité dans son être. Il se demandait par ailleurs si la jeune fille face à lui avait connaissance ou non de l'existence du Dévoreur. Cette chose mystique qui un jour lui retirera certainement l'homme qu'elle choisira pour époux. Il était désormais de notoriété public que la guerre était imminente. Son père l'avait ordonnée. Isthrion ne savait pas non plus si c'était ce moment que choisirait le vieil homme pour utiliser ce don.

"Oui, je m'en souviens parfaitement. Tu étais une petite maladroite et certains te pensaient perdue. Finalement, tu es devenue une jeune Dame et ton destin est de gouverner après ton père auprès de celui que tu choisiras. Je me bats chaque jour pour que tu puisses prendre la Couronne dans la période la plus prospère de notre histoire."

Il ne lui répondait pas. Elle serait probablement touchée, émue par cet élan de fidélité mais ce n'était pas exactement ce qu'elle voulait entendre. Il la connaissait suffisamment pour le savoir. Seulement, Isthrion ne lui avait jamais vraiment touché de mots au sujet de sa propre enfance. Il ne lui avait jamais fait l'aveu pour le meurtre de ses deux parents. Il caressa nerveusement le dé, l'artefact aux couleurs noires, blanches et rouges qui pendait autour de son cou. Lui aussi, il en avait tellement peu parlé. En fait, il ne lui avait jamais montré le pouvoir que représentait ce dé. Le Hiérophante le faisait très peu en général. Il était certain que le Roi-Rénégat connaisse toutes les origines de l'artefact et quelques uns des plus grandes Mages Noirs de Thorgal aussi. Mais ça devait être tout. Néanmoins, Lakshmi était en ce moment-même la femme qu'il percevait comme étant sa prochaine Reine. Le temps était peut-être venu de lui en dire un peu plus.

"Tu sais... Je comprends sincèrement ta douleur et ton point de vue. Cependant, les Mages Noirs des Tours d'Askeladd s'en moquent bien. Il est sûr que ceux qui ne seront pas assez forts connaitront une fin tragique. Mais ne t'es-tu jamais demandée pourquoi je ne suis pas l'un d'entre eux ? Je suis après ta famille l'homme le plus influent du Royaume. Lorsque j'étais un jeune garçon... En fait, lorsque j'avais ton âge, je n'avais encore aucun pouvoir. J'aurais pu finir comme l'un de ces enfants malchanceux. Mais un vieil homme m'a appris les rudiments de l'épée et je suis devenu utile."

Elle était désormais assise et l'écoutait avec un grand intérêt. Isthrion s'approcha un peu plus et posa ses mains sur ses épaules. Ce n'était pas un geste déplacé, seulement celui d'un oncle qui donnait un peu de chaleur à sa nièce.

"J'aurais encore tant à dire mais il y a plus important. Je m'assurerais que ceux qui ne parviennent pas à s'élever intègrent le corps des armes. Je te le promet."


Dernière édition par Isthrion Diagrin le Lun 30 Avr - 20:39, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une journée comme une autre. Presque comme une autre.   Une journée comme une autre. Presque comme une autre. EmptyLun 30 Avr - 1:40

