Les enfants sont un fardeau éternel.

Conseillère Messages : 47 Points XP : 68

Ce mois ci encore elle partait se recueillir en Altheria. Enfin ce n’était que la version officielle. Une seule et unique personne savait où elle se rendait chaque mois et ce n’était autre que Jathel, Hérault des Eradrins. Même sa plus proche amie, la souveraine, ne savait rien de ce petit manège.

† Flash back †

Ce matin là, Alenor devait de nouveau rencontrer l’Hérault des Eradrins pour discuter des relations entre les deux peuples. Mais rien n’était pareil car cette fois ci la souveraine ne viendrait pas. Ce n’était pas la gêne ou encore la timidité qui poussait la jeune Ondalienne à redouter cette rencontre mais plutôt parce qu’elle se sentait attirée par cet homme plus jeune qu’elle. Et s’il y avait bien quelque chose qu’Alenor redoutait, c’était quand elle ressentait une attirance quelconque. Une fois de plus elle allait arborer son caractère froid et hautain.
Il arriva enfin, elle le salua poliment sans toutefois afficher un sourire sincère. Tendue et mal à l’aise par ce qu’elle ressentait elle fut sèche toute la durée de l’entretien. L’homme n’était pas offusqué, ou du moins il le cachait bien. Alenor avait hâte que tout ceci se termine, elle ne supportait pas quand le contrôle pouvait lui échapper rapidement. Elle n’avait jamais eu de relations sérieuses, fuyant l’amour comme la peste malgré ses 33 cycles. Dépendre de quelqu’un était tout le contraire de ce qu’elle arborait.
Elle ne sut expliquer comment tout ceci avait dérapé. Elle s’était réveillée au beau milieu de la nuit dans le même lit que l’Hérault. Les souvenirs de nouveau en esprit, elle s’habilla en hâte et quitta aussi vite qu’elle le put la suite de Jathel. Terriblement confuse, elle ne pouvait pas avouer à la souveraine tout ceci. L’homme pouvait très mal prendre cet affront, et tout ceci pourrait affecter le peuple entier des Ondaliens. Comment avait-elle pu se laisser aller aussi facilement ?
†

Elle était tombée enceinte, un enfant non désiré tout comme elle. Ses voyages chez les Ethérés depuis un peu plus d'un an n’étaient autres que des visites mensuelles pour voir ce petit garçon. Alenor ne pouvait pas se résoudre à l'abandonner totalement, pour cet enfant elle n'était autre que la tante peu sympathique qui venait la voir tous les mois. Elle se souvint le jour où elle accoucha. Il lui était impossible de regarder ce bébé, dégoutée par elle-même et ce qu'elle allait faire. Alenor savait pertinemment que si elle gardait cet enfant, elle ferait la même chose que ses parents. Elle devait agir et empêcher de détruire une vie de plus. L’idée avait été prise par Jathel, lui non plus ne pouvait pas se permettre en tant qu’Hérault d’avoir un enfant hors union. Ainsi le petit garçon avait été placé chez une famille d’Ethérées. Ils avaient refusé tout l’argent que le faux couple leur proposait, clamant que l’argent ne servait à rien et que le plus important était que le petit connaisse l’amour parental. Ces pèlerinages la tourmentaient à chaque fois, ce retour précipité dans son enfance était terrible pour l’Ondalienne.

Jathel était là, de l’autre coté du chemin. Son visage toujours aussi froid, elle avançait vers lui. Lui aussi devait comprendre qu’elle lui en voulait, elle n’était pas la seule fautive. Un bonjour glacial s’ensuit après leur poignet de main. Elle continuait à le vouvoyer car il était un Hérault et qu’elle lui devait tout le respect possible. Le cœur n'y était pas.

