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 Qui vient déranger ma paix ?

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MessageSujet: Qui vient déranger ma paix ?   Qui vient déranger ma paix ? EmptyDim 15 Avr - 2:31

Qui vient déranger ma paix ?


Lakshmi se trouvait hors du palais en cette soirée qui s'amorçait. Généralement, son père se serait inquiété et aurait lancé les gardes à sa suite mais cette fois-ci, elle l'avait averti. Non, elle ne lui avait pas demandé la permission. Tellement capricieuse, si il avait refusé, elle serait partie malgré son refus. Elle avait passé quelques heures à essayer de faire apparaître un étalon alors qu'elle était calme et les efforts furent vains. Furieuse d'avoir échoué, elle avait poursuis son chemin à pied jusqu'à ce que le ciel se mette à s'assombrir. Elle n'irait pas plus loin, elle était déjà rendue au lac de Kölfrath. Son étendue d'eau si noire l’appelait, la tentait mais elle ignorait ces appels suicidaires. Elle savait que le lac était profond et que plusieurs s'y étaient noyés. Ce n'était pas ce soir qu'elle risquerait la mort. Lentement, elle s'approcha de la surface et s'assied au bord. Enlevant ses bottes et ses chaussettes, elle glissa ses pieds dans l'eau. De cette manière, elle ne risquait rien et pouvait profiter de la fraîcheur de l'eau. Fermant les yeux, elle se reposa en écoutant chacune de ses respirations. Dans la forêt régnait un silence complet ce qui apaisait la princesse. Elle n'avait pas envie d'entendre les cris d'oiseaux ou les sons d'un animal quelconque. Sa paix fut toutefois dérangée par un craquement derrière elle puis des bruits de pas. Ouvrant les yeux brusquement, elle essaya de deviner à quoi appartenait ces pas. Un animal ? Non.. C'était un humain. Il n'était pas si loin d'elle alors qu'elle se releva vivement, se tournant vers son adversaire potentiel. Sa peur fit apparaître Shenosha à ses côtés, sa fidèle amie. Elle était un mélange entre un chien des enfers et un tigre ce qui donnait une bête au pelage sombre plutôt menaçante, encore plus alors qu'elle grognait en sortant les crocs en direction de l'ombre qui se distinguait. D'une voix qui se voulait autoritaire et ferme mais qui sonna plus comme celle d'une gamine apeurée, elle interpella l'homme:

Que faites-vous ici ?


Il dégageait une certaine énergie qui était inconnue à Lakshmi. Elle savait reconnaître un bannis mais ça... c'en était pas un. Aucun bannis sain d'esprit n'oserait attaquer la princesse de peur des représailles du roi mais puisque cet homme n'en était pas un, elle devrait rester sur ses gardes. Voilà pourquoi elle ne le quittait pas des yeux et remarquait chacun de ses gestes.
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MessageSujet: Re: Qui vient déranger ma paix ?   Qui vient déranger ma paix ? EmptyDim 15 Avr - 14:50

Vuzlin contemplait la vaste étendue du Kölfrath, qui avait tout à fait en cet instant l'aspect d'une colossale plaque d'obsidienne. Difficile de croire qu'on avait bien affaire à un lac, tant ce dernier engloutissait la lumière déclinante du soleil, alors que les étoiles commençaient à poindre au firmament. L'ensemble pouvait paraître tout à la fois d'une beauté poignante ou d'un sinistre sans pareil. Et autant dire que pour Vuzlin cela revenait au même. L'impression d'écrasement que ce paysage lui infligeait transcendait tout simplement la beauté et l'horreur, effaçant ces deux sentiments par la même occasion. L'eau, ô dieux, si sombre, semblait appeler. Qui, il ne savait pas trop, mais cet appel lancé à la ronde avait transpercé son cœur meurtri et le sommait d'avancer vers la rive grignotée par le léger flux de l'onde. Pourquoi était-il ici ? Il n'avait rien à faire là.

Il se maudissait d'avoir laissé ses émotions prendre le pas. Ce combat contre le Banni l'avait mis à bout de nerfs, moins physiquement que moralement. Ses derniers mots l'avaient troublé et il n'avait pu s'empêcher de ressentir quelque estime pour cet homme qui avait si courageusement fait face à sa propre mort, quand bien même ses actions passées avaient été des plus déshonorantes. Peut-être était-ce pour cela qu'il avait tenu à se charger du corps et à lui offrir une sépulture décente en sa patrie, Thorgal. Cela était déjà trop, un Patriarche n'ayant pas à se salir les mains sur un mort, mais il avait persisté dans sa folie. Non content de pénétrer en territoire potentiellement hostile, et qui plus est seul et sans escorte, il avait décidé de s'enfoncer plus loin encore à l'intérieur de ce territoire, une fois les honneurs funéraires rendus à l'ennemi vaincu. Pourquoi ? Peut-être pour comprendre. Avant de mourir, l'homme avait prétendu que jamais il ne pourrait comprendre la meurtrissure de son peuple, les cicatrices portées par sa terre. Piqué au vif, il avait abandonné toute prudence pour voir et en juger par lui-même. Autant dire qu'il n'avait pas été déçu.

Pour sûr, Thorgal était loin d'être un paradis. Difficile même de trouver une terre plus ravagée. Phoebia était certes une nation rude, attaquée de toutes part par les flammes, elle n'en demeurait pas moins désespérément vivante, avec son incandescence. Thorgal n'était qu'un désert nu sur lequel la vie tentait par tous les moyens de survivre, adoptant des formes parfois bien étranges, mais toujours perturbantes. Quels étaient ces chiens aux allures de reptiles qui couraient les plaines à la recherche de proie à dévorer ? Ils étaient si maigres qu'on eut dit que la terre elle-même ne pouvait subvenir à leurs besoins, satisfaire leur faim. Ils les avaient maintenu à distance en les effrayant par quelques sorts mais ils lui avaient inspirés bien plus de pitié que de peur. Et que dire de cette végétation clairsemée, en perpétuelle agonie, qui semblait devoir craindre chaque seconde d'être jetée à terre par un coup de vent ? Il avait en peu de temps compris qu'ici il n'y avait pas de place pour la douceur, juste la lutte pour la survie. Le mage noir n'avait pas menti sur ce point, Thorgal était un pays marqué par la mort, dont la corruption insidieuse se trouvait dissimulée derrière chaque rocher, derrière chaque arbre desséché. Ce dénuement l'avait abasourdi et, sans trop comprendre comment, ses pas l'avaient mené au sommet d'une pente douce surplombant le grand lac de Kölfrath.

Il s'était alors ressaisi, comprenant qu'il avait laissé bien trop loin derrière lui les frontières de Phoebia. Une peur sourde s'était emparée de lui et il avait dû lutter tant bien que mal contre ce sentiment naissant de panique. Et il contemplait maintenant cette sombre merveille qui contribuait tant et si bien à la réputation de Thorgal. Et l'appel était... fort. Trop fort. Il lui fallait aller voir de plus près. Et tant pis pour les avertissements des anciens, tant pis pour les monstres que l'on prétendait tapis sous la surface, à l'affut des voyageurs imprudents. S'ils avaient jamais existé, il les craignaient bien moins que l'impression de désespoir que dégageait le pays tout entier. Il commença à descendre, d'un pas prudent afin de ne pas risquer la chute, et peut-être aussi une stupide blessure qui le mettrait à la merci des prédateurs et des individus malintentionnés qui pouvaient passer ici. Il s'y prenait assez bien, et en silence en plus. Du moins jusqu'à ce qu'il marche sur une branche traînant négligemment à ses pieds. Un craquement remplit l'air et des mots jaillirent dans la nuit tombante. La voix semblait à première vue emplie d'autorité, cassante. Mais un individu aussi attentif que Vuzlin ne pouvait manquer de percevoir le tremblement et les accents de peur que dissimulaient avec peine ce semblant maladroit d'autorité.

Que faites-vous ici ? clamait-elle.

Il tenta tant bien que mal d'apercevoir la femme, car il s'agissait bien d'une personne du sexe opposé, qui le hélait ainsi. Il se tendit par réflexe, ne sachant si cette personne envisageait de l'attaquer. Malgré sa vue médiocre, il parvint à s'habituer un peu plus à l'obscurité qui s'amplifiait à chaque minute qui passait. Il s'aida de magie pour modifier les propriétés des verres, sans que cela soit seulement perceptible pour son interlocutrice, et il put voir cette dernière. Elle était jeune, probablement dans les dix-sept cycles, si ses connaissances des âges des autres races ne l'abusaient point. Et elle était plutôt agréable à regarder, ce qui ne lui échappa pas. Mais c'était une beauté noire, que l'on eut pu facilement croire émergée de la nuit même. Tout, de sa tenue à sa longue chevelure, rappelait les eaux du Kölfrath, si ténébreuses. Vuzlin déglutit. Ne jamais se fier aux apparences : toute jeune et gracieuse qu'elle paraisse, la jeune fille pouvait ne pas moins être une combattante redoutable. Autant ne pas la brusquer, et surtout ne pas révéler son véritable nom. Qui sait si elle n'était pas une mage servant le Roi-renégat.

Ce que je fais ici ? commença-t-il. Et bien, disons que je me suis trouvé perdu au cours de mes pérégrinations. Je regagnais la frontière de Phoebia depuis la cité d'Askeladd, en vue de regagner mon bon pays de Vënmher, et j'ai par malheur été dévié de ma route par une attaque de ces chiens sauvages, aux allures de dragonnets, qui hantent vos contrées. Mes pas m'ont mené jusqu'ici et j'ai reconnu le célèbre Kölfrath. Ne pensant pas à mal, j'ai pensé en faire le tour dans l'espoir de trouver quelque riverain qui puisse m'indiquer le chemin du retour. Voilà donc mon histoire et si je vous ai effarouchée, je m'en excuse. Je n'en avais pas l'intention, d'autant plus que je ne vous avais pas vue, ma vision étant des plus basses.