Inévitablement, le regard de la princesse s'illumina d'un amusement à la remarque de son ami. Étais-ce une reproche, d'être trop intelligente selon lui ? Surement pas puisqu'il ne lui laissa pas le temps de répliquer avant de dire que c'était ce qui ferait d'elle la reine de Thorgal. Reine de Thorgal... Juste ce titre faisait peur. Elle avait peur. Peur de ne pas être à la hauteur, peur de craquer... Peur de ne pas être assez forte pour tenir son peuple en place et figurer première sur la liste des assassins. Peur de devoir sacrifier des vies pour nourrir "le Dévoreur", comme on l'appelait, bien qu'elle ne savait pas trop ce que c'était. Bien sûr, comme tout le monde, elle avait entendu des brides d'histoires, des légendes et des rumeurs mais tout était différent et ne semblait pas fondé. Cet entité qui était relié à son père était mauvais et ne lui amenait que mauvais présage. Elle préférait s'en tenir loin aussi longtemps qu'elle le pouvait. Le nouveau petit discours d'Isthrion la toucha droit au coeur, passé la grimace à la mention de son apprentissage en magie. Un sourire apparut sur les lèvres de la princesse et elle prit tout son temps pour l'adresser à son ami, malgré le fait qu'elle soit agacée par la réponse. Il prenait plusieurs chemins pour lui répondre à une question directe ce qui ne lui apportait jamais de réponses claires. Ses yeux se posèrent finalement sur les mains du Hiérophante qui se tenaient près de son cou. Lakshmi prit un moment pour remarquer qu'il caressait nerveusement les six faces de trois couleurs différentes du dé qu'il avait toujours en sa possession. C'était étonnant de voir à quel point Lakshmi se confiait à ce homme mais que ce dernier restait un mystère pour elle. La princesse avait gardé le plus grand silence pendant un moment mais il fut vite comblé par Isthrion.

Apprenons-leur le combat. Allons-y selon leur capacités, leurs forces tout en essayant d'améliorer leurs faiblesses. Je refuse catégoriquement de les voir mourir... Isthrion ! Ce sont des enfants ! Certains sont sont si jeunes... C'est immoral d'enlever la vie à des gamins qui viennent tout juste de la commencer... En plus qu'ils sont des Bannis ! Si nous avions été en guerre contre une autre race et que des enfants seraient mort, ça aurait été moins pire... Nous éliminons notre propre race, c'est complètement stupide. En fait, vous éliminez la génération qui sera sous ma gouverne ! Une chaîne ne peut pas être forte sans quelques maillons faibles.

Comme chaque fois qu'elle était énervée, il la calmait d'une manière ou d'une autre. Tous les deux faisaient un bon duo. Alors qu'il s'approchait et posa ses deux mains sur les épaules de Lakshmi, cette dernière se laissa aller contre le dossier du fauteuil, plus près  d'Isthrion et ferma les yeux, respirant un moment pour se débarrasser de ses mauvaises émotions. La promesse de son ami l'y aida bien qu'elle doutait qu'il serait en mesure de la respecter, le moment venu. Ses yeux se rouvrirent et la princesse fixa les flammes dansantes dans le foyer avant de lâcher un petit soupir.

Que va-t-il se passer...? Je veux dire, mon père a déclaré qu'il voulait reprendre des terres, remettre de la gloire sur le noms des Bannis... Est-ce que tout ça va amener une guerre ? Devons-nous nous préparer mentalement à nous battre contre des Mérisiens ou encore des Ondaliens ?

Elle tourna la tête pour avoir de nouveau un contact visuel avec son ami, ne souriant plus. Le sort de son peuple l'intéressait, l'inquiétait. Un jour, ce serait à elle de diriger. Ce jour pouvait être demain comme il pouvait être encore dans dix ans. Rien n'était sûr mais si telle situation arrivait, elle voudrait être prête.
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MessageSujet: Re: Une journée comme une autre. Presque comme une autre.   Une journée comme une autre. Presque comme une autre. EmptyLun 30 Avr - 21:15

"Tu parles comme une stratège."

C'était la dernière fois qu'il lui sourirait dans les minutes qui viendraient. Le sujet, les mots devenaient de plus en plus graves, de plus en plus sérieux. Le sens du sacrifice... Dans toute guerre, dans tout combat, il y a un gagnant et un perdant. Des innocents disparaissaient à chaque fois. Que ce soit lors de la préparation, en plein sur le champ de bataille ou après la guerre elle-même, lorsqu'il s'agissait parfois de chasser les survivants vaincus. Il ne savait pas vraiment si la Princesse avait conscience de tout cela. Du moins, elle semblait réfuter ça. Elle cogitait longuement et à son tour elle lui donnait son point de vue. Lakshmi essayait d'être le plus juste et le plus logique possible.