Invité

LES ENFANTS SONT UN FARDEAU ETERNEL

Depuis plus d’un cycle, le jeune Héraut des Eradrins faisait des allers et venues tous les premiers jours du moi dans la Plaine de Vozduk pour accomplir telle ou telle mission digne d’un Souverain d’une Nation. Certaines personnes de son entourage n’en étaient point dupe, en particulier les Chefs de Communauté. Ceux-ci pensaient que leur jeune Suzerain leur cachait quelque chose d’une importance capitale pour la survie de la Nation. Par conséquent, le Chef de Rougeflammes avait fait suivre le jeune souverain lors d’un de ses déplacements, cependant il fut aussitôt remarqué par Jathel, qui faisait semblant de ne pas l’avoir remarqué. Lorsqu’il avait atteint les Monts de la Couronne, il s’était dissimulé derrière un gigantesque rocher et il attendait patiemment que son poursuivant passe devant lui, ainsi il pourrait lui sauter à la gorge et l’éliminer. Le jeune Eradrin détestait tuer des frères, mais là il en était obligé car il ne supportait nullement d’être suivi de la sorte. Il savait que ses Chefs de Communauté ne lui faisaient pas beaucoup confiance, mais ce n’était point une raison de le filtrer à tout moment. Donc dès que son poursuivant avait passé devant lui, il s’était aussitôt sorti de sa cachette et lui faisait face. Le poursuivant, complètement surpris, n’avait eu guère le temps de se retourner qu’il était déjà à terre bloqué par des mains invisibles. Le Héraut l’avait menacé de le tuer s’il le suivait encore une fois, le poursuivant ayant pris peur, avait fui et reporté à son Chef que le Héraut rencontrait simplement des Hauts Dignitaires de la Société Ethérée, afin de parler de sujets qui importaient les Deux Nations frontalières, mais qu’il n’avait point jugé utile d’en parler aux Chefs de Communauté vu que ce n’était pas encore sujet de Sécurité de la Nation. Ceux-ci, bien que demeurant sceptiques, avaient été dans l’obligation d’accepter cette idée car ils craignaient le jeune Suzerain, qui se montrait si souvent imprévisible et de plus sa « Forme Ardente » était réputée invincible. Ils ne risqueraient jamais un combat face au jeune Héraut… Donc depuis ce moment là, Jathel pouvait reprendre sereinement ces périples, « pèlerinages » chez les Ethérés. Cependant, ce n’était point du tout la véritable raison et seule la Conseillère des Ondaliens était au courant de ses agissements… Pourquoi tant de secret ? Et surtout pourquoi le jeune Suzerain des Eradrins partagerait-il des secrets avec une Ondalienne, en particulier la Conseillère ?

® Flash Back ®

Une journée comme une autre attendait le jeune Suzerain des Eradrins lorsqu’il s’était réveillé à l’aube ce matin là. Il s’était habillé prestement et il était parti s’entraîner comme à son habitude, mais bizarrement ce matin-là quelque chose le préoccupait. Une drôle de sentiment l’occupait durant tout l’entraînement et ne l’avait quitté de la journée par la suite. Que se passait-il dans la tête du Héraut ? Beaucoup de monde au Château se demandait cela… Lorsqu’il eut terminé son entraînement qui avait duré plus de deux heures, Jathel s’était dirigé vers ses quartiers où il avait pris une bonne douche. C’était à ce moment là qu’il avait finalement compris pourquoi il était dans cet état là… Il allait de nouveau se retrouver dans la même pièce que la Conseillère des Ondaliens : ce petit bout de femme l’avait tout simplement conquis et il n’aimait point du tout cela. Il détestait même cette faiblesse qui pouvait lui coûter son pouvoir parfois ; cette femme était l’objet de ses désirs les plus fous et il souhaitait plus que tout l’avoir dans son lit afin de connaître avec elle, le Bonheur de l’amour à deux. Le jeune Suzerain des Eradrins n’avait peur de rien, sauf de ses sentiments : pour lui, ce sont des fléaux horribles. Donc il évitait de son mieux, les relations sérieuses, ce qui expliquait le fait qu’il ait beaucoup d’amantes.