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MessageSujet: Re: Qui vient déranger ma paix ?   Qui vient déranger ma paix ? EmptyDim 15 Avr - 20:09

Lakshmi se mit enfin à distinguer l'homme qui s'approchait. Il lui semblait assez vieux ce qui voulait dire qu'il avait sûrement plus d’expérience en armes et en magie que la jeune fille de 17 cycles qui se tenait devant lui. Alors qu'elle se trouvait nue pied devant lui et accompagnée uniquement de sa magie, il pouvait avoir aucun mal à l'éliminer si l'effort était fait. C'était pour cette raison qu'elle restait tendue alors qu'il s'approchait assez pour qu'elle puisse mieux distinguer son visage qui semblait prudent mais pas agressif. Il prit la parole, répondant à sa question. Elle l'écouta sans que son visage ne change d'expression. La princesse de Thorgal gardait toujours son air autoritaire pour ne pas montrer son effroi envers cet homme d'une autre race. Elle compatis un peu en l'entendant dire qu'il fut attaqué par les chiens sauvages ce qui le fit dévier de sa route. Lakshmi hochait la tête à ses paroles. Il était vrai que si on ne les connaissaient pas, les chiens sauvages pouvaient se montrer effrayants et parfois de redoutables combattants.

Vous ne m'avez pas effarouchée, juste surprise. Vous avez été appelé par le lac, n'est-ce pas ? Il émet des ondes attirantes difficiles à ignorer mais beaucoup y sont morts.

Lentement, alors qu'elle voyait que les intentions de l'homme étaient pacifiques, elle se détendait. Relevant ses boucles brunes pour les laisser retomber dans son dos, elle se détourna de lui et retourna glisser ses petits pieds dans l'étendue d'eau. Son regard se planta dans celui de Vuzlin, admirant ses yeux qu'il disait de mauvaise qualité.

Pourquoi ne pas profiter de l'eau et du calme de la forêt. Je ne vous conseille pas de reprendre la route avant le lever du soleil. Vous pourriez faire de mauvaises rencontres. Normalement, j'en aurais été une de celles-là mais je n'ai pas envie de me chamailler avec un visiteur ce soir.

Elle eut un petit sourire en coin, le regardant toujours. Elle se demanda si l'homme se souciait un tout petit peu de son rang hiérarchique, de sa relation avec le roi-renégat. Si non, ce serait la meilleure façon de lier une amitié qui ne serait pas fondée sur la peur de son père.
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MessageSujet: Re: Qui vient déranger ma paix ?   Qui vient déranger ma paix ? EmptyLun 16 Avr - 21:29

Vuzlin se détendit. La jeune Bannie n'avait visiblement aucune envie de lui faire du mal. Et d'ailleurs, il aurait été bien en peine de devoir l'affronter. Quoi qu'âgé de bien plus de cycles qu'il n'était permis à certains des habitants de ce pays de vivre, il n'en demeurait pas moins un jeune Merisien, encore tout pétri d'idéalisme, et il répugnait à porter la main sur une jeune femme, quand bien même cette dernière se révélerait la plus féroce combattante de Thorgal. Cela n'avait rien à voir avec la galanterie ou quoi que ce soit de ce genre, mais bien au fait que le jeune Arthrond connaissait la valeur d'une vie et répugnait à couper la tige d'une pousse venant tout juste de s'épanouir dans la lumière du soleil. Mormont avait été son ennemi, et il l'avait tué, mais il avait bien vécu avant cela. Et pour l'avoir personnellement défié, il avait en fin de compte mérité un juste châtiment. Il ne connaissait nullement la personne en face de lui, ne lui voulait aucun mal et, par-dessus tout, n'avait pas envie de souiller à nouveau ses mains du sang des enfants de Thorgal. Aussi s'avança-t-il à l'invite de son interlocutrice, décidément si obligeante envers un pauvre voyageur égaré malgré son agacement d'avoir été dérangée. Dérangée dans quoi ? Il ne le savait pas mais il pouvait le sentir à la tournure de ses phrases. Intrigante décidément. Et que penser de ce monstre noir qui l'accompagnait ? Cet hybride tout à la fois gracieux et féroce de canin et de félin le dérangeait. Quelque chose n'allait pas... Et cette sensation de malaise ne venait sûrement pas de la Bannie.

Il alla s'assoir, à une distance respectueuse de la jeune inconnue, sans toutefois s'en éloigner beaucoup. Il s'était juste placé hors de sa portée, ce qui lui semblait un éloignement adéquat. Ses pensées vagabondèrent plus vite encore lorsqu'il eut plongé le bout de ses orteils dans l'eau glacée. Il avait fait cela instinctivement, dénudant ses pieds meurtris par la longue route, et le froid avait réveillé la douleur, et même temps qu'il la transcendait. Il était à présent plus réveillé, moins morose, mais la ronde folle de ses songeries intimes n'en demeurait pas moins vive. Il ne savait trop que dire à la Bannie mais savait qu'il ne pouvait rester plongé dans ses pensées et l'ignorer. Elle l'avait accueilli et il se devait de fraterniser quelque peu, s'il ne voulait courir le risque de passer pour un rustre. Il jeta un coup d’œil à la bête qui s'était calmée après que sa maîtresse eut décidé de ne point l'agresser. Elle grognait, lovée à ses côtés, mais de plaisir semblait-il. Vuzlin comprit alors d'où venait cette sensation d'anormalité qui troublait la sérénité de son esprit. La bête n'était pas fille de la Terre mais bien une invocation, une créature invoquée par une noire magie. Objectivement, il n'avait rien contre elle car malgré son aspect redoutable elle semblait docile et fidèle à sa créatrice. Mais instinctivement, c'était bien autre chose. En tant que membre d'un peuple élu des Dieux, Vuzlin sentait son subconscient se dresser contre ce qui lui semblait une abomination. Mais le Patriarche envoya valser ses recommandations sourdes, et ne vit plus qu'un animal apprivoisé jouissant d'un peu de repos auprès de sa maîtresse. Et cette simple constatation l'amena à se sentir plus détendu, en même temps qu'un scepticisme plus grand s'emparait de lui. On lui avait enseigné que la magie des Bannis était une noire abomination, une puissance contre-nature, un blasphème contre les Dieux. Et pourtant, il ne percevait aucun mal en cette personne qui, pour toute mage qu'elle était, l'avait fraternellement accueilli ici.

Il devait briser le silence, vaille que vaille, ce silence pesant qui s'était installé après que la jeune Bannie l'eut invité à s'avancer. Il voulut dire quelque chose d'intelligent, d'intéressant... mais échoua lamentablement.

Le lac du Kölfrath... je ne l'avais jamais vu auparavant. Une merveille, vraiment. et ces eaux, d'un noir...

Quel idiot ! Il devait vraiment être mal à l'aise pour sortir de telles banalités. Et par-dessus tout, il en oubliait le principal.

Mais veuillez m'excuser, dit-il, je manque à tous les devoirs de la bienséance. Mon nom est Dwillkin, fils de Thorok, de la caste des Forgerons de Vënmher.

Il avait volontairement adopté le nom de son père, inconnu en Elirondia, pour masquer son identité réelle. La jeune femme avait beau être amicale, elle pouvait toujours espérer le capturer s'il se trahissait, et vouloir le livrer pieds et poings liés à son Roi. Autant dire que cette perspective ne l'enchantait guère, puisqu'elle signifiait le trépas ou la capture pour lui ou la mort pour elle. Il ne pouvait se le permettre. Aussi, quoi qu'usurper le nom de son père le chagrinât, il ne jugea point bon de donner son nom véritable. Il était regrettable de devoir mentir mais il n'était pas le bienvenu ici, et mieux valait un petit mensonge qu'une lutte à mort avec les soudards du Roi-renégat.

Puisque je vous ai donné mon nom, poursuit-il, j'espère que vous daignerez me révéler le vôtre, ainsi que la raison qui pousse une demoiselle aussi charmante que vous à demeurer seule sur la rive de ce lieu que l'on dit si périlleux, une fois la nuit tombée.

Il avait malgré lui usé d'un ton enjôleur. Il avait beau être bien plus petit qu'elle, pour ne pas dire un nain en comparaison, et avoir sans doute plusieurs décennies de plus qu'elle, il n'en était pas moins sensible aux charmes d'une si jolie personne. Le feu de la jeunesse bouillait encore dans son sang, après tout. Et s'il n'avait pas le moins du monde envie de compter fleurette, et ce à qui que ce soit dans le monde, il ne pouvait s'empêcher d'être admiratif. Homme avant que Merisien, hein ? pensa-t-il. Il sourit à cette pensée. Les vieux grincheux du Conseil l'enseveliraient sous plusieurs tonnes de reproche s'ils apprenaient qu'il s'avisait de séduire une Bannie. Et il n'en avait pas la force, alors autant être sage. Aussi se contenta-t-il d'attendre sa réponse, tentant de se composer du mieux qu'il put - mais avec bien des difficultés - une expression neutre.
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MessageSujet: Re: Qui vient déranger ma paix ?   Qui vient déranger ma paix ? EmptyVen 20 Avr - 22:54

Lakshmi était assise sur le bord du lac. Ses yeux étaient posés sur l'étendue d'eau et ses pieds s'y glissaient à leurs risques et périls mais ça ne semblait nullement l'inquiéter. Ses doigts gantés de lons gants noirs ramassaient de petites roches pour les laisser retomber dans un geste lent. Ses pensées vagabondaient dans tous les sens et la princesse de Thorgal ne se souciait que très peu du Mérisien qui se tenait encore debout quelques minutes avant de s'approcher et de s'asseoir à son tour pour se déchausser et profiter de l'eau. Il se trouvait à une distance parfaite. Pas assez proche pour déclencher les réflexes de défense de Lakshmi mais ni trop loin pour qu'ils puissent avoir une conversation. Voyant les yeux de l'homme se tourner sur Shenosha qui s'était calmée et se blottissait contre sa maîtresse, Lakshmi crut y voir une étincelle de malaise entre la bête et le voyageur. Se penchant vers l'oreille de sa créature, elle lui chuchota de s'en aller plus loin dans la forêt et de disparaître d'une voix si faible que la bête était la seule à pouvoir l'entendre. Obéissant, la bête s'éloigna jusqu'à disparaître dans l'ombre puis complètement sans que Vuzlin ne se doute de quoi que ce soit. Avec un autre Bannis, elle n'aurait pas hésité à faire disparaître sa créature devant ses yeux mais puisqu'elle ne connaissait pas ce voyageur, elle préférait ne pas faire tout un exposé de ses capacités. Elle l'entendit se pâmer sur l'eau de lac, ce qui lui fit esquisser un petit sourire en coin. Le lac était beau mais c'était sûrement une excuse pour détruire le silence pesant entre les deux.

