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 Ce que recouvrent les cendres [Terminé]

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MessageSujet: Ce que recouvrent les cendres [Terminé]   Ce que recouvrent les cendres [Terminé] EmptyMar 10 Avr - 19:55

Un vent chaud fit voleter la longue chevelure aux reflets de jais de Vuzlin. Le Merisien en avait plus qu'assez de cette équipée en solitaire dans cette contrée si hostile. Il ne comptait plus les jours depuis la dernière fois qu'il avait serré dans ces bras l'une des modestes jeunes femmes qui peuplaient les quartiers de la Ville Basse de Vënmher. La dernière d'entre elle était une humble fille de marchand, dont l'entêtant parfum n'avait cessé de le hanter. Même ici, même au beau milieu des cendres et de la chaleur infernale des brasiers, il gardait en lui la souvenance de sa fragrance, comme un rempart face à l 'agression de ses sens les plus actifs. Seuls ses yeux semblaient s'en donner à cœur joie . En ce pays de nuances entremêlées et de jaillissements, ses yeux, avec l'aide des ustensiles de sa création, étaient en mesure de percevoir la beauté sauvage de ce pays. Un pays dont on disait les habitants aussi rudes que la sécheresse de ses sols. Vuzlin appréhendait quelque peu de rencontrer le Héraut, lui que l'on présentait comme le plus glorieux et le plus brave de tous. Il avait fait halte à Rougeflammes, mû par la curiosité, et n'y avait trouvé que de bien piètres forges. Les épées, quoique de bonne facture, lui avait semblé au combien grossières et indignes des guerriers Merisiens. Pourtant, il n'avait pu qu'être admiratif de l'ardeur au travail de ces Eradrins, que l'on devinait tout autant guerrier que forgerons. Leurs cœurs semblaient brûler avec autant, si ce n'est plus, d'ardeur que les foyers des incendies dans lesquelles ils plongeaient leur fer. Ils l'avaient impressionné, et presque touché, lui qui ne s'émouvait pourtant que des ouvrages d'excellence, qu'ils soient de la main d'êtres conscients ou fruits d'une nature bienheureuse. Si les hommes et les femmes de cette communauté jouissait de la réputation d'être plus subtils et moins orgueilleux que partout ailleurs, Vuzlin ne pouvait qu'anticiper la splendeur du Héraut. Voilà qui promettait bien trop d'émotion pour lui qui se pensait comme un simple Merisien, Patriarche certes, mais avant tout enfant de Vënmher et époux du devoir.
Loin devant lui, peu avant que la ligne d'horizon ne lui dissimule le reste du monde,Vuzlin pouvait contempler le mont Serkaï. Encore un autre fier enfant de la nation de Phoebia, un enfant bien gesticulant à dire vrai. Fumant et crachant sans relâche, le géant n'en semblait que plus infantile. Tellement plus dignes étaient les racines de Vënmher, drapées dans leur voile de ténèbres et de silence. Le Héraut avait insister pour qu'il le rejoigne au beau milieu de la vaste plaine des Landes Grises, un endroit tout à la fois sinistre et d'une terrifiant beauté, que l'on avait bien du mal à imaginer généreux et prompt à donner la vie, comme c'était le cas. Le vent charriant les cendres et les braises encore tièdes n'arrangeaient rien à l'affaire. Vuzlin ne regrettait pas de n'avoir pris qu'un simple habit d'étoffe légère, tant l'air semblait s'alourdir de tous ces cadavres de combustions. Si on devait l'attaquer, et bien soit. Au moins serait-il plus léger et plus prompt à s'enfuir. Et s'il devait faire front, au moins aurait-il la dignité de ne point se protéger de l’œuvre d'autrui. Une seule armure était digne d'habiller le digne descendant des Arthrond, la Terre elle-même, dont il se faisait fort de faire un manteau en temps de danger. Cela étant, il n'avait eu qu'à s'occuper d'un étrange lézard de fort petite taille qui se piquait de lui carboniser la barbe d'un souffle puissant. Le Patriarche s'était contenté de lui défoncer le crâne d'un coup de la petite hache à tranchant simple qu'il tenait maintenue à sa ceinture, juste au cas où. Pas question de dépenser plus d'énergie que nécessaire pour abattre un tel avorton, et autant dire qu'il impensable pour un tel avorton d'en appeler à la Terre. Jamais Vuzlin ne réveillerait la Mère de tous pour telle bagatelle.
Le Patriarche approchait du point de rendez-vous. C'était à sa demande que le chef de tous les Eradrins se déplaçaient. Après tout, lorsqu'il s'agissait de Bannis, Jathel Linandëis n'était point le dernier. Le courrier qu'il lui avait fait parvenir n'avait pas manqué de l'alarmer et il s'était empressé de lui répondre, lui donnant rendez-vous au beau milieu des Landes Grises, où nul ne pourrait les déranger. Et là où personne ne s'inquiéterait de voir le souverain d'une nation étrangère, pensa Vuzlin. Peu importait après tout, il était question de traquer et d'intercepter un espion du Roi-renégat, pas de quémander des faveurs auprès du Héraut. Le temps était pressé avant que le scélérat qui avait tenté, sous couvert de commerce, de corrompre la nation de la Terre, n'échappe à la justice du Patriarche en joignant Thorgal. Vuzlin était parmi les premiers à autoriser les Bannis de bonne volonté à pénétrer les territoires des Merisiens de la surface. Mais il était intolérable qu'un magicien abuse de bonté pour perpétrer de tels méfaits, au mépris des règles même qui régissent la paix des Quatre. S'il devait en appeler au Héraut pour punir un sinistre fauteur de guerre, ainsi en serait-il. Voilà d'ailleurs qu'il approchait du lieu où devait se retrouver son homologue. Peut-être fallait-il en blâmer sa vue médiocre mais il ne le voyait point à l'attendre dans le lointain. Il sourit. Pas la peine de s'inquiéter, pensa-t-il, il sera là bien assez tôt. Il est d'ailleurs fort à parier qu'avec d'aussi grandes jambes que les siennes, il sera là avant moi. Il rit intérieurement.


Dernière édition par Vuzlin Arthrond le Mer 23 Mai - 22:29, édité 1 fois
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MessageSujet: (en cours d'écriture)   Ce que recouvrent les cendres [Terminé] EmptyMer 11 Avr - 6:21

CE QUE RECOUVRENT LES CENDRES

Quelques jours plus tôt

Le jeune Héraut des Eradrins s'entraînait dans la cour d'entraînement du Château du Conseil, en compagnie de ses Gardes. Il se battait à l'épée contre cinq adversaires mais bien entendu, il parvenait à les surpasser. Mais faisant partie de l'élite, ces guerriers ne laissaient jamais tomber et voilà l'une des raisons pour lesquelles ils ont été chargés de la protection du Héraut. Leur fierté équivalait celle du Souverain des Eradrins. Cela faisait plus de deux heures qu'ils s'entraînaient sans relâche et quasiment non stop. Mais soudainement ils furent interrompus par un Eradrin, travaillant pour le Château , qui se jeta aux pieds du jeune Héraut qui fit un pas en arrière tout en le dévisageant d'un regard de profond dégoût. Il lança d'une voix froide:

- J'espère pour toi que c'est important car sinon tu seras châtié dans le cas contraire.

L'Eradrin s'inclina face à Jathel, puis ouvrit la bouche et dit d'une voix respectueuse:

Mon Seigneur, un messager venant de Venmher désire de s'entretenir avec vous.

Les sourcils froncés, Jathel se revêtit normalement puis prit son épée et se dirigea vers l'entrée du Bâtiment. Mais que faisait un Merisien sur son territoire? Que souhaitait-il ? Le meilleur moyen de savoir, c'était d'aller voir son hôte. Lorsqu'il arriva à sa hauteur, il dit d'une voix calme mais avec un zeste de mépris:

- Bonjour cher ami, que viens-tu faire en ces lieux? Le Merisien semblait être horrifié par rapport à la taille gigantesque des Eradrins mais il parvint à se ressaisir et dit en toussant:

Je viens en ces lieux pour vous mander un courrier de la part de mon souverain, le Patriarche Arthrond, Sire. S'il vous plaît ne faites rien. Il jeta au Héraut un léger regard suppliant tout en lui tendant le parchemin, celui-ci le prit aussitôt des mains et commença sa lecture sans rien répondre au messager Merisien.