Ce jour-là donc, il avait de nouveau rencontré la Conseillère des Ondaliens dans la salle des Conférences du Château. Leur rapport était tendu dès le début car tout comme lui, il avait remarqué aussitôt que la jeune Ondalienne était tendue et que quelque chose la tracassait. Quant à lui, il n’osait nullement regarder ses lèvres qu’il souhaiterait embrasser goulument. Chassant cette idée indécente de son esprit, il avait de nouveau arboré son visage taciturne et son ton froid comme à l’ordinaire mais le cœur n’y était point cette fois-ci. Il avait réellement du mal à garder sa concentration durant tout l’entretien alors qu’il s’agissait de questions hautement importantes qui concernaient les deux Nations. Il gardait tout de même encré en lui, sa fierté légendaire de Héraut. L’entretien s’était déroulé sans encombre…

Cependant qui aurait pu prédire ce qui allait se passer par la suite ? En effet, sans qu’il ne s’en souvienne de la manière dont il avait réussi cela, au petit matin l’odeur de la jeune Ondalienne occupait sa couche. Il avait aussitôt tourné la tête et avait remarqué qu’une personne avait bel et bien dormi avec lui cette nuit-là et il savait qu’il n’y avait que l’Ondalienne. Toute la journée ses pensées furent occupées par cette nuit qui avait semblé si magique pour eux mais qui pourrait être synonyme de pleins de choses. Il avait dès lors envoyé une missive à l’attention de l’Ondalienne, lui dictant de ne révéler cette étreinte entre eux à personne. Elle avait accepté, heureusement pour lui… Mais malheureusement, il avait découvert aussi qu’elle en était tombée enceinte, ce qui compliquait encore plus la situation. Lui, Héraut de Phoebia, allait avoir une progéniture illégitime… Il savait mieux que quiconque que cela était mal vu dans la Société Eradrine, par conséquent dès la naissance de l’enfant, il avait décidé avec sa compagne de le placer entre de bonnes mains. Arlin, Fils du Héraut des Eradrins et de la Conseillère des Ondaliens vivait depuis ce jour là avec des Ethérés qui connaissaient bien le jeune Eradrin et qui avait aussitôt accepté de prendre soin du petit garçon. Jathel avait peur que ce fils, bien que non voulu, se fasse capturer par n’importe qui et encore moins par des Bannis… Après un commun accord, les deux parents voyaient leur fils une fois par mois… Le jeune Héraut aurait-il des attachements envers son fils ? Si non, pourquoi daignerait-il à venir le voir tous les mois en dehors de sa chère contrée ?

Ce jour-là le jeune Suzerain était arrivé plus tôt que prévu et il attendait impatiemment l’arrivée d’Alenor. Quand il pensait à l’Ondalienne, l’Eradrin ne savait que penser car leurs rapports quand ils se voyaient demeuraient assez tendus, cependant le fait d’avoir cet enfant ensemble leur permettait également de partager des secrets. Ils étaient à la fois très intimes et distants… Néanmoins, Jathel ne pourrait oublier qu’ils avaient échangé tant de choses et donc le fruit était : « un Enfant illégitime » mais qui était sans aucun doute l’enfant le plus important du Monde car c’était l’Union de Deux Nations... Il attendait à deux lieues de la maisonnette où était caché son fils. Cela faisait des heures qu’il était déjà arrivé au lieu de rendez-vous, non pas qu’il souhaitait voir à ce point son fils mais parce qu’il ne voulait point être suivi comme avant. C’était sur le chemin qu’il s’était rappelé qu’aujourd’hui était important car c’était la célébration du premier cycle de cet enfant qui pourrait lui coûter son titre de Héraut. Il est vrai qui si jamais cela se saurait, beaucoup des Chefs de Communauté jugeraient cet acte de « Trahison », ce qui avait obligé le jeune Eradrin de cacher cette progéniture non voulue.