Oui, en effet... C'est reposant s'y trouver, n'est-ce pas ?


Elle n'avait pensé aux présentations que lorsqu'elle s'était dit qu'une nouvelle relation commençant dans l'anonymat était ce qui était le mieux pour la princesse au père tyrannique. Son père, son nom de famille et même son prénom était connu de plusieurs. Elle ignorait ce qu'il en serait de cet homme mais ne souhaitait pas prendre de risques. Alors qu'il se présenta, elle accueilli ses paroles d'un sourire. Sans qu'elle ne réponde, il continua sur sa lancée et lui demanda de se présenter pas simple fait de justice en utilisant des mots charmants pour la connaître. Utiliserait-il encore ces mots en sachant qui elle était ?

Enchantée de vous connaître, Dwillkin. Je suis Irina Adronde, une simple Bannie comme les autres venue trouver du repos en compagnie du lac de Kölfrath. Il y a quelques tensions au domicile familial que je m'applique à éviter.

Le nom de jeune fille de sa mère lui avait échappé par lui-même. Quoique, tant qu'à mentir, autant utiliser quelqu'un que personne ne connaissait et qui, malheureusement, était morte et non en mesure de venir réclamer son nom. Si elle avait dit Irina Kaemlyn, plusieurs auraient fait le lien entre le roi-renégat et le nom de sa défunte femme. De plus, elle avait donné une raison à sa présence qui, précipitée comme elle l'était, pouvait avoir l'air d'un mensonge, ce qu'elle espérait de tout coeur ne pas être la cas.
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MessageSujet: Re: Qui vient déranger ma paix ?   Qui vient déranger ma paix ? EmptySam 21 Avr - 11:04

Irina... où avait-il pu déjà entendre ce nom ? Se pouvait-il que la personne en face de lui ne soit pas tant une inconnue qu'il le pensait ? Il était assez intrigué. Sans doute se faisait-il des idées. Que connaissait-il des Bannis au final ? Quoi, sinon des monceaux de texte accumulés par des érudits Merisiens pas forcément des plus objectifs ? Qui, sinon les quelques commerçants venant s'échouer aux portes de Vënmher et les traîtres comme Mormont qui tentaient de s'en prendre à son peuple ? Comment aurait-il pu connaître la jeune femme, cela n'avait pas de sens. Aucun des registres des personnalités ne faisait référence à cette Irina. Il se montait la tête une fois de plus, comme à son habitude. Et cela l'horripilait plus que jamais. Il avait eu de la chance de tomber sur quelqu'un à cette heure si tardive de la nuit, en un lieu que la prudence n'indiquait pas forcément. Il avait la chance de pouvoir passer la nuit dans une sécurité relative et, qui plus est, avec une assez charmante personne. Pourquoi tenait-il toujours tant à gâcher l'instant par ces réflexions parasites, sans objet ni fondement ?

Il avait l'impression que la jeune femme le regardait avec trop d'insistance. Sans doute était-ce du à ce silence, trop important pour suivre la simple annonce d'un nom. Et il se surprit à penser qu'il y avait quelque chose de triste dans ce regard qui venait s'ancrer dans le sien, sans qu'il sût dire pourquoi. Cela ne le mettait pas mal à l'aise, loin de là. Il s'était toujours pris à penser que son besoin de tout rationaliser et de penser à tout n'était au final qu'un prétexte à se distraire d'un passé par trop marqué par le mensonge et la clandestinité. La tristesse qu'il voyait dans ces yeux se faisait miroir de la sienne, et cela le rassérénait. Il n'était pas le seul en ce monde à souffrir et, si un tel constat n'était pas bienheureux, il n'en signifiait pas moins qu'au final tous les êtres vivants étaient les mêmes. Passant par joies et afflictions, grands bonheurs et déchirantes séparations. Et si tout le monde aimait, et souffrait, cela signifiait qu'aucune amitié n'était impossible, aucune passion, aucun attachement. Le vécu savait parler de lui-même, et deux ennemis pouvaient aisément fraterniser lorsque venait l'heure d'oublier les querelles. Cette vérité toute entière semblait contenue dans ce regard. Bien sûr, Vuzlin ne le ressentait pas ainsi, si clairement, si distinctement, mais il l'appréhendait de façon intime, instinctive presque. Et cela le poussait à vouloir en savoir plus sur Irina. Et comme aucune information n'est gratuite en ce monde, il était bien décidé à s'ouvrir un peu plus.

En vérité, commença-t-il, je trouve cet endroit d'une tristesse sans nom, ainsi couvert par les ténèbres. Cela ne le rend pas meilleur, ou moins bon, mais on ne saurait non plus y trouver un plein repos. On y verserait une cascade de larmes qu'il resterait là, de marbre, insensible à nos souffrances. Et j'ai bien l'impression que cet endroit s'est nourri de bien des larmes. Peut-être ai-je cette impression car je ne suis pas de ce pays mais, voyez-vous, il existe sous terre, dans la profonde Vënmher, un lieu que je comparerais volontiers à celui-ci. Un gouffre sans fond, large, béat, insensible lui aussi. Autrefois, on y précipitait les criminels, avant que cette pratique ne fut interdite par le Patriarche actuel. Il se trouva même une époque où des gens vénérèrent l'abîme, en un culte perverti de notre dieu, une sombre hérésie vouée aux penchants les plus noirs de notre être. Le sang a été versé autour de ce trou, coulant en rivières pourpres avant de se jeter dans le vide pour une chute que l'on croirait éternelle. Et pourtant, malgré la violence, malgré les trahisons, le gouffre est resté ce qu'il avait toujours été. Une faille profonde, insensible aux efforts des hommes et des femmes pour se bâtir une vie meilleure. Peut-être me fais-je une bien étrange idée de cette étendue d'eau noire, mais tout en elle me rappelle ce lieu que j'ai tant de raison de craindre. Et vous, qu'est-ce que cela vous fait de contempler une onde si avide de lumière qu'elle refuse même de vous renvoyer votre image ?

Peut-être en avait-il trop dit. Mais cette femme n'était pas une Merisienne. Peut-être ne savait-elle même pas à quoi il faisait référence. Il pouvait bien lui confier l'angoisse que faisait naître en lui l'Abîme, plus noir que la mort et plus profond même que les failles sous-marines, il doutait qu'elle se moque de sa phobie.
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MessageSujet: Re: Qui vient déranger ma paix ?   Qui vient déranger ma paix ? EmptySam 21 Avr - 19:58

Lakshmi écouta le Mérisien lui parler avec un petit sourire en coin alors qu'elle se laissa tomber sur le dos, laissant ses cheveux bruns s'éparpiller sur l'herbe et regarder le ciel noir sans que ses pieds ne quittent l'étendue d'eau que l'homme s'appliquait décrire d'une manière tout à fait différente que la première fois. Elle avait feuilleté beaucoup de livres décrivant les autres races et les lieux importants. Elle se souvenait d'une peinture de ce gouffre qu'il décrivait et, en fermant les yeux, s'imaginait ce qu'il disait. Il finit son monologue par une question ce qui força la princesse à répondre, sachant que sans cela, elle n'aurait pas répondu pour le laisser parler plus longtemps. Elle s'amusait souvent à écouter la voix des gens, écouter leurs intonations et c'est ce qu'elle faisait avec lui. C'était amusant, ça faisait passer le temps et indirectement, tu en savais plus sur ton interlocuteur.

Vous êtes bien contradictoire... Encore plus tôt vous disiez que le lac était une merveille.


Elle lui adressa un petit sourire provocateur en tournant la tête vers lui. Provocateur mais pas agressif. Elle se fichait de ce qu'il disait alors si il se contredisait, c'était son problème. Vint le moment de répondre à sa question. Elle n'allait pas la mettre de côté mais devrait choisir ses mots. Autant pour cette question que celles qui allaient suivre. Elle ne voudrait pas qu'il découvre son mensonge tout de suite.

Parfois nous voulons une pause de notre reflet... Quand nous n'en sommes pas fiers, se regarder dans l'eau du lac et ne voir que du noir est réconfortant pour certains, inquiétant pour d'autres. C'est à nous de nous faire notre propre opinion de cette eau et d'ignorer celle des autres.

Alors qu'elle parlait, elle n'avait cessé de regarder le ciel sans que son sourire ne la quitte. Ce n'est que lorsqu'elle eut fini qu'elle tourna son regard vers le voyageur, attendant une réaction quelconque mais peut longtemps avant de reprendre la parole.

Vous avez peur de vous trouver ici ?