A l'adresse du Héraut de Phoebia, souverain de tous les Eradrins.


Seigneur Linandëis,
je vous ai fait mander ce courrier afin qu'il vienne à votre connaissance que l'homme répondant au nom de Rodrik Mormont, du peuple des Bannis, avait franchi il y a peu la frontière séparant nos deux nations. Cet homme est un criminel, parjure ayant transgressé la paix des Quatre. Il a été établi que Mormont a tenté de corrompre le peuple Merisien par l'usage de magie noire et quatre de mes sujets ont vu apposé sur eux la sinistre marque dont font usage les blasphémateurs Bannis. Par chance, nous n'avons à déplorer aucune mort mais il semble d'après les informateurs de mon armée que Mormont n'en soit pas à son premier essai. Des traces de ses agissements ont été retrouvées dans les quatre nations et nous serions bien malavisés de ne point lui donner la chasse avant qu'il ne regagne Thorgal, afin d'y être oublié. Au nom de la paix des Quatre et du devoir de protection de tout souverain envers ses sujets, je vous conjure de me porter assistance dans la traque que je me propose de donner au malandrin. En tant que seigneur de Vënmher, je me ferai l'exécuteur de mon peuple et laverai moi-même, et seul, l'honneur de notre nation. Daignerez-vous me laisser pénétrer sur vos terres ? Et mieux encore, allierez-vous vos forces aux miennes, afin de venger le camouflet infligé aux Quatre ? Dans l'attente de votre réponse,

Vuzlin Arthrond, Patriarche de Vënmher et souverain de tous les Merisiens.

Lorsque Jathel eut fini sa lecture, il leva lentement ses yeux vers les personnes présentes dans la Salle, qui le regardaient avec un respect légèrement apeuré. Ses iris rougeâtres S'enflammerent légèrement, puis après une longue inspiration, il se tourna de nouveau vers le Merisien et lui dit d'un ton noble:

- Je t'offre l'hospitalité pour ce soir et demain, mais je souhaite que tu quittes ce Château le plus tôt possible pour que tu puisse rapporter ma réponse à ton souverain. Est-ce clair? Puis se tournant vers les rares Eradrins, il leur ordonna d'un simple regard perçant d'exécuter son ordre silencieux. Aussitôt ils sortirent de la pièce laissant le Merisien seul avec le Héraut qui lui fit signe qu'il pouvait partir suivre les Gardes. Celui-ci s'exécuta et laissa le Héraut seul dans la Grande Salle du Château du Conseil. Il inspira longuement puis il quitta également la pièce pour se diriger vers ses quartiers afin d'entamer l'élaboration de sa réponse à l'attention du Patriarche. Tandis qu'il marchait en direction de ses quartiers, il pensait à la missive et essayait d'analyser les éléments clés de cette lettre. Tout comme lui, le chef des Merisiens avait senti que les Bannis se mobilisaient . Une légère menace planait au dessus des Quatre mais Jathel n'en avait nullement peur, bien au contraire il était prêt à tout pour éliminer le maximum de Bannis. Il arriva finalement dans ses quartiers puis il prit un parchemin et une plume. Il inspira puis après de longues secondes à fixer devant lui, puis soudain il se mit à écrire:

Seigneur Arthrond

J'ai bien reçu votre missive et j'ai bien lu le contenu. J'ai moi-même ouïe dire que les Bannis seraient sur le point de se mobiliser afin de détruire l'Equilibre qui régit les Quatre. J'ai placé quelques espions en lisière de Thorgal afin de voir les agissements de ces êtres... Selon mes sources, ils seraient bientôt prêts et nous avons le devoir d'empecher cela.
D'ailleurs c'est en cela que j'accepte de faire cette traque a vos côtés mais avant de commencer, une rencontre entre nous doit s'imposer.

Je propose donc de venir dans la Contrée de Phoebia dans quelques semaines. Notre Lieu de Rendez-Vous sera les Plaines Grises au Sud de la Contrée.

Jathel Linandëis, Héraut de Phoebia et Souverain de tous les Eradrins

Lorsqu'il eut terminé sa missive, Jathel se mit à réfléchir longuement. Il avait pris la bonne décision comme d'habitude et cette fois, il ne laissera point un Banni pénétrer ses terres. Et ce quitte à s'allier réellement aux Trois autres Nations. Car en effet cela ne concernait pas uniquement les Eradrins mais tous les Peuples d'Elirondia ayant souffert de la Tyrannie des Bannis. Il leva les yeux vers le ciel et sourit comme s'il venait d'apercevoir le Dieu Menrath. La journée se termina rapidement. Et le lendemain, le Messager décida de repartir dans sa contrée, par conséquent le Héraut lui donna sa missive à l'attention du Patriarche. Le Merisien s'inclina respectueusement puis Partit. Dorénavant une attente allait se faire ressentir dans les gestuels du jeune souverain des Eradrins.

Le jour-j

Lorsque le jour de leur rencontre arriva finalement, Jathel s'était simplement vêtu d'une chemise de soie de couleur noire accompagnée d'un pantalon brun en peau de Dragon. Il avait annoncé qu'il partait accomplir des choses dans les Landes Grises et qu'il ne souhaitait nullement se faire accompagné; le premier qu'il chopera à le suivre serait sauvagement châtié voire il serait obligé d'être participant désigné pour les Prochaines Joutes. Il était donc parti aux Aurores, galopant à toutes allures. Il devait essayer d'arriver avant le Merisien mais sur son chemin, il avait été souvent contraint à s'arrêter afin d'aider des personnes en difficultés .

Au prix d'une vingtaine d'arrêt, il arriva enfin au lieu de Rendez-Vous et des lors il constata que son homologue était déjà présent sur les Lieux. Le jeune Héraut s'avança tranquillement mais préservant tout de même sa vigilance. Il dit d'une voix forte mais calme :

- Vuzlin Arthrond?

Il fixa le Merisien tout en attendant une quelconque réponse
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MessageSujet: Re: Ce que recouvrent les cendres [Terminé]   Ce que recouvrent les cendres [Terminé] EmptyJeu 12 Avr - 17:45

Autant dire que le sieur Linandëis ne déparait point la vigoureuse espèce des Eradrins. De toute sa hauteur, il dominait clairement le Merisien, du moins en ce qui concernait le physique. Vuzlin s'était préparé à cette rencontre du mieux qu'il avait pu pendant tout le temps qu'il avait patienté. En tant que Patriarche de Vënmher, il était de son devoir de ne point paraître intimidé, de ne point trembler, quand bien même son interlocuteur était l'un des géants de Phoebia. Il avait été impressionné par la force de cette nation mais il avait des devoirs envers son peuple, y compris celui de le représenter fièrement et de ne jamais s'écraser face à un dirigeant étranger. Avec lui, c'étaient bien tous les Merisiens qu'il engageait. Il se devait d'être fort, surtout en ces temps troublés. Il fit face à Jathel, l'air assuré mais pas agressif, grave mais pas sinistre. Pour un peu, un petit sourire eut illuminé son visage mais il tenait à garder une expression stricte de sérieux. Les affaires d'Elirondia ne se prêtaient pas à la plaisanterie, voilà bien une certitude. Il répondit :

C'est bien moi, et c'est un immense honneur que de rencontrer pour la première fois le Souverain de cette fière nation. Vous avez souhaité notre rencontre en ces lieux et je m'y suis présenté, comme vous me le demandiez.