Fin du Flash Back

Pendant qu’il pensait à tout cela, il ne remarqua point qu’Alenor venait d’arriver. C’était son bonjour glacial qui ramena Jathel à la réalité. Dissimulant son léger trouble, il toussota nerveusement tandis qu’elle lui parlait. Elle continuait à employer le vouvoiement, ce qui était normal du fait du rang élevé de Jathel, cependant celui-ci jugeait que cela devenait de moins en moins utile donc il la regarda droit dans les yeux et dit d’une voix légèrement froide :

« Bonjour, Conseillère. Tout d’abord, je souhaiterai que tu emploies dorénavant le tutoiement avec moi. Il est vrai que je possède un rang supérieur au tien, mais tu sais aussi bien que moi que nous avons tous les deux une chose en commun et pour celle-ci… » Il s’interrompit la regardant droit dans les yeux, puis reprit de cette même voix froidement douce : « Ou plutôt pour… Utilisons les termes… Notre fils, il serait mieux que nous employions dorénavant le tutoiement. Mais sache que je ne te force point à le faire. »

Jathel détourna son regard de la jeune Ondalienne pour se poser sur la plaine qui s’étendait devant eux, puis il inspira longuement avant de reporter son regard rougeâtre sur elle et reprit d’une voix calme :

« Je pense qu’il est temps que nous allions à la maison. »

Elle avait acquiescé et ensemble, ils se dirigèrent vers leur enfant qui les attendait. Ils mirent une petite heure pour atteindre la maison des Ethérés auxquels ils avaient confié leur enfant. Pendant leur progression, c’était à peine s’ils s’étaient adressés la parole, par conséquent Jathel avait jugé bon de surveiller alentour afin d’être sur de ne pas avoir été suivi. Lorsqu’ils furent finalement en vue de la maisonnette en bois, ils constatèrent que les Ethérés les attendaient tranquillement devant l’embrasure de leur porte, Jathel regarda rapidement Alenor puis après ce bref échange sans mots, ils allèrent rejoindre la famille d’Ethérés. Le père du nom Olenrar Pelboril s’approcha d’eux et s’inclina légèrement en prononçant d’un ton respectueux :

« Bonjour mon Seigneur et ma Dame, je suis bien aise de vous revoir ici en ce temps magnifique. Votre fils vous attend à l’intérieur si vous souhaitez le voir de suite. »

Le Héraut lui fit signe de se relever et répondit d’un ton calme mais trahissant toujours autant sa froideur légendaire :

« Bonjour, ami. Je ne puis dire si je suis bien aise, néanmoins, je suis heureux de constater que vous vous portez bien ainsi que votre femme. Quant à voir notre fils, je pense que cette décision doit être prise par la mère, qu’en dis-tu Alenor ? » Il se tourna vers elle attendant patiemment la réponse…

Conseillère Messages : 47 Points XP : 68

Elle l’écoutait masquant difficilement son agacement lorsqu’il lui demanda de le tutoyer. Il allait être servi, jamais elle lui ferait ce plaisir. Le mot « fils » fut de trop, non ce n’était pas son fils. Elle lui en voulait particulièrement, alors qu’elle était aussi fautive que lui. Il lui avait imposé d’une certaine manière de revivre à travers cet enfant sa propre enfance. Et chaque mois elle souffrait un peu plus. Lui recevait déjà plus d’amour qu’elle à son âge mais tout ceci était impossible à vivre pour la Conseillère. Elle aurait aimé changer le cours des choses, empêcher tout ceci. Qu’elle avait été sotte ! Stupide, encore une fois l’attirance était une bêtise dans sa vie. Elle avait la continuelle impression de ne rien maitriser dans cette partie de sa vie.

- Jathel, je ne vous tutoyai jamais. Je vous dois le respect et il est assez entaché comme cela. N’en rajoutons pas s’il vous plait. Cette situation est assez difficile comme ça. Et ce n’est plus notre fils, nous l’avons laissé, on ne peut plus prétendre être ses parents. Il est l’enfant de vos amis, et ne sera jamais plus pour moi.

Sa voix avait été dure, presque sèche tant elle était mal. Elle ne savait pas combien de temps tout ce cirque allait durer, mais un enfant c'était pour une vie entière. Combien de vie gâchait-il suite à un accident ? Beaucoup trop à son gout… La marche fut pesante, elle ne voulait pas parler, seulement avancée pour en finir au plus vite comme chaque mois. Une heure après, ils arrivèrent enfin et furent accueilli par le père de famille.