Elle avait cru discerné une pointe d'inquiétude dans la voix de l'homme lorsqu'il lui avait parlé du gouffre qui lui paraissait aussi effrayant que le lac. Il était tout à fait normal d'avoir peur de se trouver si près du lac mais la question était: Est-il assez courageux ou aura-t-il envie de tout simplement quitter les lieux ?
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MessageSujet: Re: Qui vient déranger ma paix ?   Qui vient déranger ma paix ? EmptyDim 22 Avr - 18:49

Vuzlin sentait comme une pointe de raillerie dans la voix de son interlocutrice. Rien de bien méchant, bien sûr. Dans le fond, elle avait raison. Il lui avait envoyé des signaux contradictoires alors elle le mettait face à lui-même. Face à ses peurs, face à ses démons. Et aussi étrange que cela puisse paraître, il ne s'en sentait pas plus mal, mais plus lucide. D'une lucidité douloureuse, à la limite de l'auto-flagellation, mais qui lui faisait paradoxalement du bien. Elle lui rappelait qu'il ne devait pas se laisser abattre, que les remords ne pouvaient rien changer et qu'il devait forger sa propre destinée. Le passé était un compagnon de vie dont on ne pouvait se séparer mais qu'on pouvait dompter et dont on pouvait tirer force et courage. Aussi trouva-t-il enfin la force de répondre à Irina :

Si j'ai peur, Irina ? En vérité, oui, j'ai peur. J'ai peur de ce lac comme du temps qui passe et de la solitude. Il me rappelle la souffrance, celle de ma famille, celle de mon peuple. Et en même temps, oui, je le trouve beau, d'une beauté cruelle et hautaine mais cependant désirable. Peut-être est-ce pour cela que je suis ici, pour trouver dans la confrontation avec mes démons la force de toujours transcender mes limites. Il n'y a pas de vie sans mort, et pas de courage sans crainte pour l'éprouver. Peut-être me contredis-je, je l'admets volontiers. Mais c'est bien parce qu'il ne saurait y avoir une unique vérité. Nous détenons sans doute tous les deux des vérités différentes. Je crois au fond de moi que j'espérais également me conforter dans cette idée lorsque je vins en Thorgal.

Il avait parlé avec fougue, peut-être un peu trop d'ailleurs. Mais il n'avait pas envie d'être calme. Le sang dans ses veines bouillait sous le coup de multiples émotions. Il ancra son regard plus profondément encore dans celui d'Irina. Il lui dit :

Vous m'avez tout l'air d'avoir un caractère bien trempé en tout cas, et c'est quelque chose que j'apprécie. C'est là quelque chose de rare en ce monde. La plupart des gens masquent leurs sentiments, mentent et se font passer pour autres qu'ils ne sont. Je n'ai pas cette impression en vous voyant. Seulement, je ne sais pas ce qui se cache derrière ce visage agréable. Quelle personnalité recèlent ces traits délicats ? Voilà ce que j'aimerais savoir. Je sens que vous aimez à laisser parler les gens qui vous abordent. Sans doute prenez-vous plaisir à les percer ainsi à jour, comme vous l'avez fait avec moi. Mais qu'y a-t-il derrière cette intarissable curiosité ?

Plus question de se livrer sans rien savoir sur cette femme. Il ne savait pas si elle prenait leur échange comme un jeu mais c'est l'impression qu'il se faisait. Et il n'avait pas l'intention de rester en marge. Si elle voulait jouer, il en ferait autant. Il avait sciemment mis beaucoup sur la table, espérant que les réponses à venir le satisferaient. Irina, décidément, le fascinait. Ce n'était pas seulement ce joli minois, non. Cela aurait été trop simple. Il y avait autre chose, quelque chose en elle qui la faisait rayonner comme un soleil noir. Par quelles épreuves était-elle passé ? Quelle vie avait-elle vécu avant ce jour ? Il voulait savoir et craignait de partir sans en savoir plus. Il ne croyait pas vraiment au destin mais il avait pourtant l'impression qu'une force supérieure se jouait de lui, s'amusant à le mettre devant une évidence qu'il était pourtant incapable de voir. Irina n'était-elle donc qu'une simple Bannie ? Il ne pouvait supporter de rester plus longtemps ignorant.


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MessageSujet: Re: Qui vient déranger ma paix ?   Qui vient déranger ma paix ? EmptyDim 22 Avr - 20:17

Son interlocuteur était animé par une fougue qui plaisait à Lakshmi malgré le fait qu'il haussait le ton pour gâcher la paix de leur environnement. La princesse était toujours allongée sur l'herbe à fixer le ciel, l'écoutant s'envoler dans ses paroles... Tout ça l'amusait. Elle n'avait dit que son nom, et encore, elle avait menti, ainsi que sa race à cet homme qui se déballait sans rien sembler vouloir en retour. Était-il sot ? Il venait de décrire ses peurs à une femme assez redoutable malgré les apparences et qui, en moment de combat ou en état de défense, n'hésiterait pas à s'en servir. Lorsqu'il plongea dans son regard dans le sien, elle sut ce qui arrivait. Toutefois, elle ne brusqua rien et le laissa terminer de parler avant de se redresser en position assise et de la regarder à son tour.

Vous êtes fougueux et curieux, mon ami. Peut-être un peu trop ? Les bannis ont été rejetés et repoussés sur des terres indésirables. On nous a considéré comme des monstres pendant trop longtemps et aujourd'hui nous sommes deux ici, devant ce lac qui vous effraie alors qu'il m'apaise. Vous croyez qu'en arrivant ici, en vous ouvrant comme vous le faites et en demandant tout simplement des informations, vous les aurez ? Si vous vous mettiez à notre place, Dwillkin, vous serez tout aussi méfiant. J'ignore qui vous êtes au fond, quelles sont vos intentions... Êtes-vous là pour réduire ma race en poussière ou pour apprendre à nous connaître, dites-moi ?

C'était à son tour de ne pas vouloir être calme et elle le montrait très bien. Au fond d'elle, Lakshmi était blessée. Blessée par quoi, par quoi ? Elle-même l'ignorait mais chaque rejet dû à sa race, chaque commentaire désagréable qu'elle avait entendu et chaque jour passés loin des autres races, rejetée avait ouvert la blessure encore plus, l'avait infectée. Alors qu'elle parlait, elle n'avait pas remarquée ses mains gantée se planter dans la terre pour arracher l'herbe, défoulant sa rage sur le sol plutôt que de la faire apparaître sur son visage qui semblait toujours aussi calme malgré sa montée d'émotions quelques temps plus tôt. Ses doigts finirent par se détendre et elle posa un regard calme sur Dwillkin et lui souria très doucement.

J'ai mon propre caractère mais il s’atténue en présence du Roi-Renégat et d'autres personnes pour ne laisser qu'une jeune femme sérieuse et dévouée au Roi. Il change pour devenir doux, calme, patient ou drôle quand je suis avec lui et lorsque je suis pas avec lui... C'est tel que vous me voyez maintenant. Je n'ai pas peur de tuer mais je n'aime pas ça et ne sais pas tellement me battre. Je ne méprise pas les autres races non plus, même quand eux me méprisent. Je suis différente... Ce n'est pas la mort des autres qui m'attirent ni la sorcellerie sombre. Est-ce assez pour vous ou êtes-vous avare et désirez-vous en savoir encore plus ?
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MessageSujet: Re: Qui vient déranger ma paix ?   Qui vient déranger ma paix ? EmptyLun 23 Avr - 13:21

Enfin une information intéressante. La jeune femme avait donc déjà été en présence du Roi-renégat. Cela signifiait-il qu'elle occupait dans la hiérarchie de son pays quelque place d'importance ? Cela pouvait en tout cas expliquer son irritation. Il s'était montré curieux, un peu trop pour un simple voyageur. Oh, bien sûr, elle n'aurait pas pu deviner qu'il était le Patriarche. S'il y avait bien quelqu'un qui refusait de se parer de somptueux atours pour se démarquer de son peuple, c'était bien Vuzlin. Lorsqu'il partait en voyage, il se vêtait comme le premier marchand venu, à savoir de tissus simples, quoique d'une coupe élégante. Les négociants étaient en quelque sorte les meilleurs ambassadeurs de Vënmher. Il n'y avait pas une taverne en Elirondia qui n'ait vu passer à un moment ou un autre de son histoire un Merisien en quête d'affaires fructueuses. Son peuple ne jouissait pas toujours d'une bonne réputation, en grande partie en raison du caractère obtus de ses compatriotes. Il n'était d'ailleurs pas si différent d'eux en ce point. Mais qu'on les aime ou pas, on tolérait les Merisiens car les biens de leur fabrication étaient prisés un peu partout à la surface. Quel bijou pouvait mieux combler une compagne avide de parures qu'une bague sertie d'un diamant extrait des profondeurs, où la pression est telle qu'on n'en trouve nulle part ailleurs de plus pur ? Quelle meilleure arme pour un général qu'une épée forgée à partir de l'excellent acier des haut-fourneaux merisiens ? Il avait compté sur cette apparence et voilà à présent qu'il faisait tout pour la démentir. Un inquisiteur n'eut pas été moins discret. Cependant, il ne regrettait pas d'avoir donné son sentiment à Irina. Contrairement à ses congénères, il savait reconnaître ses faiblesses. Tout d'abord, il avait appris à se battre en gardant de côté ses sentiments. S'il était bien volontiers empli de doute par temps calmes, il se montrait généralement dépassionné tant qu'une affaire n'était pas menée à bien. Irina pensait sans doute qu'il s'était bien trop dévoilé pour risquer de ne rien obtenir, mais c'était un risque qu'il avait bien voulu prendre. La conversation ne tournait pas à son avantage mais il ne perdait pas aux changes. Un Merisien apprend même de ses défaites, surtout lors de ses défaites. Les victoires endorment et font baisser la garde à l'imprudent. Il perdait du terrain, Irina pensait l'avoir pris au piège de sa rhétorique ? Fort bien, il lui donnerait ce qu'elle souhaitait. Il n'avait rien à perdre.