Il examina plus en détail le dirigeant. Il était assurément d'une vigoureuse constitution, vigoureuse semblant même un mot trop faible. En tant que Merisien, Vuzlin ne doutait pas de pouvoir développer autant de force que lui dans ses bras mais il se savait bien incapable de l'égaler en vitesse et en agilité. La force des Eradrins était une ode naturelle au combat, quand celle des Merisiens semblait faite pour le travail manuel. Le Patriarche reconnaissait bien là les descriptions données par les rapports de son armée et des Merisiens autorisés à pénétrer en Phoebia et à contempler la gloire de son souverain. Comparé à lui, Jathel était un géant. Mais lui, dernier descendant des Arthrond, ne le craignait pas, tout impressionné qu'il fut. La réalité semblait toujours plus terne que la légende. Et si l'on ne pouvait pas franchement qualifier de banal le souverain, du moins n'en demeurait-il pas un Eradrin comme les autres, avec les forces et les faiblesses inhérentes à sa race. Et Vuzlin avait eu un peu de temps pour approfondir sa connaissance de la psychologie de cette dernière. Il ne serait pas surpris par ce que lui dirait son interlocuteur. Il reprit :

Et puisque vous m'avez convoqué en ce lieu, il ne serait que justice que vous preniez d'abord la parole. Cependant, je me permettrais de déroger aux convenances. Car je crains que nous n'ayons point le temps de discuter. Si comme vous le craignez les Bannis se mobilisent et que Mormont n'est pas un agent solitaire, il fera tout pour quitter votre contrée au plus vite. Il est de notre devoir de ne plus tergiverser et de débuter cette chasse. Le temps est une denrée précieuse et nous la gaspillerions en vaines parlottes. Ainsi, avez-vous eu des nouvelles de vos informateurs quand à la position de notre ami Rodrik ?
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MessageSujet: Re: Ce que recouvrent les cendres [Terminé]   Ce que recouvrent les cendres [Terminé] EmptyDim 15 Avr - 14:58

Jathel s'avança lentement vers le Merisien qui lui paraissait moins minuscule que le messager qu'il avait accueilli dans sa demeure. Il avait ouïe dire que le Patriarche des Merisiens était une personne d'une sagesse incomparable: normal pour un Souverain d'un peuple d'une telle puissance... Le jeune Eradrin n'avait jamais foulé les pieds dans la Contrée de Vënmher, ce qu'il ferait un temps soit peu ou bien lorsque tout serait remis à l'ordre et que ce lâche de Banni pourrisse. Tandis qu'il arrivait à sa hauteur, le Merisien Dit en guise de réponse à son questionnemeVnt:

C'est bien moi, et c'est un immense honneur que de rencontrer pour la première fois le Souverain de cette fière nation. Vous avez souhaité notre rencontre en ces lieux et je m'y suis présenté, comme vous me le demandiez.

Pendant qu'il parlait, Jathel se mit à observer son homologue afin d'en apprendre un peu plus sur lui. Malgré sa petite taille, cet être regorgeait d'une puissane extraordinaire et le jeune souverain des Eradrins savait qu'il ferait un adversaire redoutable en cas d'affrontement entre les deux. Il était tel que l'Eradrin l'imaginait: un Souverain humble et puissant, rempli de sagesse... Même s'il ressentait une pointe de jalousie, Jathel ne disait rien continuant son observation de son interlocuteur en silence. Celui-ci reprenait de son ton sage qui commençait à légèrement énerver le jeune Héraut qui réussissait facilement à dissimuler ses sentiments ainsi que ses émotions:

Et puisque vous m'avez convoqué en ce lieu, il ne serait que justice que vous preniez d'abord la parole. Cependant, je me permettrais de déroger aux convenances. Car je crains que nous n'ayons point le temps de discuter. Si comme vous le craignez les Bannis se mobilisent et que Mormont n'est pas un agent solitaire, il fera tout pour quitter votre contrée au plus vite. Il est de notre devoir de ne plus tergiverser et de débuter cette chasse. Le temps est une denrée précieuse et nous la gaspillerions en vaines parlottes. Ainsi, avez-vous eu des nouvelles de vos informateurs quand à la position de notre ami Rodrik ?

Il fixa son interlocuteur de petite taille d'un air froid comme à son habitude avant de répondre d'une voix amicale:

- Vous avez raison, l'heure n'est point venue de parler. Nous aurons tout le loisir plus tard, mais pour l'heure, la traque de Mormont s'avère plus urgente. Et d'après mes informateurs, il serait à vingt lieues de la frontière entre Phoebia et Thorgal. Pour vous donner un ordre de grandeur... Il s'agenouilla, prit un bâtonnet qu'il trouva à ses pieds et à l'aide de ce bâtonnet, il se mit à dessiner une sorte de plan de Phoebia et à un endroit précis il dessina une croix. Lorsque cela fut fait, il se tourna de nouveau vers son interlocuteur et dit en expliquant son tracé: Nous sommes ici en plein cœur des Landes Grises et voici la Frontière de la Mort, si on tient compte de sa distance avant d'atteindre sa contrée, notre Cher Ami aurait une avance de cinqu lieues de nous. Cela sera vite fait et nous pourrons l'attraper afin de le questionner sur ses agissements et de l'éliminer par la suite... Un de moins ça ferait du bien à l'Equilibre! Qu'en dites-vous l'ami? L'heure est de se mettre en route...

L'Eradrin se releva en tendant les bras tout en ouvrant sa main droite. De celle-ci jaillit une boule de feu, puis il dégaina son épée et la plaça face à la boule de feu. Aussitôt un phénomène se produisit: ce rituel étrange était la pratique préférée du jeune chef des Eradrins qui stocke l'énergie produite par la Boule de Feu créée dans l'épée. L'énergie stockée dans l'épée servirait de réserve, ce qui était très utile vu que les Eradrins étaient affaiblis considérablement par la Magie qui leur pompe le maximum d'énergie. Il continua son rituel durant quelques minutes où son interlocuteur attendait sans rien dire ... Puis lorsqu'il eut terminé, il rengaina son épée puis reporta son attention sur le Merisien et dit:

- Alors prêt Sire Arthrond?
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MessageSujet: Re: Ce que recouvrent les cendres [Terminé]   Ce que recouvrent les cendres [Terminé] EmptyDim 15 Avr - 16:09

Il ne fallut pas longtemps à Vuzlin pour assimiler le plan dessiné par Jathel. Il avait déjà passé de longues heures à examiner les cartes d'Elirondia, et ce dès avant son intronisation au poste de Patriarche. Après tout, il avait toujours mis un point d'honneur à maîtriser son sujet, et en tant que prétendant à l'honneur suprême, il n'avait pas manqué d'étudier la topologie du monde. La connaissance du lieu importait dans bien des domaines, qu'il s'agisse de la guerre ou du commerce. Définir le trajet de caravanes marchandes, déployer des espions et des éclaireurs, tout cela nécessitait une connaissance approfondie des lieux traversés. Pour un peu, il eut suffit à Jathel d'indiquer les coordonnées de Mormont pour qu'il visualise sa position sur la mappemonde d'Elirondia, gravée dans son esprit. Fort donc de ce savoir, il se sentait désormais tout à fait près à partir en chasse. Le Banni était assez proche de la frontière, ils allaient donc devoir presser le pas. Pas de doute que Jathel, juché sur les deux piliers qui lui servaient de jambes, n'aurait aucun mal à tenir la vitesse requise mais Vuzlin doutait de pouvoir faire de même. Patriarche ou non, il n'était qu'un Merisien et restait désespérément proche du sol. Il allait avoir besoin d'aide, et espérait que la Terre ne verrait aucun inconvénient à être sollicitée. Il s'agissait bien d'une urgence et il requérait son aide. Il s'apprêtait à prendre les mesures nécessaires lorsqu'un bien étrange spectacle s'imposa à lui.