- Bonjour Olenrar, s’il vous plait ce n’est plus notre fils, arrêtons ce petit manège, c’est le votre ! J’espère ne plus avoir à vous reprendre là-dessus.

Toujours aussi glaciale, elle le salua néanmoins d’un furtif geste avec sa tête. Elle le respectait et lui était reconnaissante de lui permettre de ne pas devoir subir l'éducation de ce garçon. Elle lança un regard plein de reproche à Jathel quand il la désigna comme la mère, le faisait-il exprès au final ? Elle n’allait pas garder son calme bien longtemps, et si elle éclatait, le mieux était de s’éloigner.

- Allons y que tout ceci se finisse rapidement, je ne veux pas m’attarder trop longtemps.

Elle poussa la porte de la maison et remarqua aussitôt le berceau où se trouvait le petit garçon. S’approchant de lui elle vu qu’il respirait le calme et la sagesse, comme si toute la situation lui échappait. C’était d’ailleurs le cas. Elle garda tout de même une distance respectable, elle ne voulait pas l’approcher, cet enfant représentait bien trop de souffrance. Pourquoi s’infligeait-elle ça chaque mois ? Alenor n’avait toujours pas la réponse ou alors elle voulait l’enfuir au plus profond d’elle-même. Soudain elle fut prise de nausées, toute cette histoire la contrariait beaucoup trop. Devenant encore plus pâle qu’elle ne l’était déjà, elle tira une chaise et s’assit. Olenrar lui proposa rapidement une infusion mais elle refusa bien trop nouée pour avaler quoique ce soit. Elle aurait voulu partir dès maintenant mais quelque chose l’en empêchait. Elle observa Jathel, lui aussi ne semblait pas plus à l’aise qu’elle. Soudain elle se leva, faisant sursauter l’Ethéré près d’elle.

- Je vais prendre l’air, je ne me sens pas au mieux. Jathel, je ne veux pas trop m’attarder ici, dites moi dès que vous être près à partir.

Elle savait qu’ils venaient d’arriver mais tout ceci la rendait malade, au point que son corps parlait pour elle. En effet à peine sortit, elle alla vomir derrière un bosquet d’arbres.

Invité

Jathel comprenait parfaitement la raison pour laquelle elle était tant sur la défensive, la rendant à ce point glaciale. Il ne pouvait la blâmer car c’était en partie sa faute à lui, si elle était tombée enceinte. Plus il y pensait, plus il s’en voulait d’avoir autant de succès auprès des femmes. Néanmoins, il se demandait maintenant si ce qu’il ressentait envers la Conseillère des Ondaliens était réellement de l’attirance. Il en doutait mais il se refusait d’écouter ce que sa raison lui dictait de faire. Pour l’heure, il avait des préoccupations qui lui étaient bien plus importantes que cette mauvaise pensée. Sinon, le jeune Eradrin n’avait point été surpris de la réponse qu’elle avait donnée à Olenrar lorsqu’il avait suggéré à celui-ci de demander à la mère s’ils souhaitaient voir l’enfant dès leur arrivée. Le vieil Ethéré semblait très choqué de la dureté de la voix d’Alenor, néanmoins Jathel l’avait rassuré d’un simple hochement de tête et c’était dans cette ambiance qu’ils étaient entrés à l’intérieur de la maison. Le Héraut la connaissait par cœur dorénavant, et ce depuis des années, ces bons Ethérés lui avaient tant donné lorsqu’il était en exil qu’il avait gardé contact avec eux. Il se disait, sans l’ombre d’un sourire, que son fils était bien protégé en ces lieux. Néanmoins, malgré sa confiance absolue en ses amis, il avait tout de même placé des protections autour de l’enfant et de la maison. Celle-ci était désormais introuvable pour les personnes n’ayant nulle connaissance de son existence…