Si je désire en savoir plus ? Et bien, en toute honnêteté, je suis toujours désireux d'en savoir plus sur mes interlocuteurs. Peut-être avez-vous pris ma curiosité pour une agression, peut-être pensez-vous que mes intentions soient malhonnêtes. Peut-être pensez-vous même que j'ai menti sur mes émotions pour tenter d'abaisser votre garde. Libre à vous de le penser. Au fond, peu m'importe. Voyez-vous, un homme se doit de répondre de ses actes avant tout à sa conscience, sans quoi il n'est pas vraiment un homme. Seuls les criminels s'allouent le droit de remettre entre les mains d'autrui le droit d'être jugé, pour les autres il ne devrait y avoir de droit que celui donné par son éducation, ce don précieux fait à nous par les anciens.

Il espéra avoir été clair. Quoiqu'elle pense de lui, il s'en moquait bien. Il assumait pleinement ses paroles et jamais ne les retirait. Ce n'était pas là mépriser la personne à qui il parlait, non, mais bien faire preuve de rectitude. Il continua ainsi :

Quand à savoir ce que je veux à votre race... Et bien, je vais vous dire le fond de ma pensée. On a longtemps prétendu que les Bannis étaient une race maudite, les enfants d'une sorcellerie plus noire même que leur terre. On vous a craints, haïs pour cela. Pendant que les Quatre tiraient profit de la grande paix, on vous a volontairement laissé à l'écart, avec un mépris souverain. Tout cela, je l'ai lu dans les archives de mon peuple qui sont accessibles à tous. Pendant longtemps, je ne l'ai pas remis en question. Puis, je me suis confronté à la réalité des faits. Et mon verdict fut le suivant : oui, les Bannis sont bien une race damnée. Non pas du fait de leur magie, pas plus que de la prétendue noirceur de leurs âmes mais bien de par la dureté du traitement qui leur est infligé. Nul ne fait confiance à un Banni lorsqu'il le croise pour la première fois, et la confiance met bien du temps à s'installer. En tant que Merisien, je pourrai approuver cette façon de faire, ce refus du dialogue, mais je m'y refuse. Je n'ai aucune haine pour votre peuple, quoiqu'il ne m'inspire pas non plus une sympathie excessive. Je crois simplement qu'il vous faut une seconde chance, une chance de prouver que vous n'êtes pas les monstres que l'on décrit dans la littérature des quatre races. Il ne revient pas à moi, en tant que simple sujet du Patriarche, de vous la donner. Mais mon plus cher souhait est bien que l'on règle nos différends autour d'une table, un verre d'alcool à proximité, plutôt que sur un champ de bataille. Vënmher n'aime pas la guerre car elle nous obligerait à sortir de nos foyers souterrains. Nous ne brandirons nos haches et nos épées et ne retourneront notre magie contre la vie que si Thorgal décide de verser notre sang, au mépris d'une paix voulue par les Dieux, voilà mon intime conviction. Je ne suis pas ici pour porter le fer en vos foyers, je ne suis qu'un humble marchand. Et mon désir n'est pas de juger votre peuple mais bien de m'assurer que vos négociants ne dédaigneront pas passer avec moi des accords permettant un enrichissement mutuel. Pensez-vous donc toujours que je suis venu en votre pays par une néfaste volonté ?

Il était resté calme, avait parlé avec une décontraction qui l'étonnait lui-même. En cet instant, il se voyait un peu comme un ambassadeur de son peuple et espérait que les mots d'apaisement qu'il avait prononcés volerait jusqu'aux oreilles du Roi-renégat. La guerre couvait sous les braises de la paix, il n'était pas assez idiot pour l'ignorer. Et sans doute faudrait-il plus que des mots pour empêcher l'incendie de s'allumer. Mais s'il y avait des amitiés à créer, des partenariats à décider et des alliances à lier qui pouvaient temporiser l'inévitable, il fallait le faire, vaille que vaille.
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MessageSujet: Re: Qui vient déranger ma paix ?   Qui vient déranger ma paix ? EmptyDim 6 Mai - 22:23

La curiosité dont Dwillkin faisait preuve déboussolait Lakshmi. Jamais elle n'avais rencontrer quelqu'un désireux d'en savoir autant sur une même personne. L'impression que lui donnait le voyageur était d'avoir des yeux si perçants qu'ils sauraient découvrir tous les secrets d'un seul regard. Devant lui, elle se sentait dénudée. Dénudée de la peur que les gens lui associaient de son père, dénudée de la retenue qu'ils avaient à son égard par craintes de représailles... Les questionnements fusaient dans l'esprit de la princesse. Avait-elle bien fait de lui mentir sur son identité ? Le fait de devoir s'inventer une nouvelle vie pour conserver un mensonge la mènerait-elle aux problèmes ? Ses yeux qui caressaient la surface sombre du lac semblaient pensifs, ses oreilles entendaient chacune des intonations de la voix de son interlocuteur embrasé.

Je vois...

Elle baissa les yeux et lia ses mains devant elle en réfléchissant aux paroles qu'elle allait prononcer. Visiblement, ce Mérisien ne lui voulait pas de mal, ni à elle, ni à son peuple. Si tous les gens de sa race pensaient comme lui, peut-être envisagerait-elle d'allier Thorgal avec eux. Toutefois, les paroles de l'homme arriveraient bien certainement aux oreilles de son père, pour que celui-ci cesse d'imaginer que les quatre ne leur voulaient que du mal, ne voulaient que détruire leur peuple...

Je remercie votre honnêteté sur ce sujet, Dwillkin. Heureusement, vous avez la même opinion que moi sur ce sujet. Certains Bannis souhaitent se rebeller et tuer tous ceux n'ayant pas la même race qu'eux. Certains contiennent une haine si intense qui ne désire qu'éclater. Personnellement, je crois en mon peuple. Je crois que nous sauront nous élever aussi haut que vous, les quatre, mais non pas d'une façon violente mais bien pacifique, malheureusement, même le roi ne pense pas pacifique. On dirait que le sang et la violence sont les drogues des Bannis... Qu'on pourrait prendre une goutte du lac et la porter à nos lèvres pour devenir comme les autres: Cruels et sans pitié.

Ses yeux se levèrent vers le ciel maintenant aussi noir que l'eau puis elle poussa un petit soupir en se levant. Elle passa ses mains sur sa robe pour en enlever ses poussières et réajusta ses gants avant de tendre la main au Mérisien, lui apportant une aide pour se lever par simple gentillesse.

Qu'en deviens votre nuit ? Désirez-vous vous aventurer dans le noir pour rejoindre votre territoire ou restez-vous ici pour la nuit, aux risques qu'un animal sauvage vous tue pendant votre sommeil ?

Elle dit sa dernière phrase avec un petite sourire amusé qui semblait avoir effacé ses craintes au sujet du visiteur. Elles ne l'étaient pas, bien sûr, tout justes refoulées, cachées, oubliées... Tout cela pour faire un minimum confiance à ce Mérisien sans intentions malhonnêtes.
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MessageSujet: Re: Qui vient déranger ma paix ?   Qui vient déranger ma paix ? EmptyLun 7 Mai - 20:52

Vuzlin sourit. Il avait finalement trouvé ce qu'il était venu chercher. Soudainement, le futur lui apparut moins sombre. Sa lutte contre Mormont l'avait atteint au plus profond de ses convictions. Il en était presque venu à penser que ni les mots ni les rencontres entre peuples ne pourraient résoudre un conflit si ancien. La haine des Bannis pour l'étranger, la crainte des Quatre pour cette race déchue, ces venins insidieux qui tuaient toute forme d'amour et d'amitié, ils étaient à l’œuvre depuis si longtemps. Comme si la xénophobie était la seule vérité qui put les unir. Il s'en était désolé dès l'instant où il était monté sur le trône de Vënmher et s'était presque résolu à l'inéluctabilité de ce fait après avoir tué l'espion du Roi-renégat. Et voilà que cette jeune femme, là, devant lui, lui apportait de l'espoir. Pas un espoir ardent, pas une espérance folle mais un fil ténu qui lui permettait de se raccrocher envers et contre tout à un optimisme qu'il avait en peu de temps cru hors de saison. Car au-delà du caractère anodin de leur rencontre, il avait découvert qu'ici aussi des gens réprouvaient la guerre, la jugeant stérile et incapable de porter avec elle un avenir radieux. Irina n'était pas dupe certes, ne cherchant pas à nier le caractère explosif de la situation, mais il la sentait très attachée à la paix. Après tout, elle n'avait jamais connu de conflit armé, elle semblait à peine avoir la vingtaine. Il était compréhensible qu'elle ne souhaite pas risquer de perdre ce qu'elle aimait, sa famille, ses amis, sa terre - fut-elle si hostile - dans un combat à l'issue incertaine. Et maintenant qu'il y pensait, lui non plus ne le souhaitait pas. Il n'avait pas beaucoup d'amis, sa famille adoptive s'était éloigné de lui après qu'il eut découvert ses origines et il ne s'était jamais fiancé. Pourtant, il n'était pas seul. Les Merisiens étaient sa vraie famille, tout obtus, tout orgueilleux qu'ils soient. Ils étaient son peuple et il était prêt à tout pour les protéger.

