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 Pas d'aumône, seulement les affaires.

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MessageSujet: Pas d'aumône, seulement les affaires.   Pas d'aumône, seulement les affaires. EmptyJeu 19 Avr - 17:00

Elle fixait ce qui se passait à travers la fenêtre de sa chambre. Puis elle entendit une servante entrer pour lui apporter quelques affaires. Elle la remercia et la fit prendre congé. Puis elle quitta sa fenêtre pour s'avancer vers sa coiffeuse. Elle enroula ses cheveux roux autour de sa main pour former un chignon, lui donnant un air plus sévère que d'habitude. Elle n'avait pas choisi cette coiffure par hasard. Car en ce début d'après-midi, elle allait devoir paraître intransigeante.

En effet, elle avait rendez-vous avec le Chef de la Milice, Edwind Haylon. Elle ne l'avait rencontré que de loin, dans quelques mondanités ou dans ses patrouilles. Et aujourd'hui, elle devrait le rencontrer en personne. Lorsqu'elle apprenait que de nouvelles affaires allaient ouvrir dans la capitale, Elenia était toujours au premier rang. Il était de son devoir de contrôler l'économie, et de juger si ces affaires seraient favorables au commerce, elle devait aussi contrôler la corruption : en théorie.

Les raisons plus officieuses, étaient qu'elle avait comme projet d'en tirer des profits, faire tomber quelque or dans ses poches. Comme elle aimait le dire, valait mieux en avoir trop que pas assez. Elle se prépara donc, emmenant avec elle une bourse en cas de dernier moyen pour le convaincre, et mettant sa belle cape de velours rouge, avec une capuche ample, c'était à la dernière mode ces temps-ci. Ce serait aussi peut-être un moyen de montrer sa richesse, et d'intimider Puis elle sortit de chez elle, et fut escortée par deux hommes qui lui servaient d'hommes de main. Des sortes de garde du corps qu'elle ne quittait jamais, car en faisant ce travail, elle s'attirait souvent les foudres de certaines personnes, qui n'étaient pas d'accord avec ses décisions. Elle marchait alors d'un pas déterminé jusqu'au centre même de la capitale.

Elle aperçut alors au loin la bâtisse. Grande et complètement close, ce qui lui valait le fameux nom de maison close. Ce nom qui faisait trembler les personnes les plus vertueuses, les plus prudes, et qui faisaient accourir les plus débauchés et les plus désespérés. Elenia se considérait dans la première catégorie, à quelques détails près. Elle arriva alors face à cette porte, et observa autour d'elle. Elle avait fait le choix d'arriver en pleine journée, pour ne pas être confondue avec les clients du soir, ou bien être contraintes à quelques spectacles dont les prostituées étaient si douées.

Elle cogna le loquet de la porte, lorsqu'une petite trappe grillagée s'ouvrit dans le haut de la porte pour laisser découvrir deux yeux ronds et marrons. Elle lui demanda qui elle était, et l'ondalienne en fut presque offusquée. Comment ne pouvait-elle pas connaître l'Intendante de tout Ekëstrim ? Elle soupira et alors déclina son identité. Les yeux s'écarquillèrent, et la grille se ferma. Après quelques cliquetis de la porte, celle-ci s'ouvrir dans un bruit lourd et grinçant. Elle se tourna vers ses hommes de main, et leur fit un signe de main pour qu'ils la suivent.

Le contraste entre la lumière et l'obscurité de l'établissement fut si marquante qu'elle s'en frotta les yeux. Elle releva la tête, et observa le hall un instant. Il empestait le parfum et la poudre. Elle avait l'impression de sentir la salissure qui émanait des murs. En effet, cet endroit avait tous les critères d'un bordel. La réceptionniste prit son manteau, et alors elle l'amena jusqu'au bureau. Elle ne cessa d'observer les lieux jusqu'à son arrivée à la porte du bureau du gérant.

Quand elle entra, elle trouva Sir Haylon assis à son bureau, tandis que la réceptionniste annonçait son arrivée. Elle avait beaucoup de questions à lui poser, et peut-être ne se rendait-il pas compte qu'Elenia n'avait qu'à faire un rapport défavorable à ce commerce, pour le faire fermer. Cette solution de chantage serait aussi un argument convaincant, elle l'espérait. Elle le fixa d'un air impassible et autoritaire, en se demandant s'il allait au moins prendre la peine de se lever pour la saluer.
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MessageSujet: Re: Pas d'aumône, seulement les affaires.   Pas d'aumône, seulement les affaires. EmptyJeu 19 Avr - 18:33

Y avait-il meilleure situation que celle d'un Chef de la Milice tenancier de bordel ? L'argent et le pouvoir coulant à foison. Edwind se plaisait à penser à sa situation, peut-être ne s'était-il pas fait tout seul mais il serait injuste de dire qu'il n'avait pas travaillé pour avoir ce qu'il a aujourd'hui. La vie sur les îles n'était-elle pas pleine de danger ? On ne pouvait se fier à personne tant tous étaient prêt à tout pour posséder vos biens. Prêt à tout. Il aimait ses mots, car il n'aimait pas les limites, son pouvoir devait grandir, inéluctablement.

Assis sur son fauteuil tel un roi des temps anciens, disposant comme il le voulait de ses gens (miliciens ou catins, parfois même hommes de pouvoirs) et regardant les papiers disposés dans son bureau richement garnis, il s’intéressa à un rapport formulé par un de ses informateurs. Des contrebandiers s’apprêtaient à faire entrer une cargaison de vin sur l'île, passant outre la taxation imposées par le palais. Peut-être était-ce la raison qui avait poussé l’intendante à prendre rendez-vous avec lui. Après tout s'était le genre d'affaires qui la regardait, elle qui avait la réputation d'être intransigeante sur les lois économiques (bien que lui même savait qu'elle ne refusait pas un compromis avantageux), peut-être avait-elle besoin d'un soutient de la Milice ? Après tout, c'était la seule institution qui avait les compétences pour faire régner l'ordre. Mais ce n'était peut-être pas la raison de sa venue et si c'était le cas, Edwind ne l'en tiendrait informée que si il le juge nécessaire.