La magie des Eradrins faisait d'eux de redoutables combattants de corps à corps et leur permettait en même temps de se défendre à une distance respectable de l'ennemi. Les boules de feu qu'ils pouvaient faire jaillir de leur paume et projeter à leur guise faisait d'eux des adversaires impitoyables. Vuzlin n'avait jusque-là pas eu l'occasion d'être témoin de cette magie si différente de la sienne et une fascination sans nom s'empara de lui alors que le Héraut faisait jaillir une boule d'énergie incandescente dans le creux de sa dextre. La puissance d'un incendie concentrée dans une si petite sphère, pensa-t-il. Il ne comprenait toutefois pas pourquoi Jathel ressentait le besoin de cette démonstration. Comptait-il la projeter et abattre Mormont d'ici ? Non, ce n'était décidément pas réaliste, même pour un maître en magie. A cinq lieues, la boule de feu se serait dissipée ou aurait rencontré un obstacle. Et la probabilité de toucher une cible à si longue distance... si faible qu'elle frisait la nullité. Quelle pouvait donc être l'utilité de tout ceci ? Il ne tarda pas à avoir sa réponse, et autant dire qu'elle eut le don de lui hérisser le poil. Le Héraut plongea son épée dans la fournaise concentrée dans sa main et alors ce fut comme un festival de sensations pour Vuzlin, la plupart désagréables. Le fer de l'épée vibrait normalement jusque-là. La magie naturelle de la Terre, qu'il ressentait comme n'importe quel Merisien, irriguait sans irrégularité la matière qui constituait l'arme. Il aurait pu, s'il l'avait voulu, se synchroniser aux émissions magiques ou leur imposer sa volonté, sans que cela perturbe en quoi que ce soit la Terre. Mais cela... ce rituel... c'était plus qu'il ne pouvait supporter. La magie du feu était une magie brutale, violente, comme de la hargne divine concentrée. Elle ne fluctuait pas, ne s'adaptait pas, elle détruisait. On pouvait bien la modeler par un effort intense de volonté, la changer quelque peu, elle n'en demeurait pas moins une magie de destruction. En plongeant son arme dans la sphère enflammée, c'était comme s'il violait la Terre elle-même. Le feu tentait d'imposer sa volonté à la Terre, perturbait son équilibre naturel, la forçait à se gaver de son énergie. Si bien qu'en fin de compte Vuzlin percevait comme une dissonance dans l'équilibre naturel des éléments. Et ce n'était décidément pas agréable. L'épée était peut-être devenue un réservoir de puissance sur lequel il serait bon de compter, il ne l'appréciait pas pour autant.

Une fois cela fini, il entendit Jathel lui demander s'il était prêt à partir. Aussi crût-il bon de préciser qu'il avait lui aussi quelque chose à faire, s'il souhaitait ne pas être distancé par le Héraut. Il ferma les yeux un instant et, lorsqu'il les rouvrit, le monde s'offrit à lui comme une mécanique d'une infaillible précision. L'âme de la Terre... et tout ce que cela impliquait. Il voyait Jathel et pourrait l'entendre parler dès qu'il ouvrirait la bouche mais, plus que tout, c'était la pulsation du sol de Phoebia qui retenait son attention. Quelle sensation plaisante. Il lui suffisait de tendre la main pour obtenir ce qu'il voulait. En temps normal, il évitait d'en venir à cette extrémité mais il se sentait un peu perturbé par son premier voyage en extérieur et le renfort du don de Vënker ne pouvait que lui être bénéfique. Il se retint de rire alors que quelques petits morceaux de roche se détachaient du sol pour venir voleter autour de son bras gauche tendu, tels des papillons de nuits attirés par l'éclat d'un feu. Il n'eut qu'à y penser et, en une fraction de seconde, la Terre l'avait pourvu d'une paire de jambes pierreuses enserrant ses membres naturels, s'accordant parfaitement au reste de sa physionomie. C'était tout simplement comme si la Terre avait daigné lui faire la faveur de jambes plus longues qu'il n'était permis pour un Merisien. A présent, il se tenait à hauteur de son homologue de Feu, un grand sourire aux lèvres. Avec ces échasses magiques, il n'aurait aucun mal à tenir la cadence d'un trajet à ses côtés. Si le but de leur rencontre était une course, il aurait même pu prétendre faire jeu égal avec lui. Seulement, ils n'étaient point là pour le jeu mais bien pour le combat... et au bout la mort.

Seigneur Linandëis, puisque je suis à présent élevé à votre hauteur et que je puis courir avec autant d'aisance que vous, je vous prierai de prendre le départ. Ne laissons pas Mormont attendre, il doit se languir de notre absence.

Et, sans un mot de plus, au risque de surprendre son interlocuteur, il mit ses jambes de pierre en branle à toute vitesse et prit la direction de leur ennemi commun. Sans même se retourner, il entendait la clameur de la course de l'Eradrin, qui le talonnait de peu et ne manquerait sans doute pas de se placer à sa hauteur. Le destin était en marche, restait à voir ce qu'il accorderait aux deux souverains.
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MessageSujet: Re: Ce que recouvrent les cendres [Terminé]   Ce que recouvrent les cendres [Terminé] EmptyMer 18 Avr - 16:34

Le jeune Héraut regardait le Merisien de haut , se demandant comment celui-ci allait le suivre avec ses minuscules pattes. Il ne souhaitait nullement que celui-ci ne le traine dans sa course poursuite car ils avaient certes du temps encore devant eux avant que leur proie ne disparaisse mais il ne savait comment celui-ci se déplaçait et surtout à quelle allure. Donc Jathel se devait de savoir comment son homologue allait le suivre et au moment même où il voulut questionner le Merisien, il vit que celui-ci était entré en communion avec la Terre et en une fraction de seconde qui semblait être longue, des jambes de pierre apparurent aux pieds du Patriarche. Jathel leva un sourcil étonné car jamais il n'avait vu pareille magie auparavant et ce même s'il savait que les Merisiens étaient dotés d'un pouvoir exceptionnel et il redoutait plus la magie merisienne que celle des autres Nations elirondiennes... Toujours aussi surpris, le jeune Eradrin regardait un Vuzlin Arthrond à sa hauteur, souriant et satisfait de son travail. Celui-ci dit tout simplement:

Seigneur Linandëis, puisque je suis à présent élevé à votre hauteur et que je puis courir avec autant d'aisance que vous, je vous prierai de prendre le départ. Ne laissons pas Mormont attendre, il doit se languir de notre absence.

Sans même attendre la réponse que le Merisien s'était élancé, Jathel sourit légèrement puis lui emboîta le pas à petites foulées régulières. Cela faisait drôlement longtemps qu'il n'avait point couru pour de telles choses: la Traque de Mormont venait de commencer et ne se terminerait que par la Mort de celui-ci... Donc sans grande peine, il se porta à la hauteur de son Homologue et courait à son côté à de faibles foulées mais régulières. Le paysage mort des Landes Grises fusait autour d'eux à toute allure... Mais nul temps d’en profiter pour le jeune Héraut car le temps leur était compté. Il se demandait tout au long de leur course effrénée combien de temps il leur restait et surtout il espérait que leur cible resterait à leur portée. Cela faisait des heures et des heures qu'il ne cessait de courir mais au fil du temps, ils commencèrent à ressentir les effets dévastateurs de la fatigue, ce qui les obligea à ralentir légèrement leur allure mais heureusement pour eux, le jeune Héraut reconnut le lieu... Ils étaient pratiquement arrivés à destination: en effet au loin dans le brouillard causé par la fumée dégagée par les cendres, se trouvait le dernier village Eradrin avant la frontière de la Mort... Il s'arrêta aussitôt et commença à reprendre son souffle, puis il se tourna vers son homologue Merisien et lui dit d'une voix légèrement essoufflée:

- Nous y sommes presque... Après cette village, il ne restera plus que quelques lieues avant qu'on perde notre ennemi. Je pense qu'il a du s'arrêter pour la nuit car ce n'est pas très serein de voyager de nuit dans ces lieux sombres... Tout en disant cela, il avait lentement levé la tête vers le ciel et remarqua qu'il avait vu juste. Le soleil se couchait lentement au loin, laissant place à une nuitée qui semblait fraîche et inquiétante. Il regarda à nouveau son interlocuteur, puis lui fit signe qu'ils devaient reprendre la route et ensemble, ils repartirent en direction du village. Le jeune Héraut espérait que leur " proie " se trouverait en ces lieux car sinon, il n'y aurait plus aucun espoir de le reprendre: la Terre Maudite se trouvait à peu de nautiques près... Ils continuèrent leur progression, puis au bout de quelques minutes de marche assez rapide, ils atteignirent finalement les portes du village et au même moment, la nuit tomba subitement, plongeant les lieux dans un noir total. Jathel fit signe au Merisien de s'arrêter tandis qu'il s'approcha de la porte et tapa trois fois dessus. Un garde ouvrit une ouverture sur la porte et dit d'un ton impérieux:

Qui va là? Ne savez-vous pas que c'est l'heure du Couvre-Feu?