Irina lui tendit la main, après lui avoir demandé quels étaient ses projets pour la nuit. Il sourit alors qu'elle l'aidait à se relever. Il avait tout d'abord remis ses chausses en vitesse puis s'était empressé d'accepter son aide. Elle parlait sagement : le Kölfrath n'était pas réputé pour être un lieu de villégiature, à plus forte raison la nuit. On le disait peuplé de sinistres créatures qui ne répugnaient pas à croquer un bout de Banni, ou de tout autre être pensant ayant le malheur de s'approcher d'eux. Il n'avait plus en tête leur nom mais il n'avait pas oublié la menace qu'ils faisaient peser sur leurs vies. Cela étant, il ne pensait pas qu'Irina soit venue ici sans y penser. Avec un peu de chance, il n'y en aurait pas dans les environs. Ils avaient bien parlé mais il devait penser à ce qu'il allait faire. Il serait dommage de se séparer si tôt sans avoir partagé ne serait-ce qu'une lieue de chemin. Vuzlin pensait que les voyages permettaient de connaître un homme, ou une femme, plus que tout autre chose. Il aimait à marcher de longues heures aux côtés d'une connaissance, juste pour le plaisir de parler et de contempler le paysage, qu'il fut de campagne ou de ville. Il n'aurait su expliquer d'où lui venait cette lubie mais elle ne l'avait pas desservi lorsqu'il s'était agi de courtiser quelque jeune Merisienne. Combien de fois avait-il échappé à la vigilance des anciens en plaisante compagnie, sous prétexte de faire connaissance pour finalement s'adonner à des jeux moins innocents ? Il n'était pas tellement plus vieux à présent mais les responsabilités lui avaient ravi ce qu'il restait de sa jeunesse. Il n'avait aucun regret mais cette période lui manquait.

Ma nuit ? demanda-t-il. Elle est déjà bien avancée puisque je vous ai rencontrée, Irina. Cela étant, l'aube est encore loin et il serait dommage que nous nous séparions alors que règnent encore les ténèbres. Aussi, si ma route est conjointe à la vôtre, je n'ai rien contre le fait de rester un peu plus à vos côtés. Votre pays n'est pas des plus accueillants mais votre présence en augmente grandement le cachet. Je vais toutefois devoir le quitter pour rejoindre la frontière avec Altheria afin de regagner Vënmher, ma patrie. Si vous daigniez m'accompagner un temps, je me sentirais plus rassuré au cœur de cette nuit si noire.

Il sourit plus largement encore. Il n'avait pas pu s'en empêcher, son esprit s'était si rapidement embrasé. Il ne cherchait pas à séduire la jeune femme mais il avait malgré tout parlé d'un ton plus osé. Sans doute était-il plus sensible qu'il ne le pensait aux charmes de la Bannie. Aucun homme ne l'en aurait blâmé, cela étant. Cependant, au-delà de ce vernis de séduction, il désirait réellement sa compagnie. Il se sentait étranger en ces terres et sa présence le rassurait comme une torche rassure le visiteur égaré dans les noires profondeurs de la Terre. C'était un peu comme si le simple fait de la connaître lui donnait l'impression de n'être pas venu ici sur un bête coup de tête mais par une décision mûrement réfléchie.
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MessageSujet: Re: Qui vient déranger ma paix ?   Qui vient déranger ma paix ? EmptyMer 30 Mai - 23:04

Lakshmi remarqua un sourire de la part du Mérisien lorsqu’il accepta sa main pour se relever sans toutefois, oublier de remettre ses chaussettes rapidement. Pas que le fait qu’il soit resté pieds nus aurait dérangé la princesse. Après sa petite discussion avec Dwillkin, tous les sentiments négatifs qui l’habitait au début de cette rencontre, disparurent pour laisser place à un semblant « d’amitié » ou bien tout simplement d’entente et de respect mutuel. Ils n’étaient pas là pour combattre ou conquérir un territoire. Tous deux s’étaient rencontrés dans la forêt, la nuit sur le point de se montrer. Discuter avec lui plaisait à Lakshmi qui prenait cette rencontre comme une échappatoire à sa vie. Il fallait dire qu’elle n’était pas vraiment elle-même présentement mais plutôt Irina Adronde, une bannie sans importance. Elle lui avait donné ce faux nom pour ne pas révéler sa véritable identité de princesse bannie mais peu à peu que le temps avançait, elle se mettait à le regretter. Pourquoi lui avoir donné un faux nom alors qu’elle aurait pu se dévoiler ? Était-elle si égoïste de devoir mentir pour espérer une amitié sans les accrochages que son père mettait au travers de toutes ses relations, involontairement ? Sûrement que cet homme finirait par le savoir, qu’il viendrait au château pour une quelconque raison et qu’il la verrait parée de son diadème ou encore, en compagnie de son père en sortie. Alors il verrait qu’elle lui avait menti et la confiance, si petite était-elle déjà, disparaîtrait sous ce mensonge. Finalement, elle lui posa la question de ce qu’il allait faire le restant de sa nuit et la réponse ne tarda pas à arriver. Alors qu’il lui répondit, un sourire s’étira sur ses lèvres, s’étirant à chaque mot qu’il prononçait. Elle ne voulait pas plus que lui que cette rencontre se termine tout de suite et elle était bien entendue, prête à le suivre même s’il désirait sortir du territoire des bannis. Une jeune femme comme elle, étouffée par son rang de princesse, appréciait chaque moment d’aventure hors-règles que pouvaient lui offrir les autres. Souvent, elle était partie seule en voyage, s’était promenée dans les différents territoires en prenant soin de ne pas se faire remarquer et chaque fois son cœur battait fort d’adrénaline comme si elle apprécait de défier les règles, de se trouver au beau milieu de gens qui devaient sans doute la détester tout simplement parce qu’elle était née du peuple maudit.

La nuit ne vous avalera pas tout cru tant que je serais avec vous.

Elle répondit à son sourire large par un encore plus large. Sa réponse démontrait une pointe de charme comme s’il voulait la séduire et joueuse, elle ne s’empêcherait pas de lui répondre avec cette même pointe de charme et d’essaie de séduction bien qu’elle savait qu’il n’y aurait rien entre lui et elle. Il suffisait de voir son allure, semblant plus vieille que celle de Lakshmi et on devinait facilement qu’il était la proie des années. Elle, en fleur, toute juste arrivée sur ses 17 printemps, contrastait intensément à côté de l’homme. Elle observa la Mérisien qui était maintenant sur ses deux jambes, lui adressa un petit sourire en coin puis réfléchit à la direction à prendre.

La frontière pour Altheria donc… Allons-y.

Elle se mit en marche, n’attendant même pas que l’homme la suive. S’il voulait rester encore plus longtemps près du lac, telle une proie qui se montrait volontaire, c’était son problème. Aucune créature n’était sympathique dans cette région mais étonnement, ils étaient beaucoup plus agressifs envers les visiteurs comme s’ils s’habituaient à la présence des bannis. Elle marcha un moment, heureuse de la compagnie de Dwillkin qui l’avait rejointe et marchait à ses côtés. On aurait dit qu’elle connaissait le chemin par cœur tant elle était sûre de sa direction bien que se diriger dans la nuit sombre était plus difficile qu’en plein jour. Elle tourna la tête vers l’homme, sans toutefois s’arrêter de marcher et lui adressa un grand sourire avant de reprendre la parole.

Parlez-moi un peu de vous, si ce n’est que votre nom et vos opinions politiques que je connais. Avez-vous une famille, des amis… ? Quels sont vos loisirs préférés ?


Elle eut un grand sourire. Oui, elle avait envie d’en apprendre encore plus sur ce Mérisien et si les questions devenaient trop personnelles à son goût, il n’avait qu’à lui dire et ils reviendraient sur les sujets de base, à contrecœur pour la princesse.
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MessageSujet: Re: Qui vient déranger ma paix ?   Qui vient déranger ma paix ? EmptyJeu 31 Mai - 22:32

Et voilà, la question était tombée. Simple, innocente. La glace était cette fois brisée, il pouvait le sentir. Vuzlin n'avait jamais eu de mal à engager et à suivre une conversation avec des inconnus. Il avait la capacité de mettre rapidement les gens à l'aise et lui-même savait se montrer ouvert à leur égard. Quoiqu'il aimât parfois les moments de solitude, pendant lesquels il pouvait réfléchir à son aise, la compagnie de ses semblables ne lui était pas un mal. Pas plus que celle des êtres d'autres races, pour le peu de contact qu'il avait pu avoir avec eux, visiteurs de passage ou résidents étrangers. Mais là, l'affaire était différente. Il n'était pas en territoire merisien mais en Thorgal, la terre d'un peuple qui avait autrefois été leur ennemi et qui n'avait visiblement pas entièrement désarmé. Il s'était attendu à un peu de résistance à son égard et peut-être y en avait-il eu mais il avait douté jusqu'au dernier instant qu'on en vienne à parler avec autant d'aménité. Cela étant fait, il se demanda comment parler de lui sans prendre le risque de trahir son identité véritable. Le mensonge lui était plus difficilement tolérable car il lui était odieux de travestir la vérité à une personne si amicale, et dont la compagnie lui était plutôt agréable. Mais malgré tout, il le devait à son peuple. Un Patriarche esseulé ne pouvait espérer durer en territoire potentiellement hostile. Il doutait fort que la jeune femme cherche à le vendre à son monarque mais ne pouvait négliger cette possibilité. Aussi devait-il rester Dwillkin. Et puis, il pouvait fort bien ne plus mentir que par omission, oubliant les détails permettant de l'assimiler au seigneur du peuple de la Terre.