On disait bien des choses à propos d'Elenia Tannir et la plupart de ce qu'on pouvait entendre n'était pas élogieux, bien des fois il l'avait entendue se faire appeler « la garce ». Edwind ne savait pas vraiment quoi penser, la cupidité n'était pas vraiment un défaut et il aimait les gens qui savaient se montrer assez pragmatique pour comprendre qu'il valait mieux un bon arrangement qu'un mauvais procès. Aussi attendait-il de voir avant de faire des suppositions, peut-être la surprise serait agréable, dans le cas contraire il serait toujours temps de prendre des mesures. Il était Chef de la Milice, aussi n'avait-il rien à craindre d'une intendante, la plupart des gens le traitait d'ailleurs avec la plus grande révérence. Bref, il ne restait plus qu'à attendre l’intéressée.
Il profita de sa brève solitude pour dépêcher un messager vers la caserne de la Milice, afin de demander un renforcement de la garde dans le quartier du sud, qui était en proie à un groupe de voleurs. Il demanda aussi à quelques hommes de confiance de surveiller les quais -juste de la surveillance discrète, pas d'arrestations- au cas où il y aurait des nouvelles de cette affaire de contrebande.

Enfin, on lui dit qu'Elenia Tannir était arrivée et qu'elle demandait à le voir, il accepta et on la fit entrer. Il avait déjà vu cette femme, a l'air assez sévère avec son chignon de cheveux roux, vêtue des dernières fantaisies à la mode. Sévère et bourgeoise mais somme-toute assez belle. Elle regardait à présent Edwind avec un air autoritaire, croyant sans doute qu'il était sous son autorité. Mais Edwind était un homme qui avait des manières. Il se leva, s’avança vers Elenia.


-Madame, dit-il en s'inclinant pour lui baiser la main.

Il retourna s’asseoir, et invita l'Intendante à en faire de même.

-Que me vaut le plaisir de votre visite ?
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MessageSujet: Re: Pas d'aumône, seulement les affaires.   Pas d'aumône, seulement les affaires. EmptyVen 20 Avr - 16:25

Lorsqu'il posa ses lèvres sur sa main, elle ne put s'empêcher d'avoir un mouvement de recul. Même si elle était veuve à présent, elle ne voulait pas oublier son défunt époux. Certes était-ce dans les manières de courtoisie, mais Elenia aurait pu se contenter d'une simple révérence. Elle n'était pas là pour se faire courtiser, loin de là. Il se réinstalla alors, et suivit du regard sa main, assez méfiante. Elle observa le siège quelques instants, et regarda derrière elle pour voir si la porte était bien fermée. Elle cala tous le tissus de sa robe jusqu'à ses genoux, et s'assit en face d'Edwind. Il n'y passa pas par quatre chemin, et lui demanda directement l'objet de sa venue.

Si lui semblait presser, l'ondalienne, elle, ne le semblait guère. Elle prit tout son temps pour répondre. Tout d'abord elle observa la pièce dans son ensemble, le dos droit et l'air presque hautain. Elle avait un regard autoritaire et suspicieux, montrant à son interlocuteur qu'elle n'était pas à l'aise dans cet endroit malsain. Elle se disait que si celui-ci avait ouvert un tel établissement, c'est que lui-même devait avoir une morale assez douteuse. Néanmoins, on ne pouvait pas lui reprocher son manque de goût pour la décoration et la richesse des lieux. En tout cas, ce lieu serait bon pour les affaires, et s'il était bon pour les affaires, Elenia pouvait bien passer outre les vertus et les traditions chevaleresques de l'amour.

Elle tourna enfin la tête vers vers le chef de la milice, et commença son petit discours avec un ton très froid et détaché, comme elle l'avait l'habitude d'avoir quand elle s'adressait à quelqu'un dans le cadre de sa profession :


Bien, comme vous le savez, je suis l'Intendante. Ainsi, je suis chargée du commerce dans tout Ekëstrim. Votre établissement étant considéré comme un commerce, je vais devoir m'assurer que cette affaire ne sera pas en défaveur de la prospérité de la cité des eaux.

Ce qu'elle ne disait pas, c'est qu'elle doutait fort que ce soit le cas. Elle continua, cherchant cette fois-ci ses mots pour ne pas prononcer une seule fois le mot de maison close ou de bordel. Même si l'Extase n'avait aucun tabous, Elenia en avait.

Votre...bâtisse est quelque peu différente des autres commerces, puisqu'il s'agit de l'exploitation d'Hommes, enfin de femmes en l'occurrence. Donc je serai extrêmement sévère sur n'importe quelle violation des lois d'Ekëstrim. Sachez que si votre établissement n'est pas encore avec mes conditions, et celles aussi de la Souveraine, je n'hésiterai pas à le faire fermer, avec ou sans votre accord. Je ne veux pas que votre commerce nuise à la réputation des Ondaliens.