Jathel ricana légèrement aux dires de son garde et lui répondit sur le même ton:

- Tu oses me faire l'affront de ne pas reconnaitre? Tu mériterais de perdre ton statut de Guerrier de Phoebia... Il sourit d'un air mauvais et reprit sur son fameux ton froid: En tant que ton chef suprême, tu me dois le respect. Comment tu t'appelle soldat?

Sudrain Glensais, sire Linandëis, balbutia le garde tout en ouvrant les portes du village. Il se mit au garde à vous devant Jathel qui vint se placer tranquillement devant lui, accompagné du Merisien et dit froidement:

- La prochaine fois, n'emploie pas ce ton lorsque tu parleras à l'un de tes supérieurs Glensais car tu le regretteras amèrement. Maintenant ferme ces portes et donne des informations sur une possible intrusion de Bannis en ces lieux

Le garde ferma la porte, puis reporta son attention sur Jathel et dit en baissant le regard:

Aucune nouvelle à signaler depuis des semaines, mon Seigneur. Si vous le souhaitez, je vous accompagne aux quartiers du chef de la Garde., qu'en dites-vous? Il accentua sa demande en tendant son bras vers une direction quelconque. Jathel hocha simplement la tête, après avoir questionné du regard son homologue et accompagné du Garde Glensais, ils partirent voir le chef de la garde du Village...



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MessageSujet: Re: Ce que recouvrent les cendres [Terminé]   Ce que recouvrent les cendres [Terminé] EmptyJeu 19 Avr - 19:36

Vuzlin était adossé au mur, pendant que Jathel s'entretenait avec le chef de la Garde. Les bras croisés, il regardait le Héraut faire étalage de son autorité devant l'officier qui, semblait-il, ne s'était pas attendu à l'arrivée si impromptue du suzerain de tous les Eradrins. Il dissimulait assez mal son agitation, que trahissaient le tremblement de ses mains et un bégaiement sporadique. Le Merisien soupira. Il ne comprenait vraiment pas le besoin qu'avait le Héraut de rudoyer ses hommes. Il avait déjà le pouvoir suprême, lui fallait-il en plus en avoir à chaque seconde la confirmation ? Le plus gênant était qu'il semblait prendre plaisir à terroriser ces subordonnés, les laissant béats et inefficaces. A ce train, Vuzlin ne doutait pas que Mormont prendrait la clé des champs sans trop de soucis. Le chef de la Garde s'emmêlait les pinceaux, se contredisait sans cesse, et Jathel le pressait toujours plus en réponse, ce qui amenait l'officier à commettre toujours plus d'erreurs. Le Patriarche ne tenait pas plus que cela à se mêler à la conversation, se doutant que son intervention n'apporterait rien. Que les Eradrins restent entre eux, ils n'avaient pas besoin de lui pour se quereller. Il tâcha de se concentrer plutôt sur une méthode plus efficace de retrouver leur proie, du moins plus efficace que celle consistant à faire appel à un officier aux nerfs si peu solides. Comment pouvait-on à ce point s'humilier devant son dirigeant ? Les Eradrins avaient une solide réputation de fierté et ce soldat s'inclinait comme un gueux devant son maître. Jathel était-il si terrible ? Ou plutôt si malavisé qu'il jugeait bon de se faire craindre de l'ensemble de ses sujets ? Vuzlin avait appris du Conseil qui le secondait la souplesse, et en cela il était différent de bien des Merisiens. Bien sûr, les traditions étaient importantes mais on ne pouvait se permettre de refuser tout progrès, sous peine de passer à côté d'une avancée essentielle. En cet instant, Jathel se montrait bien plus buté qu'il ne saurait jamais l'être. Et pourtant, les dieux savaient que Vuzlin pouvait être têtu.

Après presque une heure de vaines palabres, le Patriarche commença à se lasser. Et puis, l'arrivée du Héraut ne passerait pas inaperçu. Et la rumeur serait peut-être remontée jusqu'au Banni, l'exhortant à plus de prudence. Par chance, aucun Eradrin n'avait semblé reconnaître le seigneur de Vënmher qu'il était, sans quoi Mormont aurait déjà pris ses jambes à son cou. Il soupira, une fois de plus, une fois de trop. Il ne pouvait compter sur les ressources de la Garde pour retrouver la proie ? Fort bien. Il le trouverait par ses propres moyens. Avertissant un garde en faction à l'entrée des quartiers du chef de la Garde qu'il partait visiter le village pour parfaire sa connaissance des localités de Phoebia, il sortit dans la nuit noire. Alors même que la pâle lueur des étoiles et de la lune montante peinait à éclairer le morne paysage, on pouvait voir les nuées volcaniques gagner le ciel, l'opacifiant par la même occasion. Le spectacle, tout fascinant qu'il était, n'en était pas pour le moins des plus déprimant. Toute matière ici semblait devoir un jour gagner les cieux sous cette forme vaporeuse, tant le ciel était pollué par les fumées. Vuzlin décida d'user à nouveau de la capacité ultime offerte par son art de la magie. Il répugnait à fusionner à nouveau son intimité à celle de la Terre, comme il l'avait fait tout à l'heure. Mais il savait qu'il n'avait pas le choix. La détection de la magie... un art subtil, que bien peu peuvent contrôler. Et le jeune Patriarche savait qu'il n'avait aucune chance d'y accéder sans s'aider du don de Vënker. Les autres magies, qu'elles soient de l'eau, du feu ou de l'air, ne troublaient que peu la sérénité des flux magiques agitant le domaine de la Terre. Et si la magie impie des Bannis avaient un peu plus la propriété de perturber le champ magique, il fallait avoir une sensibilité difficilement accessible aux simples mortels pour pouvoir ressentir un tel dérangement. L'Âme de la Terre était la seule solution, vraiment. Les Eradrins pouvaient bien gaspiller le temps qui leur était imparti en palabres, lui n'en avait nulle intention. Il bascula du monde plus éclaté, mais tellement moins écrasant, de la réalité matérielle vers celui qui contenait l'intégralité du spectre magique émis par la Terre elle-même. Il ressentit une fois de plus le monde avec une acuité décuplée. La sensation de plaisir qu'il avait ressenti un peu plus tôt en y recourant avait fortement diminué. Il devait moins cela à un rejet de la Terre qu'à son propre ressenti, et il se demandait pourquoi il éprouvait tant de difficultés à l'endroit de cette technique employée par tous les Patriarches avant lui. Sa religiosité envers l'enfant de Vënker qu'était la Terre suffisait-elle à l'expliquer ? Sans doute pas. Mais en un tel instant, il se moquait bien d'être ou non en totale adéquation avec la magie divine, du moment qu'il pouvait repérer un utilisateur de la sombre magie. Et autant dire qu'il n'était pas déçu. Si l'on pouvait décrire la réalité magique se superposant à la réalité matérielle par une peinture, Vuzlin aurait peint un paysage grandiose que gâcherait une tâche noire. Pas une tâche imposante, certes, mais suffisante pour enlaidir le tableau. Il sut alors où se trouvait Mormont. Et il décida de se porter à sa rencontre.