"Repérer nos points faibles, chercher à les améliorer, proposer des solutions. Décidément, je crois que je ne t'ai pas vue devenir une femme."

Il ne sourit pas. La remarque était sincère. On pouvait le percevoir comme une sorte d'admiration ou un sentiment ambigu. Il n'était pas amoureux d'elle ou du moins il n'avait jamais évoqué cette possibilité. En fait, il n'y avait jamais vraiment songé. Il était certain qu'elle ne le laissait pas indifférent.

"Tu sais autant que moi à quel point la Magie que nous utilisons est profane. Je vais te faire un aveu. Je suis triste pour ceux qui continuent de prier sans relâche le Dieu dont le nom est éteint. J'admets son existence mais je réfute notre histoire. Je suis d'avis qu'il ne faut pas recommencer les mêmes erreurs. Je veux être l'incarnation du changement. Sans vouloir te vexer, Lakshmi, tu es encore quelque peu naïve lorsqu'il s'agit de penser à la guerre. Il y a des gens qui servent d'armes, parfois de chair à canon. Toi et moi sommes de bonne situation. Je ne dis pas que c'est juste, je dis seulement que tu ne pourrais jamais changer cela."

En effet, Isthrion admettait bel et bien toute l'histoire de son peuple telle qu'il la connaissait, tel que le vieil ami de l'Aigle le lui avait conté. Il avait un jour pensé, tenu les mêmes discours que la Princesse mais l'expérience lui avait montré que les choses ne se passent pas toujours comme on l'exigeait. Quant à sa dernière question, il la trouva tout aussi pertinente que les précédentes.

"En effet, l'état de guerre est déclaré. Pour faire une guerre, il faut des hommes et de l'or. Il faut une armée et il est triste de constater que nous sommes le peuple le plus divisé. Je ne vais pas te mentir, pour devenir le Seigneur de Guerre de Thorgal, je me suis rarement baigné dans la lumière. Il m'est arrivé de faire des choses dont je ne suis pas toujours fier mais je pense que pour affirmer mes convictions, c'était nécessaire."

Il ne lâchait pas ses épaules. Aucune caresse, aucune pression. Ses mains étaient simplement posées contre elle comme pour faire bruler davantage le lien fort qui existait entre eux. Lorsqu'elle vint trouver à nouveau son regard, Isthrion était là, ses yeux étaient là. Quand la Princesse doutait, il passait toujours le temps avec elle qui était nécessaire pour l'aider à retrouver son chemin.

"Je méprise notre histoire, les choix du passé. Il est idiot de se soumettre à une Divinité quelconque car nous perdons alors notre identité. Je déteste vivre prisonnier dans le Royaume de Thorgal alors qu'il y a des contrées bien plus accueillantes. Mais regarde la vérité en face, peu importe où nous allons, les gens se servent de nos vies pour continuer de punir nos ancêtres. En fait, nous sommes à l'heure d'aujourd'hui les vaincus d'une guerre divine. Mon désir est de changer cela. Je veux offrir à notre peuple ce qu'il mérite. Le confort, la joie. Et pour cela, nos cœurs doivent battre à l'unisson et tu sais à quel point dans une société déchue comme la nôtre c'est difficile. Le peuple est aveuglé, il n'a pas confiance."

Il ne souriait toujours pas. L'intonation de sa voix laissait cependant percevoir que chacun de ses mots étaient sincères et qu'il ne lui cachait rien. Après tout, il s'adressait à son hypothétique future Reine.

"Nous ferons la guerre contre quiconque ton père l'ordonnera. Je ne connais pas son sentiment sur tout ça et je me confie à toi par confiance parce que je te connais. Tu dois te préparer à cela. Tu seras la Reine d'un jour nouveau, tu commanditeras le lendemain de l'avènement du peuple des Bannis."