Elle était déterminée dans ses mots, dans ses expressions et ses gestes. Elle voulait tout d'abord le mettre en garde sur ce qu'il attendait, car une maison close était tout nouveau dans la capitale, et il devrait être à la hauteur des idéaux de la cité. Déjà la décoration plaçait la barre haute, mais elle ne jugeait pas que par les apparences. Elle avait l'intention de faire un contrôle régulier à l'Extase, pour voir si tout était respecté. Ce n'était pas par pure bonté envers les prostituées et par amour des droits des Ondaliennes, non. Elle voulait juste qu'aucune rumeurs ne soient répandues dans le royaume et en dehors des frontières aussi, car le tourisme était toujours de rigueur, malgré les tensions entre les peuples. Elle avait aussi expliqué qu'elle avait le bras long, mais ne sous-estimait pas non plus Sir Haylon. S'il avait construit un tel endroit, c'est qu'il en avait les moyens, autant financier que stratégique. Il marquait alors un point dans l'estime de l'Intendante, qui n'osait pas s'avouer l'admiration de son talent pour les affaires. Elle le fixa, et avant même qu'il ne réponde elle reprit :

Bien, je vais procéder à une longue liste de questions pour m'assurer que tout est en règle. Avant cela, avez-vous quelque chose à ajouter ?

Elle espérait que non. De naturel intransigeante et bornée, elle n'apprécierait pas qu'il aille à l'encontre de son autorité. Même s'il était chef de la milice, cela ne lui donnait aucun droits sur l'économie. C'était elle qui en avait.
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MessageSujet: Re: Pas d'aumône, seulement les affaires.   Pas d'aumône, seulement les affaires. EmptySam 21 Avr - 1:40

Voilà qui semblait être clair : Elenia était une femme de haut standing qui n’appréciait pas certains usages aussi courant que le baise-main. Elle ne devait pas être souvent à l'aise dans ce cas, pensa Edwind. Il s'abstint de toute expressions de surprise car peut-être n'était-il pas si surprit que ça. Il avait un minimum d'informations sur chaque membres important de la communauté d'Ekestrim et il savait qu'à ce niveau, l'Intendante se montrait particulièrement froide, il ne s'attendait certes pas à ce qu'elle le soit autant, mais de toute évidence, elle l'était. Soit, si cela devait lever tous les rituels de ce genre, qu'il en soit ainsi, ce n'est pas Edwind qui irait s'en plaindre.
Il remarqua cependant le bref regard en arrière qu'elle fit. S'assurait-elle que la porte était bel et bien fermée ? Allait-elle tenir des propos qu'elle voulait tenir à l’abri des oreilles qui auraient appartenu à une autre personne que celles de son hôte (car oui, l'intendante n'ayant donné aucun but officiel à sa visite, elle était son invitée) ? Pas de suppositions hâtives, on finira bien par le savoir mais cela n’empêchait pas de se tenir prêt.

Avant de s'asseoir, elle dut d'abord repositionner sa robe et Edwind du se retenir de sourire. Ces femmes sophistiquée s'attifaient toujours de vêtements aussi complexes que les compositions florales présentes au palais et possédant une multitude de couches, aussi dirait-on que la mode se résume à balader avec assez de tissus pour en ouvrir un stand. Une fois la robe remise en place, elle put s'asseoir et même si elle avait entendu la question du Chef de la Milice, elle le snoba un instant dans l'intention flagrante de montrer qu'elle était maître du temps qu'on lui accordait. Soit, lui même n'étant pas spécialement à la bourre, autant lui donner satisfaction. Il la regarda donc en souriant sympathiquement, quoique ce sourire aurait très bien pu se muer en rictus sarcastique tant la dame assise en face de lui se donnait du mal pour lui faire comprendre qu'elle n'aimait être dans ce genre d'endroit ; ce qui était tout sauf nécessaire car l'étiquette de la puritaine lui collait au front comme la vérole sur un libertin.

Enfin, elle se décidait à se tourner vers lui et à lui adresser la parole, sur un ton plus que rare dans un endroit comme celui-ci. Les gens d'ici étaient jovial, là il se tenait face à un bloc de glace.
Elle lui parla sans jamais faire allusion a la fonction des lieux, en se prenant pour une sorte d'inquisitrice, ne tenant aucun compte du poste qu'occupait son auditeur. Elle semblait oublier à qui elle s'adressait mais il ne dit rien, afin de ne pas tout de suite froisser l'intendante. Il se contenta de hausser les sourcils en souriant, toujours enclin à la laisser jouer son jeu. Elle semblait craindre que la réputation des îles aurait à pâtir de la présence d'un bordel... Il y en avait partout pourtant et aucuns aussi propres et luxueux que l'Extase.
Quand elle eu finit son exposé, elle demanda si il avait des questions, des questions, non, mais des remarques, il en avait plein la musette. Alors il la regarda et enfin, usa de son don pour la parole avec un ton qui se voulait franc et direct, sans être froid ou méprisant.


-Je n'ai pas de questions, je tiens juste à éclairer quelques faits : Je ne suis pas un simple tenancier de taverne, je suis aussi responsable de la Milice, à ce titre je connais la totalité des lois en vigueur et je me charge tous les jours de les faire respecter. Je peux donc déjà vous assurer -et je suis sur que vous n'en doutez pas- qu'aucune lois n'est violée dans mon établissement.

Il marqua une petite pose, juste histoire de montrer que lui aussi disposait de son temps comme il l'entendait. Il espérait que l'Intendante comprenait qu'elle n'avait pas la moindre chance de l'intimider, si la Souveraine l'écoutait pour ce qui touche à l'économie, lui était entendu pour la sécurité et l'ordre d'Ekestrim. Il reprit la parole après quelques secondes, toujours sur le même ton :

-Je vous assure également que la réputation de notre peuple n'aura pas à en souffrir, j'ai beaucoup voyagé et j'ai vu de vrais cloaques pour chiens galeux. Ici, nous n'acceptons que les gens « comme il faut », de tous horizons. Quand la délégation d'un autre peuple passe, leurs représentants sont content de trouver une maison aussi bien tenue.
Quel est la réelle différence entre mon affaire et une autre ? Un boulanger vend du pain, moi, je vends du plaisir et je le vends bien. A la seule différence que le boulanger n'apprend rien de ses clients car outre l'argent (qui est sans doute le plaisir que j'apporte aux caisses de l'état -et à mes poches, nous sommes des gens raisonnables, inutile de vous cacher l'évidence), mon affaire est l'une de mes sources d'informations et dans ma branche comme pour l'Etat, c'est important. Voilà, ces quelques points éclaircis, je m'en remets à vos questions.