Pourquoi s'affranchissait-il ainsi de la présence de Jathel ? Il n'aurait su le dire exactement. Par orgueil ? Par lassitude de ses manières brutales ? Ou bien parce qu'il redoutait que le Héraut ne fasse fuir leur proie, à présent enfermée en un lieu clos, et lui permette ainsi de passer la frontière ? Peut-être aucune de ces raisons, en réalité, car il n'avait tout simplement pas réfléchi. Sa proie se trouvait non loin et il n'avait vu aucune raison de temporiser. S'il y avait une explication à ce besoin soudain d'agir en solitaire, c'était sans doute celle-ci. Aussi avança-t-il en marchant vers l'auberge dans laquelle il avait ressenti la présence de magie noire. Il n'en avait perçu nulle part ailleurs, laissant présumer que Mormont était le seul Banni présent dans ce village. Et dire que la Garde s'avérait incapable de les renseigner ! Fallait-il y voir la marque de leur incompétence ou bien celle d'une redoutable manipulation ? Connaissant la rouerie des mages Bannis, Vuzlin savait que cette deuxième possibilité n'était pas qu'un fantasme de sa part. Il eut du mal à passer la porte, tant la poignée était haute. Il dut recourir à la magie pour manipuler les matériaux de cette dernière, de façon à lui imprimer un mouvement de rotation. Une fois à l'intérieur, il regretta presque d'être entré seul. La salle était aussi crasseuse que la façade du bâtiment le laissait présager. Des Eradrins ivres entonnaient, ou plutôt beuglaient, des chansons à boire aux paroles salaces. De la mauvaise bière avait été renversée un peu partout et Vuzlin crut voir une latte du plancher rongée en un point d'un à deux centimètres pour avoir absorbé de ce médiocre alcool. Il jeta un coup d’œil aux prix et comprit pourquoi les Eradrins venaient en nombre après une dure journée. Et autant dire qu'il n'y avait aucun lien entre ce fait et la qualité des produits servis. Le Merisien eut envie de se boucher le nez, tant l'odeur de sueur emplissait l'air. Des Eradrins s'ébrouaient un peu partout dans la pièce, s'affrontant à la lutte, au bras de fer ou tout simplement en se frappant à coups de poing. Un peuple fier, certes, mais un peuple visiblement peu soucieux de passer une soirée tranquille, semblait-il.

Répondant sans trop y songer, et de façon fort laconique, aux mots adressés à lui par l'aubergiste, il attendit que ce dernier eut le regard tourné pour emprunter les escaliers menant à l'étage et, par là même, aux chambres. Autant dire qu'il n'eut pas longtemps à attendre. En effet, le commerçant eut tôt fait de se joindre à la mêlée après qu'un soiffard eut commencé à embraser le linteau de la porte d'entrée en prenant pour cible d'un sort un impudent qui avait comparé sa génitrice à quelque courtisane, vendant ses charmes pour de l'argent. Charmant... Il tenta d'étouffer au mieux le bruit de ses pas dans les escaliers puis dans l'unique corridor, avant de penser qu'une telle précaution était bien inutile. Les beuglements de l'aubergiste retentissaient, plus perçants que jamais. La cible manquée du premier sort avait apparemment décidé de répliquer... mettant par la même occasion le feu au comptoir.

Alors même que tout semblait aller au mieux, Vuzlin sentit que quelque chose n'allait pas. Quoiqu'il soit toujours lié à l'Âme de la Terre, il ne ressentait plus la présence des vibrations magiques des matériaux environnants. Alors même qu'il se préparait à retourner sur ses pas, une explosion violente le projeta en direction du mur sur sa gauche. L'enfoiré, pensa-t-il, il a piégé le couloir de façon à m'abattre à mon arrivée. Au rez-de-chaussée, les cris avaient cessé, laissant place à un silence de mort. L'explosion l'avait certes sonné, le privant pour les minutes à venir de son ouïe, il savait cependant qu'elle avait retenti dans toute la petite cité. Il était même étonnant qu'elle ne lui ai pas emporté un bras. L'intégralité des parois du corridor avaient été souillées par une sorte de poudre semblable à de la suie que Vuzlin identifia comme des résidus de magie noire. Il frissonna et remarqua aussitôt que sa peau s'était couverte de pierre. Il comprit qu'en un éclair il avait pu percer le brouillage induit par le piège sur sa perception et entrer en résonance avec le sol sous le bâtiment, gagnant par là une fine armure de pierre qui avait empêché l'énergie noire de déchirer son organisme. Il expira, soulagé. Un simple réflexe l'avait sauvé. Pour la première fois depuis longtemps, il avait senti sur lui le souffle méphitique de la mort. Et autant dire que ce n'était pas précisément une sensation plaisante.

Une fois son ouïe recouvrée, en plus de sa contenance, il pénétra dans la chambre dont la porte avait été désintégrée par l'explosion. Comme il s'y attendait, il n'y avait personne dans la chambre. L'ensemble des meubles avaient été soufflés par l'explosion, voire même simplement effacés, comme s'ils n'avaient jamais été là. Seule des irrégularités dans la fine couche de poussière magique recouvrant le sol témoignaient de leur présence passée. Vuzlin jura et sauta par la fenêtre, comme l'avait sans doute fait Mormont. Peut-être avait-il utilisé l'une de ses fameuses invocations dont disposaient les mages de Thorgal. Vuzlin n'avait bien sûr pas de telles capacités mais il lui suffit d'utiliser sa magie pour ne pas se briser sur le sol dur en contrebas. Ce dernier se contenta de l'absorber, la matière terrestre fusionnant avec celle du Merisien. Il n'eut ensuite plus qu'à sortir de la roche comme on sort de l'eau. Il sentait la magie profane du Banni qui serpentait à travers les rues. Il n'avait pas eu le temps de quitter le village mais il ne tarderait pas. Aussi Vuzlin se précipita-t-il devant le bâtiment de la Garde et vit sans surprise que Jathel se trouvait dans l'embrasure de la porte, l'air perplexe. Et comme il subodorait qu'il ne serait pas trop de deux pour s'en débarrasser, et comme le temps leur manquait pour des explications, il se contenta de crier :

J'ai trouvé notre proie. Je le suis à la trace, alors suivez-moi. Nous n'avons pas de temps à perdre. Je ne tiendrai pas longtemps dans cet état.

Et il disait vrai. La trop grande proximité qu'engendrait l'usage de l'Âme de la Terre avec la magie des Bannis lui laissait une impression de mal-être digne de ses pires heures de désespérance. Là étaient le prix et la limite d'un si grand pouvoir. La magie noire procurait parfois un frisson de répugnance aux plus sensibles des individus des Quatre races mais, en cet instant, Vuzlin était sans nul doute l'être sur terre qui souffrait le plus de cet état de fait. Il en avait presque la nausée. Toutefois, il était encore maître de lui et parvint à faire jaillir en une fraction de seconde les échasses de pierre qui l'avaient tout à l'heure propulsé. Il devait faire vite, sans quoi Mormont quitterait Phoebia. Et toutes ces tribulations resteraient alors vaines.
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MessageSujet: Re: Ce que recouvrent les cendres [Terminé]   Ce que recouvrent les cendres [Terminé] EmptyVen 27 Avr - 0:12

Le Soldat menait les deux Seigneurs jusqu’au Quartier Général de la Garde du Village Silmarhedel. Jathel n’aimait pas spécialement celui-ci, en effet, trop de mauvais souvenirs lorsqu’il avait séjourné en ces lieux étant plus jeune. Son paternel lui avait si souvent raconté l’importance de ce village de charognards, de couards, c’était ainsi que Jathel surnommait les Habitants car ceux-ci vivaient comme des bêtes sauvages et cela, le jeune Héraut ne supportait point. Ce genre de comportement était tout simplement indigne de leur nature même d’Eradrin… Son peuple était le plus fier des Quatre, néanmoins, ce n’étaient point des bêtes comme ces Bannis qu’il haïssait tant… Plongé dans ses noires pensées, le jeune Eradrin se remémorait tout ce dont son père lui avait conté sur le Village lorsqu’il était encore jeune enfant. Depuis des cycles et des cycles, le village résistait vaillamment et sauvagement aux terribles assauts répétés de leur voisin et ennemi Banni, rien ne pouvait faire flancher la résistance du Village qui était sans contestation le dernier grand Rempart de Phoebia… Si jamais il tombe, les Forces Eradrines se verraient diminuer, par conséquent et surtout ayant compris ce risque de fatalité, Jathel avait ordonné que la Garde de Silmarhedel augmente ses effectifs et c’était ainsi que plus de huit mille nouveaux étaient arrivés. La garnison disposait désormais d’autant d’Hommes que la Garnison de Fort-Brasier, faisant d’elle l’une des Garnisons les plus importantes de Phoebia…