Ce qu'il disait sous-entendait qu'elle devait également se préparer à ne pas revoir son père. Il était de notoriété publique que celui qui monte sur le Trône pour enfiler le costume du Roi-Rénégat ne vie jamais très longtemps. Serait-il l'homme capable d'inverser la tendance au milieu d'une guerre totale annoncée ? Le Hiérophante n'y croyait pas vraiment. Seulement, il admirait dans le fond ce geste. Son Roi lui donnait enfin cette chance qu'il défendait ardemment depuis plusieurs minutes devant sa fille, cette chance de faire de leur lendemain un jour meilleur.

Et enfin il lui sourit très tendrement. Il avait presque terminé. Peu à peu, ce n'était plus son esprit mais son cœur qui lui parlait.

"Je veux être là lorsque tu choisiras ton époux, lorsque tu choisiras l'homme qui deviendra mon Roi. Sache qu'à jamais, je suis fidèle à ton Nom, à ton Sang."
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MessageSujet: Re: Une journée comme une autre. Presque comme une autre.   Une journée comme une autre. Presque comme une autre. EmptyLun 30 Avr - 23:03

Lorsque Isthrion lui parlait, Lakshmi se taisait. C'était une règle d'or, comme un précieuse ligne de conduite et dieu seul sait que la princesse lui faisait tout un honneur en le laissant parler à sa guise alors qu'avec quelqu'un d'autre, elle serait portée à argumenter dans le sens contraire ou tout simplement, à ne pas écouter. Ce qui sortait de la bouche de son plus vieil ami se retrouvaient souvent à être des conseils judicieux ou tout simplement un bout d'histoire à ne pas manquer. Elle appréciait lorsqu'il se laissait aller dans de grand discours et n'avait aucune envie de l'interrompre tant sa voix sonnait comme une mélodie à ses oreilles. Lentement, elle buvait ses paroles comme on buvait un verre de vin, n'ayant que quelques réactions par moment comme un haussement de sourcils, une tension qu'il s'appliquait à détendre de ses mains toujours sur ses épaules ou encore un petit rire lorsqu'il lui avoua ne pas l'avoir vue devenir femme. C'était une blague, bien sûr, puisqu'ils se voyaient presque chaque jours. Toutefois, elle comprenait, par le tournant que prenait la discussion, que les prochaines paroles seraient plus dures, plus sérieuse. Comme toujours, encore, elle l'écoutait attentivement. De la même façon que tout le monde le serait, Lakshmi fut un peu piquée par son commentaire sur sa naïveté mais avec lui, elle ne pouvait pas se lever, lui lancer une réplique cinglante et claquer la porte. De plus, il y avait matière à réflexion dans chacun de ces mots et elle comprenait facilement ceux-ci: La princesse n'avait jamais connu la guerre, ce qui était un gros désavantage. Isthrion, lui, devait l'avoir connu et son père, encore plus tandis que tous les soldats étaient entraînés à cet effectif. Et elle dans tout ça ? Qu'avait-elle suivi pour se préparer à une éventuelle guerre ? Qu'un cours pour essayer de développer sa magie, en vain. Sa magie, elle l'avait développée sur le terrain, dans un moment de peur. Pas dans une salle entourée de gens, bienveillants, mais agaçants. Ce n'est que lorsque son ami eut fini de parler qu'elle prit un long moment de réflexion, choisissant ses mots. Encore quelque chose de spécial avec lui... Elle pensait avant d'ouvrir la bouche.

Je n'arrive pas à avoir d'opinion sur notre histoire, Isthrion... Elle ne m'atteint pas dans son passé, uniquement dans son présent. Les regards supérieurs que peuvent nous lancer d'autres races... Ce rejet constant... Ces terres, bon dieu, ces terres... Ils n'auraient pas pu nous filer pires comme terres. Mais tu vois, contrairement à mon père, je n'ai pas ce désir de semer la guerre, de faire couler le sang uniquement pour avoir d'autres terres meilleures. Et à qui seraient pris ce territoire, hein ? À quelqu'un d'autre... Si Elysear périssait dans cette guerre, je lui en voudrais. Je lui en voudrais de me laisser un trône ensanglanté et instable. Je lui en voudrais de me laisser avec pleins de projets, de problèmes et aucun intérêt à les régler.