Il souriait toujours respectueusement à Elenia, car il préférait rester aimable. De toute façons qu'avait-il à lui reprocher ? Ils avaient le même but.
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MessageSujet: Re: Pas d'aumône, seulement les affaires.   Pas d'aumône, seulement les affaires. EmptyDim 22 Avr - 16:38

Elenia n'aimait pas cette assurance, cette sorte d'arrogance même, que Edwind faisait pressentir. Elle l'écoutait en silence. Mais si elle ne disait rien, elle n'en pensait pas moins. Ses idées et ses réflexions se mêlaient et s'entrechoquaient dans les abysses de sa pensée. Elle fut un moment si absorbée par ce qu'elle pensait de lui, qu'elle put en paraître déconcentrée face à son interlocteur. Mais ce n'était qu'en apparence. Il était doué, mais menteur. S'il disait qu'il assurait le respect de toutes les lois, elle ne pouvait s'empêcher à la légende de ces miliciens et gardes corrompus. Peut-être aurait-il dû rajouter, qu'il assurait le respect de toutes SES lois. Mais il ne fallait rien dire à découvert, car là n'était pas la subtilité d'un ondalien.

Elle fronça les sourcils quand il se compara à un boulanger. Vendre du pain, matière inerte mais certes nourrissante, n'était en rien comparable à une prostituée, qui était une femme ayant des sentiments, quoique peu honorables. Il ne voyait que le bien des clients, et pas ceux de ses employées. Malgré cela, elle ne lui faisait aucun reproches, car elle avait en tête de tirer quelques profit de son...pain. Tout semblait à son avantage. Elle restait à toucher des bénéfices sans être directement liée à cet établissement. Sa réputation n'en ternissait pas, et son porte-monnaie non plus, quoi de mieux ? La source d'informations était aussi une idée ingénieuse, car raison de la faiblesse des hommes dans leur jouissance, il n'y avait pas de doutes que cette technique soit infaillible.

A la fin de son plaidoyer, puisse-t-on utiliser ce terme, le visage d'Elenia semblait moins fermé, et plus intéressé. Mais pas encore de sourire ne s'affichait. Cela ne tarderait pas dans la suite de la conversation des plus croustillante. Elle se contenta alors d'un simple hochement de tête, et décroisa les jambes en se réinstallant dans son siège, et commença alors :


Bien. Vos arguments se valent. Mais je dois tout de même imposer une ou deux conditions, ainsi que plusieurs questions pour mon rapport à la Souveraine. Faisons tous deux notre travail bien et vite, et peut-être pourrons nous parler moins...convenablement.

A ces derniers mots, elle esquissa un léger sourire, et très ambiguë, faisant penser sans nul doute à ses intentions d'enrichissement personnel. Elle serra les poings et les desserra pour commencer, sans attendre la réponse du chef de la milice :

Enfin, ne tournons plus autour du pot. Donc, j'aimerais savoir, par rapport à vos prostituées, si elles seront toutes ondaliennes. Ensuite, à quel tarif estimez-vous une nuit avec elle, et s'il varie selon les femmes. Il me faudra un rapport détaillé sur chaque femme que vous emploierez. Il faudra aussi qu'elles le fassent de leur plein gré,en signant un contrat avec vous. Enfin, je ne pense pas qu'il y aura un mal à utiliser la force pour une femme devant payer des dettes trop lourdes qu'elle ne peut plus régler.

Il me faut savoir aussi quel sera leur temps de travail, par exemple auront-elles des jours de repos ? A quelle heure votre établissement ouvrira, et à quelle heure fermera-t-il. Quelle limite d'âge assurez-vous au minimum, et au maximum. Aurez-vous, ou avez-vous déjà, des associés ? Si c'est le cas, donnez-moi leurs noms.

Pour finir, il me faudra tous les mois une liste détaillée de vos recettes et de vos dépenses, simplement à titre d'informations.


En effet, tout cela pouvait paraître contraignant et lourd. Mais toutes ses conditions étaient facilement contournables. Elle se voyait déjà falsifier des documents, contre une somme d'argent considérable. Mais il ne fallait pas brûler les étapes. Il fallait d'abord passer par la légalité. Comme on dit, il faut toujours une infime dose de mensonge, étouffée dans une vérité inébranlable. Le poids de l'or ne valait pas toute la justice et la vérité du monde. En tout cas, c'était l'idée de l'ondalienne. Si elle était vertueuse vis-à-vis de la luxure et de la débauche, elle l'était beaucoup moins sur la question de la richesse. Et elle ne doutait pas de ce point en commun avec Sir Haylon.
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MessageSujet: Re: Pas d'aumône, seulement les affaires.   Pas d'aumône, seulement les affaires. EmptyDim 22 Avr - 20:29

Les réactions de l'Intendante étaient la meilleure jauge d'estime qu'elle accordait au Chef de la Milice, elle paressait ne pas accorder le moindre crédit à ses paroles, allant même jusqu'à froncer les sourcils quand il se compara à un boulanger. Où était vraiment la différence ? Un commerce est un commerce, même si il nécessite de vendre les bienfaits de la chair. Il ne vendait que cela, pas des êtres, il n'était pas marchand d'esclaves.