Ma famille ? Oui, j'ai une famille, dit-il, légèrement pensif. Un couple qui m'a recueilli lorsque mes deux parents eurent péri, dans mon âge le plus tendre. Ils ne sont pas de mon sang et je ne porte pas leur nom mais on peut dire qu'ils sont pour moi comme un père et une mère. Voilà bien longtemps que je ne les ai plus vus. Cela est bien injuste mais certaines personnes ont décrété qu'il n'était pas très séant pour un homme fait de souvent fréquenter ceux qui n'ont eu nulle part à sa conception. J'avais bien quelques frères et sœurs d'adoption mais, de même, je ne les ai plus croisé depuis un certain temps. Sans doute ferais-je fi des convenance pour leur rendre une petite visite lorsque mes pas me ramèneront aux portes de Vënmher. Sinon, j'ai également une grand-mère mais son absence pendant l'intégralité du temps de ma jeunesse ne me la fait pas reconnaître comme telle. Elle peut bien porter le même nom que moi, elle n'a jamais fait réellement quoi que ce soit pour moi. Le sang n'est pas tout, loin s'en faut.

Il s'arrêta. La famille. Un sujet qu'il n'aimait pas spécialement aborder. Ce mot ne lui rappelait que trop les errements de la lignée dont il était l'ultime rejeton. On avait autrefois prétendu qu'il avait une sœur véritable mais qu'était-elle devenue ? Mystère. Et peu lui importait au fond, ceux qui l'avaient élevé n'était pas légalement sa famille, soit. Mais son éducation avait bien plus de prix que l'héritage d'un patronyme, si chargé d'histoire qu'il fut.

Quant aux amis, reprit-il, j'en ai bien par-ci par-là. En entrant dans l'âge adulte, j'ai perdu de vue bien de mes anciens camarades, et je le déplore. Mon métier ne me permet pas de lier d'amitié véritable désormais. Le temps me manque pour cela, tiraillé que je suis entre mes obligations et les déplacements incessants que mon emploi m'impose. Ceux qui sont restés, je les vois assez peu, mais leur compagnie m'est agréable, quand bien même je ne les vois que trop rarement. Je m'astreins bien souvent à être seul, sur les routes et dans mes bureaux, à travailler d'arrache-pied. Mais ce sont là les aléas de la vie que j'ai choisie, et en cela je ne regrette rien.

Parler de ses loisirs ? Un Patriarche ne pouvait se permettre que bien peu de temps pour se délasser. Et ce temps, il aimait l'employer aux délices d'une activité qu'on ne pouvait pratiquer que dans l'intimité la plus totale. Qu'y pouvait-il ? Les vieux du Conseil lui reprochait de se vautrer dans la luxure mais il les ignorait. Il n'était pas un si grand débauché qu'ils aimaient à le penser. Il n'imposait jamais ses désirs à ses partenaires, portait son choix sur certaines de ses connaissances qu'il avait déjà eu l'occasion de "fréquenter" avec assiduité et n'était pas avare de cadeaux et d'attentions. Vuzlin Arthrond avait beau méconnaître l'amour véritable, tout à la fois le chercher et le redouter, il n'était pas pour autant un rustre paillard et irrespectueux. Tout cela, pouvait-il se permettre de le dire librement ? Il n'avait jamais fait mine de cacher son attirance pour les femmes de basse extraction et sa recherche perpétuelle de muses qui ne considèrent pas que le bonheur réside dans la grosseur du diamant ornant la bague qu'elles portent au doigt. Mais pouvait-il dévoiler cela si facilement devant Irina ? Après tout, pourquoi pas ? Et puis, la plupart de ses moments de joie, il les passait aux côtés de ses maîtresses. Jeux, discussions se poursuivant tout au long de la nuit, tout n'était pas forcément question de sexe.

Pour ce qui est de mes loisirs, et bien disons que je me plais à pratiquer tout ce qui peut m'apporter quelque distraction. Mon métier me prend beaucoup de mon énergie, et de mon temps. Mais si je devais citer quelques uns, sans doute citerais-je la lecture, la musique et toutes ces choses qui permettent l'élévation de l'âme. Cependant, peu importe ce que je fais, mon temps libre n'est jamais mieux occupé que lorsque je le passe aux côtés des femmes dont j'ai l'honneur de partager la couche. Je n'ai pu trouver de femme qui me convainque de m'engager plus que cela et je crains par ailleurs de n'avoir pas les moyens de rendre heureux une compagne. Aussi, voleté-je comme un papillon, vivant de mots doux et de baisers, de fous rires partagés et des relations intimes que peuvent avoir ensemble un homme et une femme.

Il craignait d'avoir été trop loin. Son caractère, souvent jugé libertin, lui aliénait parfois ceux dont la moralité n'autorisait que les mariages de raison et le devoir conjugal, pâle parodie d'ébats véritables. Il n'en avait cure mais il ignorait si Irina était aussi compréhensible sur ces sujets ou faisait preuve de rigorisme moral.

Cela étant, précisa-t-il, j'espère ne pas vous avoir troublée. J'ai une grande liberté de parole sur ces sujets, on me le reproche bien souvent. Surtout ceux de mes collègues affligés par un âge avancé. Je ne tenais pas à me vanter sur le nombre de mes conquêtes ou quoi que ce soit de ce genre. Il me semblait juste important de mentionner qu'il m'est agréable de passer du temps aux côtés de celles qui ont pour moi quelque affection. Il m'est difficile de voir ma famille, de par la frilosité des conventions de notre société, et je n'ai que trop peu de vrais amis. Dans une chambre, personne ne vous observe, ni ne vous juge et je me plais à ces instants passés dans l'intimité. Il y a bien plus de sincérité dans les baisers d'une amante que dans une relation d'affaire. Et de par mon métier, je ne saurais mieux attester de cette réalité.

Il avait dévoilé ce que pouvait être sa vie. Elle n'était dans le fond pas si différente de celles de tant d'autres. Au détail près qu'il était Patriarche. En un sens, il n'avait fait qu'éluder cette précision. Et si Irina ignorait se tenir en face du Patriarche de Vënmher, elle pouvait contempler dans son intégrité l'homme qu'il était. Dwillkin ou Vuzlin ? Peu importait au fond.

Cela étant, assez parlé de moi, poursuivit-il. Vous même avez sans doute beaucoup de choses à raconter. Je ne saurais croire qu'une charmante personne comme vous n'ait rien à dire d'elle-même. En Vënmher, on néglige bien trop souvent ce que les femmes ont à dire mais tel n'est pas mon cas. Je vous accorde volontiers un peu plus de mon attention. A vous, Irina.
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MessageSujet: Re: Qui vient déranger ma paix ?   Qui vient déranger ma paix ? EmptyMar 26 Juin - 17:08

Ma famille ? Oui, j'ai une famille. Un couple qui m'a recueilli lorsque mes deux parents eurent péri, dans mon âge le plus tendre. Ils ne sont pas de mon sang et je ne porte pas leur nom mais on peut dire qu'ils sont pour moi comme un père et une mère. Voilà bien longtemps que je ne les ai plus vus. Cela est bien injuste mais certaines personnes ont décrété qu'il n'était pas très séant pour un homme fait de souvent fréquenter ceux qui n'ont eu nulle part à sa conception. J'avais bien quelques frères et sœurs d'adoption mais, de même, je ne les ai plus croisé depuis un certain temps. Sans doute ferais-je fi des convenance pour leur rendre une petite visite lorsque mes pas me ramèneront aux portes de Vënmher. Sinon, j'ai également une grand-mère mais son absence pendant l'intégralité du temps de ma jeunesse ne me la fait pas reconnaître comme telle. Elle peut bien porter le même nom que moi, elle n'a jamais fait réellement quoi que ce soit pour moi. Le sang n'est pas tout, loin s'en faut.

Tout en marchant, Lakshmi relevait le bas de sa robe pour ne pas la salir dans la terre à leurs pieds. Si elle avait regardé son compagnon pour lui poser la question, elle ne le regardait plus lorsqu’il lui répondit. Elle regardait où elle allait, tentant de trouver son chemin jusqu’à la frontière du mieux qu’elle le pouvait dans le noir. Juste avant de s’engager dans une forêt autant sombre que dangereuse, elle s’arrêta et ramassa un morceau assez solide de bois sec. Elle écoutait son partenaire de voyage discuter mais ne l’écoutait que d’une oreille en tentant de mettre le feu au bout de bois. Oui, elle avait posé cette question pour apprendre qui était Dwillkin mais aussi peut-être plus pour qu’il fasse la conversation à sa place, l’empêchant de parler d’elle-même. La princesse savait que si elle s’enfonçait trop dans la conversation, si elle parlait avec trop de liberté, elle se planterait. Elle dirait ce qu’il ne fallait pas et il devinerait, c’était sûr. N’empêche, si elle l’encourageait à parler, il fallait bien qu’elle lui réponde donc elle leva les yeux lorsqu’elle l’entendit parler de ses amis. De son incapacité à en avoir à cause de son métier trop chargé…

Je m’en désole pour vous. La vie n’est-elle pas terne sans amis ?

Elle pouvait bien parler… Elle n’avait pas beaucoup d’amis non plus. Finalement, après s’être presque battue pour allumer le feu de sa torche improvisée, elle se releva et sourit à l’homme devant elle qui continuait encore de parler, répondant à son ultime question qui était au sujet des loisirs. Elle reprit le chemin sans se départir de son sourire tout en l’écoutant lui parler de ses loisirs. Elle eut un petit rougissement lorsqu’il parla des sports de chambres mais se détendit un peu en y riant. Tout le monde appréciait le sexe, bien sûr, mais peu le disaient aussi ouvertement.

Cela étant, j'espère ne pas vous avoir troublée. J'ai une grande liberté de parole sur ces sujets, on me le reproche bien souvent. Surtout ceux de mes collègues affligés par un âge avancé. Je ne tenais pas à me vanter sur le nombre de mes conquêtes ou quoi que ce soit de ce genre. Il me semblait juste important de mentionner qu'il m'est agréable de passer du temps aux côtés de celles qui ont pour moi quelque affection. Il m'est difficile de voir ma famille, de par la frilosité des conventions de notre société, et je n'ai que trop peu de vrais amis. Dans une chambre, personne ne vous observe, ni ne vous juge et je me plais à ces instants passés dans l'intimité. Il y a bien plus de sincérité dans les baisers d'une amante que dans une relation d'affaire. Et de par mon métier, je ne saurais mieux attester de cette réalité.