Un long soupir s'échappa de sa gorge le temps de laisser un silence et de choisir à nouveaux ses mots qui exposaient un nouveau problème que l'histoire de la guerre et du trône. Enfin, comme beaucoup de ses sujets de discussion, il y était relié mais c'était d'ordre beaucoup plus... Personnel. Elle se leva doucement, se dégageant sans peine mais avec prudence de l'emprise des mains d'Isthrion sur elle puis se dirigea vers la fenêtre, observant calmement l'extérieur avant de reprendre:

Tu seras là, bien sûr. Mon premier conseiller, je ne prendrai pas de décisions sans ton accord. Mais pour ce qui est de me marier... C'est un terrain plus glissant. Une union obligerait un homme à monter sur le roi, à se proclamer roi de Thorgal et tu sais comme moi qui mène la danse. Le roi en tout temps, la reine lorsqu'il n'y a personne pour prendre sa place. J'ai peur de voir mon nom disparaître sous le règne d'un autre, de voir les efforts de mon père pour gagner le trône réduits en poussière... J'ai peur d'être envoyée dans l'ombre. Tout ce que je veux, c'est de garder ma lignée le plus longtemps possible. Même si ça inclut que je dois rester seule jusqu'à ma mort. Tu sais comme moi qu'il existe plusieurs solutions en ce qui est des héritiers, ils peuvent être illégitimes, mais dès qu'un homme prend place à mes côtés... Je perd tout. Mon nom, ma lignée, le trône, Thorgal... Absolument tout.

Elle se retourna vers lui, espérant voir une solution dans ses yeux pour ne pas être obligée de gâcher son bonheur ni de perdre le trône bien qu'elle savait pertinemment que c'était impossible. C'était un des deux uniquement.
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MessageSujet: Re: Une journée comme une autre. Presque comme une autre.   Une journée comme une autre. Presque comme une autre. EmptyJeu 3 Mai - 21:45

Le Seigneur de Guerre découvrait une fois de plus à quel point la Princesse de Thorgal était attachée à son père de Roi-Rénégat. Dans toutes les circonstances, Isthrion essayait de toujours rester lucide et à cet instant présent, il ne sourit pas. Comment pourrait, pouvait-il lui dire la vérité ? Sa vérité. Il y avait peu de chances pour qu'un vieil homme comme Elysear survive à une guerre totale comme il l'entendait. Il s'agissait déjà d'un bel exploit qu'un Banni de son âge soit encore sur le trône. Le regard d'Isthrion devint légèrement triste. Le lui dire ou se taire ? C'était un cruel dilemme. Cependant il ne lui mentirait pas, c'était tout bonnement hors de question. Si parfois le Hiérophante laissait sortir ses noirs sentiments, il lui était inconcevable de mentir à sa Princesse. Sa fonction exigeait un certain sens de l'honneur. Pour rassembler un peuple, il était nécessaire de le comprendre. Au fond, Lakshmi était détentrice de la vérité. Les Bannis se préparaient à mener une guerre sanglante dans l'espoir d'arracher des terres nouvelles. Qu'adviendrait-il alors des hypothétiques vaincus ? Il fut un temps où Isthrion était assez innocent pour penser à l'idée de vivre en paix avec chacun des êtres peuplant Elirondia mais cette pensée était aujourd'hui révolue.

"Je ne peux te dire ce qu'il adviendra de ton père. Je ne suis moi-même pas tout à fait sûr."

Isthrion songeait désormais au fait que le Roi-Rénégat n'avait jamais été en si mauvaise posture. Certes, il avait déclaré la guerre avec tout les pouvoirs qui lui étaient conférés mais il était également certain que cela ne pouvait pas réjouir les cœurs de tout les Bannis. Sa fille en était le parfait exemple.