Il semblait toutefois avoir marqué quelques points, sans doute en parlant des bénéfices à tirer de son affaires car il savait que c'était le point sensible d'Elania, qui avait la réputation de pouvoir trouver une aiguille dans une botte de foin à condition que l'aiguille soit faites d'or, et c'était sans doute un trait de personnalité que les deux ondaliens partageaient. Elle semblait en proie à une profonde réflexion et Edwind pouvait presque voir la balance qu'elle devait avoir en tête, celle qui comparait le poids des bénéfices et de ses réticences de femme noble. Si il arrivait à remplir le premier plateau, tout serait gagné, et il s'en rapprochait car l'Intendante avait l'air moins fermée qu'au départ, quand elle reprit la parole, son ton avait changé.
L'oppinion d'Edwind changeait, il la trouvait moins agaçante que quelques minutes avant, même si on ne pouvait pas dire que leurs rapports étaient cordiaux. Mais peut-être cela allait-il changer ? Après tout, elle avait vivement sous-entendu que leur conversation pourrait devenir moins formelles par la suite, sans doute quand le Chef de la Milice lui parlerait des avantages qu'elle aurait à ne pas trop tenir compte des rares irrégularités qu'elle pourrait découvrir (si par exemple elle soulevait le fait que quelques clients qui étaient de farouches opposants à la politique d'Edwind se soient rangé de son côté après quelques visites dans son établissement).

Il lui prit sans doute l'envie de faire une pause où, miracle, elle se décidait enfin à sourire, jusque là Edwind se demandait si son invitée possédait une dentition. Il lui rendit un sourire entendu et profita de sa pause pour sortir une bouteille de bon vin coûteux de son bureau, bien sur il n'allait pas se servir tout de suite, sachant qu'elle ne lui laisserait pas encore le temps de lui proposer un verre, mais la bouteille représentait les accords qu'il était prêt à passer avec Elania si celle-ci se montrait raisonnable. Si a la fin de l'entretient ils trinquaient, cela signifierait le début de rapports mutuellement profitables.
Comme il s'y était attendu, elle reprit la parole et Edwind l'écouta en la fixant dans les yeux avec un air sérieux, afin de montrer qu'il était attentif. Elle agissait comme si l'Extase devait ouvrir le lendemain, alors qu'il y avait déjà 3 mois que l'établissement offrait ses services, sans doute considérait-elle qu'aucun commerce n'est officiellement ouvert sans qu'elle s'y soit rendue. Elle parlait de temps de travail, de repos, de force à utiliser sur des filles pour qui les dettes seraient aussi gênantes qu'un ver solitaire.

Edwind se cala dans son siège, il ne pu garder un sourire qui se voulait bienveillant (il avait maintenant la preuve qu'elle n'avait pas la moindre expérience dans ce genre de domaine, elle était même un peu naïve). Enfin, il prit la parole :


-Pour commencer, non, mes « employées » -il mima les guillemets avec ses mains – ne seront pas touts ondaliennes, un service de qualité passe par un vaste choix. Je ne suis pas hôtelier, je n'ai pas de tarif « fixe » pour une nuit, mes clients ne passent pas leurs nuits ici et bien entendu, le prix dépend de la ou des filles, du type de service et du temps passé avec elles.
Je ne suis pas non plus directeur d'une école, je n'ai pas le temps d'apprendre le métier à des paysannes, celles qui travaillent ici sont ce qui se fait de mieux dans le milieu. Elles sont parfaitement consentantes et même heureuse, si j'ose dire, car ici elles sont bien nourries, bien logées -voyez par vous même, certains marquis n'ont pas ce qu'il y a ici-, et bien vêtues.
Il n'y a pas de temps de travail fixe, mais elles ne sont jamais toutes occupées, ce qui leur permet de ne pas enchaîner les clients et ce même si l'endroit est toujours ouvert. Pas de limite d'age non plus, même si bien entendu, je n'emploie pas de filles trop jeunes, ni de vieillardes.
Mon seul associé, si je puis dire, est le réceptionniste et c'est lui qui tient le livre des comptes, que je consens à vous communiquer, ils n'y a toutefois pas de noms.


Là, il marqua une pause, afin de lui faire intégrer les informations, il attendait maintenant qu'elle veuille reprendre la parole, pensant qu'il avait terminé. Voyant qu'elle allait ouvrir la bouche, il ajouta :

-Mais je suis un homme fort occupé et disons que si vous pouviez ne pas prêter attention aux irrégularités qui pourraient « malencontreusement » apparaître dans le livre des comptes et dans les rapports que vous me demandez, vous auriez droit à un généreux remerciement et au soutient infaillible de la milice dans votre travail.

Les dés étaient jetés, les rapports des deux ondaliens allaient être déterminé par cette phrase, et Edwind avait bon espoir.
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MessageSujet: Re: Pas d'aumône, seulement les affaires.   Pas d'aumône, seulement les affaires. EmptyLun 23 Avr - 16:47

L'Intendante observait ses moindres faits et gestes. Aussi remarqua t-elle que celui-ci sortait déjà de l'alcool. Elle n'aimait pas cette technique, car l'alcool influençait le jugement, et tout le monde savait qu'il n'y avait rien de mieux que le vin pour convaincre ses adversaires. Peut-être que cette initiative partait d'une bonne intention, mais Elenia ne pouvait pas se détacher de sa méfiance, qui était un des fruits de son aigreur et de sa mélancolie. En étant la plupart du temps de mauvaise humeur, elle était beaucoup plus critique, observatrice, et ne baissait pas sa garde. Mais d'un autre côté, c'était toujours son côté grognon qui déplaisait aux autres, et qui la défavorisait. C'est pourquoi elle s'efforçait de rester aimable et poli, malgré sa réticence. C'était la seule concession qu'elle pouvait accepter.