« Sire, vous allez bien ? » S’enquit le soldat en s’approchant du jeune Héraut, qui eut un petit mouvement de sursaut mais qui parvint facilement à dissimuler sa petite gêne. Il fit simplement un signe de la tête afin de montrer au soldat qu’il pouvait reprendre sa progression. Celui-ci s’inclina puis tourna de nouveau les talons et reprit sa progression dans les ruelles sombres du Village semi-endormi, suivi de près par Jathel qui bougonnait intérieurement, n’ayant nullement apprécié d’avoir été si impunément dérangé dans sa méditation silencieuse. Il tourna légèrement la tête et vit que Vuzlin Arthrond était toujours dans son sillage, marchant silencieusement tout en regardant un peu partout. Jathel n’osait se l’avouer, néanmoins, il le sentait si sage et en même temps si puissant qu’il en était légèrement jaloux. Son Homologue Merisien méritait amplement son rang et de plus, sa magie l’avait grandement impressionnée : en particulier lorsqu’il avait créé des jambes de pierre afin de pouvoir courir. « Ingénieux, petit homme » se disait Jathel, qui se mit à sourire en coin puis il regarda de nouveau devant lui. Le Quartier Général de la Garde se dressait enfin devant eux. Ils avancèrent lentement et tranquillement, puis ils arrivèrent au portail. Deux gardes armés de lances et d’épées le gardaient sans esquisser le moindre mouvement, mais quand ils remarquèrent l’arrivée de ces trois personnes, l’un des deux leur fit face et dit d’une voix puissante mais concise :

- Veuillez vous annoncer ainsi que les buts de votre visite à cette heure-ci ?


Jathel ne dit rien, hochant simplement de la tête pour faire signe au Soldat qui les accompagnait de parler à sa place. Celui-ci ne se fit point prier et s’empressa de répondre :

- Je suis le Première Classe Sudrain Glensais, de la Troisième Faction Ouest et j’accompagne le Seigneur Linandëis qui souhaiterait s’entretenir avec le Chef de Garde Gagions.


Au simple nom de Jathel, le garde devint livide tandis que son collègue s’empressait d’ouvrir le portail, tout en s’inclinant respectueusement. Le jeune Héraut avança d’un pas, suivi toujours aussi tranquillement par un Vuzlin Arthrond qui semblait légèrement ennuyé mais Jathel ne s’en préoccupait point. Lorsqu’il passa devant les deux gardes, il inclina simplement la tête, sans jeter un seul regard dans leur direction, puis il poursuit sa progression en destination du bâtiment où se trouvaient les Quartiers du Chef de Garde Gagions… Malgré son léger dégoût de ce village, Jathel en avait tout de même grand besoin pour la survie de son Peuple donc, il avait décidé de mettre au Commandement de la Garde l’un de ses meilleurs Guerriers : l’ex-Héros Urgain Gagions, celui-ci faisait partie des Meilleurs magiciens, combattants Eradrins depuis des Générations. Il était censé devenir le Chef de la Communauté de Cœur-de-Volcan, cependant, il avait accompli plusieurs fautes impardonnables d’après ses Pairs et le Héraut avait été obligé de le mettre à la tête d’une Garde… Néanmoins, étant donné son prestige et surtout sa réputation, Jathel ne pouvait le mettre à la tête d’une simple Garnison, donc il avait décidé de le mettre dans la Garnison de l’Est : les Furies de Silmarhedel… Celui-ci, sans dissimuler sa rancœur envers les Chefs de Communauté et la décision du Héraut, accepta tout de même le rôle et l’endossa aussitôt. Dès son arrivée, la protection de Silmarhedel fut optimale et il était devenu encore plus difficile d’y pénétrer désormais. Leur défense était gigantesque, la Magie qui règne en ces lieux était l’une des plus puissantes de la Contrée…

Secouant légèrement la tête, le jeune Héraut parvint à chasser cela de son esprit et se focalisa uniquement sur son objectif : capturer Mormont et lui soutirer le maximum d’informations utiles sur les agissements actuels du Roi-Renégat avant de l’éliminer. Pour ce faire, pendant qu’ils marchaient toujours, il mit ses sens en alerte en essayant de trouver le Banni, cependant il ne ressentait rien. C’était bien la première fois depuis des cycles qu’il ne ressentait rien, en effet, normalement à cause de la magie des Bannis, ceux-ci auraient facilement remarqué dans une cité Eradrine puisqu’il y aurait un déséquilibre dans la Puissance de Feu. Cependant ce soir-là, Jathel ne remarqua nullement le Banni, ce qui l’énerva un peu. Donc c’était dans cet état de légère colère qu’il arriva finalement… Le Soldat Glensais salua son Suzerain, puis repartit reprendre son poste, laissant les deux Seigneurs seuls. L’attente de Gagions ne se fit point longue car il arrivait précipitamment devant eux et s’inclina respectueusement en disant :

- Sire Linandëis, c’est un immense honneur de ma part de vous accueillir en ces Lieux. Que puis-je pour vous, Votre Grandeur ?


Jathel le regardait dans les yeux sans bouger puis répondit d’une voix froide :

- Merci de ton hospitalité, Urgain. Que pourrais-tu accomplir pour moi ? Tout d’abord, de mieux commander tes Hommes…

Le Chef de Garde Gagions ouvrit grand les yeux, ne comprenant point de quoi parler son Suzerain. La présence de celui-ci le gênait énormément car il souhaitait de retrouver sa compagne afin d’accomplir l’acte de chair, cependant il se devait d’être présent ici même dans le Hall du Bâtiment principal de la Garnison afin d’accueillir le Héraut. Il répondit qu’il ne comprenait point de quoi il parlait donc Jathel se mit à exposer ses idées de fond en comble. Pendant toute la conversation, Gagions devenait de plus en plus livide et commençait sérieusement à perdre de l’assurance face à son Seigneur. Il se disait dans la tête que le Héraut était difficilement cernable et surtout, ses mots avaient toujours un puissant effet. Peu de personnes n’oseraient le défier, même lui Urgain Gagions, Héros de son temps. Jathel continuait de parler et fustiger le Chef de Garde, cependant pendant qu’il faisait cela, il remarqua que le Merisien avait tourné les talons et sortait de la pièce. Il haussa un sourcil étonné puis il se tourna vers Gagions et lui dit plus calmement :

- Je pense qu’il y ait un Banni dans le Village. Laissez-le cacher, je ne souhaite point utiliser toute la garde pour le capturer. Je n’ai point fait tant de lieues pour laisser ma proie se faire attraper par de simples Soldats. Est-ce clair, Urgain ?

- Comme vous voudrez, mon Seigneur ! Mais laissez-moi au moins vous aider
, répondit Urgain Gagions, suppliant légèrement son Suzerain mais celui-ci refusa tout net de la tête. Puis il inclina la tête et emboîta le pas de son Homologue, parti quelques minutes plus tôt.