"Je suis seulement certain que je ne veux plus de cette situation de confinement. Un peuple ne doit jamais se taire. Jour après jour, c'est notre culture qui est menacée. Nous arrivons tout juste à vivre ici mais est-ce que nos descendants auront toujours les ressources nécessaires pour survivre ? Thorgal n'est pas une référence en matière de renouvellement... A part notre déchéance, notre mélancolie, notre tristesse, notre haine et notre pauvreté... Nous n'avons plus rien. Je suis persuadé que ton père pense la même chose. Cette guerre est juste et nécessaire."

Si le Seigneur de Guerre pensait sincèrement ce qu'il disait à son sujet, ce qui concernait le père de la Princesse de Thorgal n'était qu'une supposition à laquelle il ne croyait pas vraiment. Du peu qu'il connaissait le Roi-Rénégat, une odeur de sang flottait en permanence autour de lui. Comme beaucoup, il avait accédé au trône dans un bain de sang. Isthrion n'y avait pas assisté, il vivait à cet époque là avec sa famille mais les récits étaient nombreux. De plus, il ne fallait pas oublier que son corps était devenu le sceau de la Bête, la prison de la Chose Interdite. Isthrion savait que pour utiliser cet ultime pouvoir, il fallait sacrifier le porteur du Dévoreur. Seulement, le Hiérophante ne savait pas si Roi comptait le faire un jour, durant cette guerre ou tout simplement même s'il en aurait l'occasion. Il était donc vraiment incapable de prédire l'avenir d'Elysear avec exactitude mais il ne croyait pas en sa survie. Lakshmi s'était libérée de l'étreinte d'Isthrion pour se diriger vers la fenêtre. La conversation prenait un tout autre tournant. Il se rendit compte une fois de plus l'importance que la jeune femme accordait à ses devoirs.

"Le Prime Hiérophante en quelque sorte. C'est plaisant."

Il sourit en coin. La Princesse lui tournait le dos alors elle ne put le voir. Isthrion posait désormais son regard rêveur sur elle. Prime Hiérophante... Seigneur de Guerre du peuple libre, du peuple dominant. Il était le fils d'un Baron d'Askeladd et jamais son père n'aurait pu un jour aspirer devenir ce que la demoiselle semblait lui promettre en cet instant. Isthrion n'avait jamais eu l'aspiration de monter un coup d'état. Le rôle d'Elysear ne le dérangeait pas et il serait bien mal à l'aise de devenir la prison du Dévoreur. En fait, il ne savait pas quel effet cela pouvait procurer. Un changement de personnalité ? Une puissance accrue ? Il ne voulait pas changer. Isthrion aimait plus que tout les gens fidèles à eux mêmes, à leurs vertus et cela comptait même lorsqu'il s'agissait d'un ennemi. Mais son sens de l'honneur ne pouvait lui permettre de préparer un coup d'état. De plus, la fille d'Elysear ferait à ses yeux une bonne Reine. Le peuple recevrait peut-être un jour l'attention, l'amour de sa prochaine Reine. En fait, il ne l'avait encore jamais avoué mais l'idée que Lakshmi puisse choisir un Roi qui ruinerait ses efforts existait.

Le temps d'y songer, Isthrion s'était avancé jusqu'à elle. Son bassin touchait à peine le sien et ses mains pendaient le long de sa propre taille.

"Je comprends tes craintes, Lakshmi. Mais... Le Dévoreur..."

C'était la première fois qu'il exprimait son existence devant elle. Il ne savait pas si elle en avait déjà entendu parler, si elle était au courant au sujet du fait que le corps de son père retenait une immondice ancestrale. Mais Lakshmi ne réagit pas alors qu'il baissa le ton du rythme de sa phrase. Ce détail lui indiquait qu'elle en connaissait l'existence et cela le soulagea.

"... Je n'aime pas l'idée que tu doives être la personne jouant le rôle du Sceau du Dévoreur. Je n'en ai jamais parlé avec ton père. Cette créature m'intrigue et m'effraie. Son pouvoir semble... inimaginable. Et pour ça, je crains que tu doives te préparer à devenir prochainement notre Reine. Mais tout pouvoir est dangereux. Un pouvoir peut changer ce que nous sommes. Et le Dévoreur... Encore une fois, sans vouloir t'offenser, je ne sais pas si tu en es capable. Ton corps est encore jeune."