Puis elle écouta attentivement les informations capitales, du moins pour écrire son rapport. Malgré la précision de ses questions, le chef de la milice restait trop évasif à son goût. Il parlait d'un tarif variant, mais il ne donnait pas le chiffre exacte, ou au moins une fourchette de prix. Elle gardait un sérieux inébranlable face à ses réponses. Elle était bien consciente que ce qu'il disait là n'était que des belles paroles. Officiellement, peut-être, mais officieusement, elle était sûre que celui-ci ne tenait pas de pareil discours, son seul discours étant l'or. Elle acquiesçait machinalement, tandis que la question du tarif trottinait encore dans sa tête.

Il se tut, et alors qu'elle se redressait pour s'apprêter à parler, celui-ci la coupa net dans son élan. Elle fronça les sourcils, totalement offusquée par ce manque de politesse. Surtout vu le laps de temps qu'il lui avait laissé, ce ne pouvait être que volontaire. Il cherchait à la provoquer de façon indirecte, comme pour lui faire comprendre qu'elle n'était pas sur son territoire, qu'elle n'était pas à son avantage, et qu'elle ne détenait pas le pouvoir.

Mais ce désagrément fut vite recouvert par une nouvelle importante et plaisante. Son sourire s'élargit encore plus que la précédente fois, mais cette fois-ci sans montrer ses dents. Un air subtilement complice se dessinait sur son visage. Mais comme pour répondre à son bras de fer de provocations, elle attrapa la bouteille quand celui-ci tendit la main vers l'objet. Elle esquissait toujours un petit sourire, ramenant la bouteille vers elle. Elle déboucha d'une traite, et posa le bouchon doucement sur le bureau. Elle aligna les deux verres, et commença en versant lentement :


Et bien, voilà une affaire plutôt intéressant, et votre générosité est toute à votre honneur. Et quoi de mieux qu'une unité solide entre l'économie et le militaire ? Je comprends que vous puissiez être submergé par vos occupations, car il en va de même pour mon travail. Bien que je sois assidue et méticuleuse dans mon rôle, il est vrai que parfois, pour le Bien de la prospérité du Royaume, il faut savoir faire des sacrifices. Et le dérapage de ma plume n'est qu'un petit détail face à la richesse et la gloire « d'Ekëstrim. »

Elle réutilisa la manie d'Edwind pour bien signaler les guillemets aux denier mot, ce qui donnait tout le sens à ce discours sur ses fausses prétentions. Elle émettait de façon latente qu'elle n'hésiterait pas à falsifier des documents s'il le fallait, pour le Bien de ses coffres d'or surtout. Elenia reposa la bouteille sur le bureau, et fixa son interlocuteur. Son sourire la changeait vraiment. Elle retrouvait son charme d'antan. Et pourtant il n'y avait rien de plus laid que ses idées au moment où son visage rayonnait. Une complicité venait de s'installer brutalement entre les deux personnages. Un même but ne pouvait que rapprocher des personnes, même si l'ondalienne ne voyait ce but que purement par affaires. Elle n'avait pas l'intention de se lier d'amitié, ou du moins pas maintenant. Car cet homme était tout de même malin, et elle ne le connaissait pas encore assez -c'était leur toute première rencontre- pour juger de sa loyauté et de sa fiabilité. Elle leva son verre en continuant :

Concluons cette affaire comme il se doit.

Elenia attendait qu'il boit le premier. Elle menait la barque avec fermeté, car elle jugeait qu'elle l'avait trop laissé diriger depuis le départ. Même s'il était le chef de la milice, il n'avait pas à sous-estimer son rôle d'Intendante. Peut-être tenait-il les Hommes, mais ceux-ci ne travaillaient pas par pure bonté pour leur chef. L'or n'était pas seulement le nerf de la guerre. Elle était le nerf de tout. Voire même, le cœur de toute chose.
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MessageSujet: Re: Pas d'aumône, seulement les affaires.   Pas d'aumône, seulement les affaires. EmptyMar 24 Avr - 7:12

Si la bouteille de vin hors de prix qu'avait sortit Edwind n'avait pas vraiment suscité l'enthousiasme attendu, son petit tour de « j'attends que tu l'ouvres pour te couper la chique » avait fonctionné à merveille, même si elle en parut choquée au départ : elle avait sourit si largement que le Chef de la Milice avait eu la brève et absurde idée que, n'y étant pas habituée, elle allait s'en doute s'en froisser un muscle. Elle affichait maintenant un air entendu, complice même. Ainsi donc, elle semblait d'accord. Bien. Parfait même, si les quelques accords qu'ils passeraient ne concernaient pour l'instant que l'Extase, il n'y avait aucun doute qu'il y aurait bientôt d'autres arrangements; car une fois les rouages de la cupidité mis en route, plus rien ne pouvait enrayer cette délicieuse mécanique.
Edwind lui même était cupide, il le savait et l'assumait parfaitement, mais son avantage était sa vision à long terme lui permettant d'accorder à l'Intendante certaines faveurs sans pour autant s'en sentir appauvri, sachant qu'il aurait tôt ou tard besoin du bureau de l'intendance. Les relations politiques valaient parfois plus que l'or, il en était convaincu et ne serait pas arrivé là où il en était si cela avait été faux.
Si le Chef de la Milice avait été aussi prompt à s'enrichir que l'était Elenia, ils se seraient retrouvés comme deux chiens se disputant un morceau de viande et aucun accord n'aurait pu être trouvé, ce qui aurait posé quelques problèmes car il fallait reconnaître que cette femme avait les moyens de compliquer une vie.