Dès lors qu’ils pénétrèrent dans la pièce où était installé le berceau de l’enfant, Jathel ressentit un drôle de pincement au cœur comme si son corps était attiré par la chair de sa chair. Il avait abandonné son fils, se répétait-il tout en avançant vers celui-ci, il n’était plus à lui… Pourquoi était-il toujours dans cet état lorsqu’il venait voir ce gamin qu’il ne voulait point pourtant… Il n’osait même pas le toucher, préférant se mettre légèrement en retrait pour admirer ses traits : c’était un bel enfant, assez grand pour son âge mais quoi de plus normal vu que c’était le fils d’un Eradrin. Jathel remarqua que son fils lui ressemblait beaucoup mais qu’il avait les joues d’Alenor… Cette découverte le frappa tandis qu’il se tournait lentement vers celle-ci. Il constata qu’elle était encore moins à l’aise que lui, par conséquent dans sa tête, il se promit qu’il était grand temps d’arrêter ce petit manège. Ni l’un ni l’autre ne souhaitait garder cet enfant dans son cœur donc il ne servait à rien de venir le voir tous les mois, cependant une force étrange et inconnue les empêchait de l’oublier. Jathel détourna son regard lorsqu’elle rencontra le sien. Il reporta son attention sur l’enfant mais il ne parvint point à chasser la jeune Ondalienne de ses pensées et l’image de celle-ci se superposa sur celle de l’enfant… « Non, arrête de te torturer ! » s’énerva-t-il intérieurement car ses pensées commençaient à être incontrôlables et tout le monde savait qu’il ne pouvait point supporter la perte du contrôle de soi-même… Il inspira plusieurs fois, longuement puis il détourna à nouveau son regard du bébé pour le ramener sur Alenor qui devint très pâle et sortit à l’extérieur de la maison rapidement. Elle lui avait demandé de partir maintenant, ce qui n’avait point surpris l’Eradrin qui regarda Olenrar dans les yeux et lui dit d’une voix morne :

« Navré pour cela, mon ami. Je vais de ce pas lui toucher deux mots et je pense que dès lors, nous reviendrons pour vous faire nos adieux »

Le vieil Ethéré comprenait parfaitement le jeune Héraut et lui répondit d’une voix respectueuse :

« N’ayez nulle crainte, Mon Seigneur ! Je vous attendrai avec l’espoir que vous ne laissiez à jamais votre enfant. Car même si je serai ravi de m’en occuper pour toujours, je ne puis l’éduquer comme un Ethéré. Cet enfant est mêlé… » Il ne put terminer sa phrase car Jathel ne l’écoutait plus et s’était avancé vers le berceau. Olenrar le regardait avec stupeur, ne comprenant point ce que le jeune Héraut était en train de faire. Celui-ci s’était penché et regardait l’enfant avec une admiration étrange. Celui-ci dormait paisiblement et voguait dans le pays de l’insouciance, n’imaginant point les débâcles connus par ses géniteurs. Jathel inspira longuement puis tout en continuant à se pencher, dit d’une voix pleine d’autorité :

« Arlin, malgré tout ce qu’il se passe, tu restes le fils du Héraut de Phoebia et en tant que tel, je vivrais à travers toi comme toi à travers moi. Je verrais le monde à travers tes yeux comme toi tu verra le monde à travers les miens. Toute ma force sera la tienne… Le père deviendra le Fils et le Fils deviendra le père »

Il s’interrompit, puis reprit après quelques secondes de mutisme et tout en posant sa main sur son front :

« Reçois ce don… » Une lueur dorée apparut autour de sa main et du front de l’enfant, qui ne se réveilla point. Cette lueur dorée resta quelques minutes puis lorsqu’il eut terminé, il recula légèrement et refit face à Olenrar qui ne comprenait toujours point ce qu’il venait de se passer. Jathel le regarda d’un air hautain puis il sortit à l’extérieur rejoindre la jeune Ondalienne qui semblait toujours aussi mal en point. Il demanda d’une voix perdant peu à peu sa froideur légendaire :

« Comment te sens-tu ? » Attendant à peine la réponse, il reprit tout en faisant les cent pas : « Alenor, l’enfant est d’une importance capitale pour la Sécurité de l’Equilibre des Quatre… Et encore pire dorénavant… La Guerre est proche »

Il ne comprenait point ce qu’il faisait en disant cela… Etait-il en train de la convaincre de changer d’avis vis-à-vis de l’enfant ? Telle était la question…