Elle l'écouterait de nouveau mais cette fois-ci il l'attaquait directement. Sa réponse risquait d'être moins tendre que jusqu'à présent. Il tenta le tout pour le tout et passa ses bras autour de sa taille pour poser ses mains sur son ventre. Ce n'était pas un geste déplacé, seulement une étreinte pour l'empêcher de se retourner et de le couper. Il lui signalait par ce fait qu'il désirait terminer.

"... Tu ne dois pas rester seule toute ta vie mais tu ne dois pas non plus donner ta confiance à n'importe qui. Le travail de ton père est aussi important pour toi que pour moi. Si je juge ton choix indigne, si je juge qu'il met en danger nos acquis si durement obtenus depuis ces dernières années... Je ne pourrais pas être ce fameux Prime Hiérophante."

Il soupira doucement comme s'il était en train de se faire une raison. Il ne voyait aucun homme en réalité capable d'accomplir ce rôle. Isthrion était de ceux qui accumulaient, qui en voulaient toujours un peu plus. Il avait durement et fidèlement servi son père depuis dix-sept ans soit trois cycles après son couronnement. L'idée qu'un inconnu puisse menacer son travail de Hiérophante, de Seigneur de Guerre, de... Guide pour les Bannis l'insupportait au plus au point. C'était son orgueil, sa part de mégalomanie qui était en train de faire surface. Après tout, il était normal de défendre avec ardeur ce en quoi il croyait.

"Tu peux devenir la Reine d'un Roi tout en gardant ta lignée, Lakshmi. Il te faut trouver un homme d'influence prêt à renier son Nom et son Sang pour ta famille. Il ne serait pas incohérent que ton père adopte par exemple quelqu'un au sein de sa famille et lui offrir sa fille en mariage. Mais vois-tu quelqu'un pour tenir ce rôle ? Que penserait ton père...? Enfin, c'est une idée comme une autre..."

Sa voix était plus incertaine qu'auparavant. C'était en réalité un appel. Il ne pouvait mentir en prétendant ne jamais y avoir songé encore. C'était pour lui une solution qui l'arrangeait. Il était pour lui le candidat idéal, le candidat tout désigné. Ce qui était certain, c'est qu'une nouvelle page se tournait. Isthrion attendait impatiemment les réactions, les gestes de la Princesse de Thorgal.
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MessageSujet: Re: Une journée comme une autre. Presque comme une autre.   Une journée comme une autre. Presque comme une autre. EmptyJeu 3 Mai - 23:06

Lakshmi comprenait ce qu'Isthrion tentait de lui dire mais elle ne voulait pas le réaliser. Elle ne voulait pas voir la vraie pauvreté dans son peuple alors que la guerre allait l'empirer, bien certainement. Oui, leurs terres se dégradaient et presque rien n'y poussait ce qui pouvait mener à l'extinction totale des bannis un jour ou l'autre mais se battre, défier les autres peuples risquait de tuer leurs hommes. Et si tous périssaient ? Combien de familles en deuil seront-elles en deuil par la mort de leurs maris, leurs frères ou leurs fils ? Au ton de la voix de son ami, elle savait que son père n'allait sûrement pas s'en tirer facilement de cette guerre qu'il avait pourtant lui-même engendrée. Connaissait-il les risques de ce combat, cet ultime combat ? Peut-être s'en fichait-il en voyant sa fille dévouée aux Bannis, qu'il espérait un remplacement meilleur... Mais une chose était sûre. C'est que sous son règne, il n'y aurait aucune guerre déclarée par elle. Elle refusait de se laisser aller à ces disputes entre races, entres peuples, entre territoires. Si elle n'avait pas eu le seigneur de la guerre avec elle, elle aurait clamé haut et fort que tout n'était qu'absurdité.