Voyant que l'affaire était conclue (bien que les termes devaient être éclaircis), il tendit la main vers la bouteille qu'il avait sorti il y a quelques minutes. Mais l'Intendante s’empara du breuvage avant lui pour le ramener vers elle. Il se contenta de sourire en ramenant ses mains vers lui avec un petit geste signifiant « Bien, qu'il en soit ainsi ». Le petit bras de fer qui s' était installé plaisait beaucoup à Edwind car il devait se montrer ferme afin de bien signifier qu'il n'était pas une marionnette qu'Elenia pouvait ne serait ce qu’espérer contrôler, mais il devait aussi savoir se montrer conciliant afin de parfois lui donner l'illusion de ce contrôle.

L'ondalienne déboucha la bouteille et versa le précieux liquide dans les verres tandis qu'elle commençait à parler. Comme il s'y était attendu, elle était d'accord pour ne pas prêter attention aux éventuelles fraudes si elle était suffisamment rémunérée pour ce travail. Quoi de plus naturel pour Edwind que de la corruption de fonctionnaire ? C'était l'alliance entre la milice en le bureau d'intendance qui l’intéressait plus. Il savait qu'ils ne pouvaient pas s'assurer de l'application de leurs lois économiques sans le soutien de la Milice, et Elenia en particulier ne pouvait pas s'assurer que ceux qui lui versaient ses pots-de-vin ne soient pas inquiétés. Lui, il avait besoin de l'appui financier et politique d'Elenia, de l'assurance que les quelques marchands qui lui refilaient des informations ne ferment pas et que ses opposants politiques aient quelques soucis d'imposition. Bien entendu, il n'était pas naïf et il savait pertinemment qu'elle ne lui faisait pas confiance, comme lui ne faisait pas confiance aux personnes dont la loyauté était à vendre : il serait fidèle à ses engagements tant qu'elle même en ferait autant.

Enfin, elle leva son verre en demandant à ce que l'affaire soit conclue, attendant qu'Edwind boive le premier. Bien, qu'elle s'en tienne pour le moment à la conviction qu'elle était maitre des termes du contrat. Ceux-ci dépendait des deux protagonistes, chacun ayant assez de moyens de pressions sur l'autre, mais l'un d'entre eux devait croire en tirer plus de bénéfices.
Le Chef de la Milice inclina légèrement son verre en direction d'Elenia, un sourire complice aux lèvres, en signe d'accord et but une gorgée de vin. Il était bon, sans doute un des meilleurs que le continent avait à offrir (les vignes étaient loin d'être la spécialité des ondaliens), et il se promit d'en commander quelques bouteilles supplémentaires. Enfin, il prit la parole :


-Je vais aller droit au but et faire preuve de franchise : il y aura des irrégularités. Certaines à mon avantage personnel, là dessus nous pouvons nous comprendre et d'ailleurs si nous concluons, les erreurs à mon avantage deviendront les erreurs à notre -il insista sur le mot- avantage. D'autres irrégularités sont à l'avantage de mon travail à la Milice. Je sais que ceux-ci sont appréciables mais je préfère éviter que trop de monde soit au courant des quelques opérations nécessitant de la discrétion. Concrètement, car trêve d'insinuations, vous aurez vingt pour-cents des bénéfices obtenus, en plus du soutien de la Milice. Par soutien, j'entends que votre sécurité sera assurée et que vous bénéficierez de mes informations quand celles-ci toucheront à votre domaine de compétence.

Il s’arrêta quelques secondes, le temps de boire une autre gorgée de vin et de laisser à l'Intendante le temps d'ajouter ces nouvelles informations dans sa petite balance mentale. Vingt pour cent des bénéfices sur tout ce qu'elle dissimulera constituait une somme importante, sans doute une offre qu'on ne lui avait jamais faite.
Edwind reprit la parole, tendant la feuille contenant le rapport sur les contrebandiers à son invitée :


-En gage de bonne foi, je vous informe qu'une bande de contrebandiers s’apprête à faire passer une cargaison d'alcool sur l'île. Je crois que la lutte contre la contrebande est un de vos domaines de compétence mais j'ai déjà mis deux de mes hommes sur le coup ; ils ont reçut l'ordre d'observer discrètement sans agir. Maintenant que vous êtes au parfum, je consens à vous laisser prendre la décision finale, en accord avec les termes de notre entente ...

Il avait choisis ses mots : tantôt il se montrait généreux et conciliant, tantôt il rappelait tout de même qu'il avait le pouvoir de la priver de son soutien si jamais elle venait à rompre leur pacte. Mais il avait bon espoir de pouvoir un jour mettre sa confiance en Elenia, même si il n'était pas encore prêt à la lui accorder : la confiance de Sir Edwind Haylon était une chose qui se gagnait par gouttes et qui se perdait par litres.
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MessageSujet: Re: Pas d'aumône, seulement les affaires.   Pas d'aumône, seulement les affaires. EmptyDim 29 Avr - 2:31

Elle l'observait boire, avec un petit sourire victorieux. Puis à son tour, elle posa le verre sur ses lèvres, et but plusieurs gorgées. Quel vin délectable. Il l'était d'autant plus après ce triomphe sur le chef de la milice. Elle voulait lui montrer que l'Intendante n'était pas une femme qu'on pouvait dompter, et elle pensait avoir réussi. Ou du moins, elle pensait qu'il l'avait compris. Mais quelques points restaient encore à éclaircir. Vingt pour cent des recettes, certes, mais elle devait savoir le total de cette recette pour ne pas se faire avoir. Elle l'écouta parler, et acquiesçait lentement à ce qu'il disait. Entre temps elle disait « naturellement ». Même si elle était avare, elle essayait de tempérer ses grandes ambitions d'argent, car à trop en vouloir elle finirait par ne plus rien avoir. Par contre, elle se tut quand il parla des informations qu'elle aurait. Elle n'aimait pas le fait d'être totalement dépendante de lui pour obtenir des informations dans «son domaine de compétence ». Comme s'il sous-entendait qu'elle n'était pas capable d'avoir ces informations autrement que par lui. Elle le fixait, et son sourire s'estompait pour faire réapparaître un visage froid et grave.