Je vous comprend tout à fait et approuve votre point à 100%.

Elle lui sourit mais son sourire s’évanouit lorsqu’il lui demanda de parler d’elle. Elle aurait bien mieux aimé qu’il continue, qu’il s’évade dans les profondeurs de ses paroles, qu’il s’ouvre à elle plutôt qu’elle ne doit s’ouvrir à lui. Elle faillit le corriger lorsqu’il l’appela Irina mais se rappela qu’Irina était sa personnalité empruntée juste avant d’ouvrir la bouche.

Je serais bien trop bien en Vënmher alors ! La charmante personne qui vous fait face en a bien moins à dire que vous avez pu en dire. Je dois avouer que je n’aime pas trop parler de moi… toutefois, je ferai un effort.

Elle prit une grande respiration en avançant toujours dans la forêt beaucoup moins sombre depuis qu’elle était armée de sa torche. Il y eut un moment de silence, histoire qu’elle trouve ce qu’elle dirait à Dwillkin puis elle le regarda et prit la parole.

Comme vous j’aime bien les moments passés sous la couette mais le reste est totalement différent. J’ai assez d’amis mais peu à qui je peux faire confiance. Souvent on est repoussés par mes origines mais les seuls qui poussent à essayer de me comprendre, de me connaître sont mes bons amis. Ceux à qui je peux faire confiance. J’aime bien écrire dans mon journal ou sinon me pratiquer à ça…

Avec un petit sourire, elle fit réapparaître Shenosha. Elle pouvait cacher toute sa vie à Dwillkin si elle le voulait mais cacher sa meilleure amie était impossible.
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MessageSujet: Re: Qui vient déranger ma paix ?   Qui vient déranger ma paix ? EmptyMer 27 Juin - 17:57

Il sursauta légèrement lorsque la bête de nuit surgit du néant. Mais il s'apaisa rapidement. Étrangement, elle ne le troublait plus tant que ça. Il se prit même à lui trouver une beauté certaine. Pas visuellement parlant, cela étant. Ce n'était pas tant son allure de fauve mêlé de canidé qui l'avait dérangé jusque-là. Objectivement, même si l'ensemble choquait un peu par son étrangeté, l'animal semblait étonnamment gracieux et puissant, une parfaite machine à tuer il était prêt à le parier. Elle avait pour elle l'attrait qu'exerce les prédateurs, cette dangereuse attirance qui fascine et captive l'attention. Il s'était d'ailleurs surpris à se demander à quel point elle pouvait se montrer redoutable au combat. Mais non, ce qu'il lui trouvait était plutôt de l'ordre magique, spirituel même. Elle était certes constituée de cette répugnante énergie noire tirée des tréfonds que manipulaient les Bannis mais il sentait autre chose en elle. Une sorte de mélodie ténue qui agitait les flux magiques courant sous sa peau recouverte de poils noirs. Et cette mélodie lui semblait belle. Elle parlait de la chute des Bannis, de leur misère et de leur souffrance, mais aussi de leur appétit de vivre, de leur espoir de connaître une vie meilleure. Certaines choses lui plaisaient moins, parlant de haine, de guerre et de destruction. Conférant même à la folie. Mais elles étaient indissociables du reste, et en relevait la délicate beauté. Comment il pouvait sentir tout cela ? Il l'ignorait. C'était comme si la magie, pourtant si noire, gagnait des sentiments une fois mise en forme. Comme si elle devenait réellement un être libre, pensant. Il n'avait pas ressenti cela lorsqu'il avait combattu Mormont. La magie noire était alors aveugle, brutale, ne cherchant qu'à assimiler toute vie, pour mieux la détruire. Il frissonnait rien qu'en y repensant. Mais cette chose, ou plutôt cet être... Shenosha, elle semblait porteuse d'amour, d'une affection réelle pour sa maîtresse. Quant à savoir si elle était vivante ou si la magie des Bannis permettait d'en donner l'illusion, il ne pouvait trancher. Mais il était prêt à parier que la bête enténébrée s'adressait à lui, par ces biais si subtils. Et elle avait quelque chose de sa créatrice qui telle la rose noire, était d'une sombre beauté mais non dépourvue de piquants.

En tout cas, dit-il, voilà une amie qui ne manque jamais de tomber à point. J'ai moi-même eu quelques amis sincère que je garde aujourd'hui encore en estime malgré notre éloignement, mais jamais un de cette nature. Votre maîtrise de la magie est fabuleuse. Je n'ai certes pas eu beaucoup d'occasion d'observer l'un des vôtres à l’œuvre mais ceci est tout bonnement digne de louanges. Notez bien, qu'en tant que Merisien, mon corps tend à se révolter automatiquement contre la présence d'énergie noire. Et pourtant, je suis à présent aussi calme qu'on puisse l'être. Cela signifierait que vous avez réussi à totalement subjuguer la part magique constituant votre... amie. Ainsi, elle tiendrait plus de vous que de sa sombre contrée d'origine, quelle qu'elle puisse être. Je sais peu de chose de vos pratiques magiques mais de ce que j'en ai appris, cela semble être une prouesse. La plupart des mages se débarrasseraient de leur invocation sans soucis d'avoir à la ré-invoquer à l'identique, toute forme de personnalité conservée. Le lien qui vous unit serait plus fort que ce qu'on peut observer entre deux êtres d'une même espèce que ça ne m'étonnerait pas.

Tout cela, il le pensait vraiment. Il avait pris la peine d'écouter, et avait perçu dans les remous de son être la symphonie ténue que lui renvoyait Shenosha. Se pourrait-il qu'Irina ait franchi un nouveau cap dans la maîtrise de l'énergie noire ? De ce qu'il savait, cette dernière, de par son origine, ne pouvait en fin de compte que corrompre et détruire. Les atrocités commises par les Bannis sur les champs de bataille à l'aide de sortilèges surpassaient en termes d'horreur les "banals" viols, pillages et massacres qui ne manquaient pas de se produire dans le sillage des armées en campagne. Mais il ne ressentait rien de tel, là. Il avait même l'impression de mieux comprendre la Bannie qui marchait à ses côtés, et de l'apprécier davantage pour cela.

Et c'est une chose que je comprends, ajouta-t-il. La magie est une chose à la fois merveilleuse et terrible, qu'elle soit des éléments ou noire. Beaucoup peuvent la maîtriser, si ce n'est tous. Mais si peu la voient comme autre chose que comme un outil. J'ai beau avoir un métier des plus terre à terre, j'ai envie de me dire que la magie a plus pour but de nous faire comprendre qui nous sommes réellement que de nous offrir la conquête du monde. La magie nous confère le pouvoir de faire certaines choses, et nous en interdit parfois d'autres. Elle nous guide vers quelque chose de... meilleur, je dirai. Il n'y a en théorie que cinq types de magie et pourtant. Voyez comme il y a de façons différentes de la pratiquer. Je ne vous demande pas d'adhérer à ce que je vais dire mais écoutez malgré tout. Les dieux nous ont confié ce pouvoir afin que nous devenions ce que nous devons être. Pas des archétypes de nos races respectives, non. Mais bien des êtres pleins et entiers, conscients. Et à ce titre, votre façon de pratiquer la magie m'enchante, bien qu'elle m'ait d'abord effrayée par sa nature. De mon côté, je me dis que notre magie nous relie au sol, à la Terre. Nous vivons en son sein, elle est notre protectrice et notre nourricière. Voyez, Irina, comme la magie nous fait prendre conscience du caractère vivant de chaque chose. Voilà le cadeau des dieux...

Il leva la main, avec douceur. Il étendit chacun de ses doigts, lentement, présentant devant lui sa paume lisse. Il entra instantanément en contact avec la magie terrestre. C'était toutefois plus difficile, comme si la Terre elle-même se refusait à revendiquer sa suprématie au cœur des territoires souillés par la noirceur du Dieu fou. Mais il parvint malgré tout à distinguer chacun des composants du sol sous ses pieds, sentir chacune des vibrations qui composaient le spectre magique du terrain environnant. Il ne chercha pas à entrer en résonance avec lui, il ne voulait pas se couvrir d'une peau de pierre, non. Il préféra imposer sa propre fréquence à quelques uns des petits cailloux qui jonchaient le sol non loin. Il les attira à lui, et ils décollèrent du sol pour filer en direction de cette paume blanche qui semblait tendue en un geste patriarcal. Aussitôt, il les fit graviter autour de son bras, lentement. Comme s'ils tournoyaient non dans l'air mais dans une mare d'huile. Ce n'était pas de la grande magie, certes, mais il pouvait sentir le contact avec la Terre bienveillante. Et cela le mettait dans une joie profonde. Il laissa le jeu se poursuivre quelques secondes puis laissa la gravité reprendre ses droits. Il expira profondément, moins à cause de l'effort que parce qu'il regagnait la réalité amputée qui était celle de tous les jours. Une réalité dans laquelle la magie se tapissait mais jamais ne s'exhibait.

Avez-vous vu ce que je voulais vous montrer ? Peut-être me prenez-vous pour un fou. Ne vous méprenez pas. Il ne s'agit pas de la transe d'un fanatique mais plutôt d'un émerveillement sincère pour ce que le monde peut nous offrir de meilleur. Par ce simple fait, chair et pierre n'ont fait comme s'ils n'étaient plus qu'un. Et cela nul ne peut le voir, on ne peut que le sentir. Voilà quel type de lien, je crois, vous unit à votre amie. C'est cela, la vraie puissance de la magie.
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