Une fois levée et dos à lui, son regard embrassait chaque partie de terre qu'elle voyait. Sa future terre... Celle qu'elle voulait s'obstiner à garder comme elle était mais qui était pourtant si délabrée que même la cour du château semblait détruite... Abandonnée... Elle serra les poings puis les desserra à plusieurs reprises. Pourquoi vouloir faire la guerre ? Pour survivre, pour avoir de meilleures terres, bien sûr... Mais comme elle le disait plus tôt, ces terres étaient enlevées à quelqu'un, à un peuple... À des gens comme eux, enfin, presque.

Après mon père, Isthrion, tu es celui à qui je fais le plus confiance... Si mes deux repères disent vouloir déclarer la guerre, comment pourrais-je m'y opposer ? Comment pourrais-je tenir ma décision, mon opinion alors que tous deux, vous vous tenez fermement devant moi en ne me parlant que des bienfaits de cette bataille.

Elle s'arrêta un moment puis soupira en portant ses yeux aussi loin qu'elle le pouvait, la forêt, les airs... Comme elle voudrait être sur le dos de son hippogriffe, au dessus de tous les problèmes qui s'entrechoquaient dans sa tête ! Elle se sentait si faible, impuissante que ça l’enrageait. Lakshmi se sentait déboussolée lorsqu'ils venaient détruire ses arguments pour imposer les leurs, comme si elle n'était qu'une folle à interner. Lentement, elle ferma les yeux et se prit la tête entre les mains pour retrouver la raison tant elle était instable. Elle vacillait entre l'idée de faire la guerre et d'offrir de nouvelles terres exploitables à son peur et celle de devoir tuer et déloger quelqu'un d'autre. La princesse avait entendu les pas d'Isthrion dans son dos mais n'en avait pas fait une montagne. Toutefois, elle se tendit lorsqu'il arriva plutôt près d'elle, que son bassin touchait légèrement le sien. Jamais elle ne laissait quelqu'un s'approcher d'elle aussi près hormis son père et encore, ce n'était pas arrivé souvent avec son ami. Elle l'écouta tout de même lui parler du dévoreur sans rechigner sur la proximité. Lakshmi baissa les yeux lorsqu'elle entendit ses craintes sur le fait qu'elle devrait un jour le porter, soupirant doucement, elle essaya de se libérer une nouvelle fois de l'emprise mais une main posée sur son ventre la tira de nouveau contre le seigneur de guerre, l'empêchant de s'éloigner et lui signalant qu'il n'avait pas terminé de discuter. Elle entendait la voix de son ami qui lui disait que peu d'hommes ne seraient prêts à renier leur nom et leur sang pour elle. Ça ne faisait que confirmer ses propres craintes pour son avenir. Mais ce qui l'interpella le plus dans ce moment du discours ce fut la voix incertaine d'Isthrion qui semblait cacher une attente, une demande. La princesse se retourna tant bien que mal et s'appuya contre le rebord de la fenêtre, observant le seigneur de guerre dans les yeux, tentant de découvrir ce qu'il ne lui disait pas dans ses mots. Le fait qu'elle soit face à lui cette fois laissait un peu d'espace entre eux mais la proximité restait.

Je sais que peu d'hommes seront capables de faire ce choix... Vous, les mâles êtes beaucoup trop... Tête de mule ? Personne ne voudra et les peu qui pourront s'imaginer dans les bras de la fille du Roi-Renégat ne serait-ce que pour une nuit n'oseront jamais prendre mon nom et renier leur sang. Je me vois destinée à rester seule malgré ce que tu me dit, destinée à porter le dévoreur... Et honnêtement, je m'en fiche. Après tout... Vaut mieux m’appeler la Reine Vierge que la Reine sans nom, je suppose.

Sa voix exprimait un certain détachement alors qu'en fait, l'idée de mourir seule lui faisait peur. Elle était le genre de fille à lire des contes de princesses trouvant son prince charmant, pas de princesses se liant avec un dévoreur et destinée à rester seule toute sa vie de peur de perdre sa lignée.



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