Il s'arrêta un instant, et alors Elenia posa un doigt horizontalement sur sa bouche, pour commencer à réfléchir à ce dernier détail. Mais elle sortit directement de ses pensées quand elle entendit parler d'une affaire de contrebande dans les ports d'Ekëstrim. Elle fronça les sourcils. Elle détestait ce genre de criminels, qui ne payaient pas les taxes imposées. Cela faisait moins d'argent pour le royaume, et donc aussi moins pour elle. Cette nouvelle fut belle et bien une preuve de son honnêteté, et sa méfiance s'amoindrissait. Quand il disait qu'il le ferait en accord avec les termes, l'Intendante n'omis pas de se rappeler que ces termes n'étaient encore totalement claires et limpides. Elle fit glisser sa main légèrement sur la table jusqu'à son verre avec un air toujours réfléchi. Puis elle se lança :


Naturellement, il faut que vous dites à vos hommes d'arrêter ces malotrus. Les criminels, surtout quand ils entravent à la prospérité d'Ekëstrim, doivent être arrêtés. S'ils ne payent pas les taxes, c'est qu'ils ne veulent pas rendre notre pays glorieux. Faites-les interroger pour savoir s'ils travaillaient seuls ou bien pour une personne précise, puis envoyez-les dans les arènes de Phoebia, je suis sûre qu'ils feront de bien meilleures distractions pour les éradrins, plutôt que d'encrasser les affaires de notre royaume. S'ils ne veulent pas payer, nous leur ferons payer d'une autre manière.

Elle s'arrêta, et se rendit compte du ton cruel et déterminé qu'elle avait utilisé pour s'adresser au chef de la milice. Il avait alors pu voir un aperçu de ce qu'elle pouvait devenir quand on allait dans son sens contraire, et qu'on touchait aux affaires rentables. Au bras de fer, elle gagnait toujours, car elle avait le bras long. Et s'entendre avec le chef de la milice ne ferait qu'allonger ce bras si ravageur. Oui, elle était crainte et respectée, du moins par ceux qui avaient un peu de pouvoir, car Elenia avait des relations privilégiées avec la Souveraine, mais aussi car elle était celle qui prêtait l'argent pour financer des commerces. Elle contrôlait en fait quasiment tous les commerces du royaume, car au fil des années elle avait placé de l'argent dans chacun d'eux, pour avoir des bénéfices, toujours plus de bénéfices. Argent, argent, or, richesse. Voilà les seuls mots qui comblaient la vie de la jeune femme seule. Elle se consolait comme elle pouvait. Plus elle était riche, plus les gens la craignaient, et elle pouvait se donner un tantinet de valeurs. Quand votre mari se suicide car vous ne pouvez pas lui donner d'enfants, l'estime de soi prend toujours un coup violent et net pour vous briser. Ainsi l'ondalienne s'était raccrochée à la seule chose qu'elle avait encore à ce moment-là. C'était la principale raison de sa cupidité. Mais elle-même ne se rendait pas compte de cette ardente addiction pour quelque chose qui au final, n'avait pas grand intérêt sinon couvrir ses besoins vitaux.

Elle attrapa son verre et but une gorgée. Maintenant que sa décision était prise, et que les ordres étaient donnés, l'Intendante voulait s'intéresser plus précisément aux termes de leur accord. Elle posa délicatement et paisiblement son verre sur le bureau. Ce calme se contrastait beaucoup avec son élan de cruauté dont elle avait fait preuve auparavant. Comme si elle gardait en elle cette colère, et qu'elle la laissait exploser au moindre petit détail qui ne lui plaisait pas. Mais cette colère, elle devait l'apprivoiser et l'étouffer, car elle ne pouvait pas se permettre d'un quelconque écart à son statut. Elle avait beaucoup de responsabilités, une image à tenir, un sang-froid à mettre à l'épreuve. Elle se redressa sur son siège et commença :


Je ne doute pas de votre sincérité, et c'est pourquoi j'accepte cet accord, puisque nous nous complétons dans nos intérêts respectifs. Néanmoins j'aimerais revenir sur le point des informations. Puisque vous devez m'apporter une sécurité permanente, je veux avoir les informations que je désirerais, dans n'importe quel domaine, qu'il me touche de près ou de loin. Comme on dit, tous les chemins mènent à l'or de toute façon. Étant l'Intendante, je ne peux pas me permettre de laisser des hommes influents faire des cachotteries, sans que je ne sois au courant. Il me faut des garanties pour me protéger. Donc si je veux des informations sur un client précis, ou bien même juste savoir s'il est client, j'aimerais une parfaite honnêteté de votre part, et que vous me disiez précisément ce que vous savez sur cette personne. J'aimerais aussi savoir, quel genre d'affaires courantes devrais-je étouffer, pour que je puisse me préparer à l'avance.

Anticiper. Avec cet homme rusé, il fallait absolument avoir un temps d'avance. Toujours courir, courir. Elenia avait encore du souffle. Mais jusqu'où ira-t-elle ? Jusqu'au dernier point scintillant d'or.
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