Il déambulait dans les ruelles de village à la recherche de son Homologue Merisien. Il se demandait pourquoi celui-ci était parti ainsi en plein milieu d’une conversation semi-diplomatique, mais au fur et à mesure qu’il marchait, il se rendait compte qu’il avait sûrement du trop abusé de son autorité sur son subordonné direct. Néanmoins il s’en moquait royalement, en effet, il était le Souverain de tous les Eradrins et ce n’était point un quelconque Souverain d’une autre Nation qui allait lui dicter sa conduite. Si sa façon de gouverner ne plaisait point aux autres personnes, ben qu’ils aillent voir ailleurs s’il y était. Après quelques minutes de marche, il retourna en direction du Quartier Général quand soudain, il entendit une espèce de fracas comme si une personne venait de sauter par une fenêtre. Il fit volteface et aperçut le Patriarche Arthrond qui semblait étrangement fatigué, comme s’il ressentait les effets d’une quelconque magie. Mais malgré son état, il se mit à crier à Jathel qui était légèrement perplexe de le voir ainsi :

- J'ai trouvé notre proie. Je le suis à la trace, alors suivez-moi. Nous n'avons pas de temps à perdre. Je ne tiendrai pas longtemps dans cet état.

Sur ces mots, il fit apparaître ses jambes de pierre puis se remit en course. Jathel inspira longuement, puis se mit à courir à la poursuite de son Homologue. Il fallait être rapide pour attraper leur proie, néanmoins, le jeune Eradrin se demandait comment le Merisien avait pu retrouver aussi facilement la trace du Banni. Mystère qu’il s’empresserait bientôt d’élucider, mais pour l’heure, il fallait coûte que coûte rattraper Mormont avant que celui-ci ne gagne sa contrée. Il courait longuement à vitesse de plus en plus grande, d’ailleurs, le jeune Eradrin commençait à ressentir la Magie du Banni, ce qui lui prouvait de déterminer l’avance de celui-ci sur eux. Il sourit légèrement et tout en continuant de course d’une manière effrénée, il lança à son homologue :

- Nous gagnons du terrain sur notre proie. Normalement dans une lieue, nous le rattraperons.
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MessageSujet: Re: Ce que recouvrent les cendres [Terminé]   Ce que recouvrent les cendres [Terminé] EmptyVen 27 Avr - 14:11

Leur course les amena bien vite à portée d'attaques magiques de leur ennemi. Le Héraut n'avait pas menti. Sans doute pouvait-il lui aussi ressentir les perturbations induites par la noire magie des Bannis, de façon bien plus grossière très probablement. Vuzlin n'ignorait pas que les dirigeants des quatre races avaient une telle affinité à la magie qu'ils pouvaient sans problème détecter celle des leurs. Et sans doute pouvaient-ils également, de cette façon, ressentir approximativement la présence de la magie noire qui avait le don de troubler le continuum magique d'un élément donné. Mais l'Âme de la Terre était malgré tout le meilleur pouvoir de détection, puisqu'il revenait à adopter le point de vue de la magie même. Un pouvoir usant, dans de telles conditions. Le Patriarche commençait à perdre le contrôle de ses émotions. La peur, la colère, tous ces sentiments agressifs s'amplifiaient à mesure qu'il approchait de la cible. Il devrait rompre le lien dès qu'il pourrait engager le combat, il n'avait plus le choix. Mormont était décidément un mage puissant, bien trop puissant pour les simples exactions qu'il avait commises, si atroces soient-elles. Il le suspectait définitivement d'être un redoutable adversaire.

A côté de lui, Jathel semblait bouillir. Il ressentait de façon forte la magie affluer en lui, comme si la pierre donnée par le dieu Menrath l'emplissait d'une puissance nouvelle, suffisante pour vaincre sans effort un tel adversaire. Mais Vuzlin doutait malgré tout que le combat soit une partie de plaisir. Le potentiel de Mormont était gigantesque, il le savait d'instinct. En même temps, il se réjouissait du fait que Jathel se prépare mentalement à l'affrontement. Il avait cru jusque-là qu'il pourrait se débarrasser sans problème du Banni, n'ayant requis la présence du Héraut que pour la portée symbolique de cette demande. A présent, il savait qu'ils ne seraient pas trop de deux. Alors qu'il se faisait cette réflexion, le sol sous leur pieds explosa en une noire déflagration.

Il sentit son ouïe dysfonctionner, une fois de plus. Tout autour de lui était devenu noir, comme si sa vue s'était, elle aussi, envolée. Mais les ténèbres se dissipèrent bien vite et il remarqua que sa peau s'était à nouveau couvert d'une couche de pierre. Ses réflexes étaient décidément affutés. Il ne recourait que très rarement à l'Âme de la Terre et comprit qu'elle lui permettait de réagir bien plus vite que le reste du temps. La magie semblait précéder même sa pensée, s’assujettissant avant tout à son instinct de survie. Il n'aimait pas trop l'idée que quelque chose d'aussi irraisonnable que l'intuition prenne le contrôle de sa puissance magique mais il appréciait que cela lui sauve la vie. Il fallait parfois oublier les grands principes pour échapper à la mort. Ces réflexions faites, il maudit Mormont et ses pièges et se demanda où était passé le Héraut, et surtout s'il avait survécu. Un bref coup d’œil autour de lui le rassura. L'Eradrin avait la peau couverte de résidus magiques à l'allure de suie que répandaient les explosions de l'ennemi et une vilaine coupure parcourait son bras gauche, un sang noirci par les restes magiques s'en échappant en un flot ininterrompu mais peu intense. Il ne s'inquiéta pas de cela. Les Eradrins étaient robustes et ne craignaient pas de verser leur sang. Il cria à l'adresse du Héraut sans entendre ce qu'il disait. Sans nul doute enjoignait-il à Jathel de se ruer sur l'ennemi sans plus attendre mais il n'aurait pu en jurer. Quoiqu'il en soit, ses mots parlaient de combat, de fureur, de cela il n'y avait pas à douter.

Jathel chargea, avec toute la finesse que l'on attend d'un combattant du feu. Son épée luisait d'une bien étrange façon dans la lueur des étoiles enfumées. L'énergie magique accumulée agissait sans aucun doute sur la lumière qui frappait l'arme. Mormont se tenait droit, presque raide. Il ne bougeait pas, son regard fixé sur son adversaire le plus proche - et le plus bruyant. Il ne semblait pas désireux de se défendre, ce qui était en soi suspect. Vuzlin tordit sa bouche en un rictus trahissant son inquiétude. La suite des événements devait lui donner raison. A près de seize pieds du Banni, une masse noire jaillit du sol, en une grotesque contrefaçon de flaque d'eau. Jathel, dans son élan, ne pouvait pas ralentir assez vite pour ne pas marcher dessus et son poids était tel que Vuzlin douta qu'il pourrait dévier sa trajectoire. Il tenta de recouvrir le piège d'une plaque de terre mais fut trop lent. Le Héraut s'embourba dans la matière noirâtre. Il ne put alors plus poursuivre sa course, comme englué dedans. Il foudroya du regard le Banni, qui resta de marbre. Vuzlin ne pouvait pas le voir d'où il était, à l'inverse de Jathel, mais une veine saillit au niveau de la tempe du mage noir. Aussitôt une dizaine de membres émergèrent de la flaque, s'enroulant tels des serpents surnaturels autour des jambes du Héraut qui se mit à jurer, visiblement furieux d'avoir ainsi été attrapé. Vuzlin se maudit de ne pas avoir réagi assez vivement.

Le jeune Patriarche se surprit à trouver ses membres plus lourds que jamais. Si on lui avait demandé de porter un poids, il aurait bien été en peine de s'exécuter. Il sut immédiatement que son esprit ne pouvait en supporter plus et rompit son lien avec l'Âme de la Terre. Aussitôt, il se sentit revivre. La proximité avec la noire magie des Bannis demeurait dans son esprit mais avec une moindre intensité, qui lui laissait toute liberté d'agir. Il devrait désormais faire un effort de concentration pour accéder à la magie mais n'était-il pas le Patriarche ? Son esprit ne redoutait pas les efforts. Il rechercha rapidement en pensée les vibrations magiques d'un matériel adéquat, ce qui dura moins d'une seconde, et il imposa à la matière sa volonté. Aussitôt, quatre piques de pierre se détachèrent du sol et fusèrent en direction de Mormont, avec une précision redoutable. Le Banni ferma les yeux et s'écroula à genoux. Une masse noire de la forme d'un mur se matérialisa devant lui et absorba les projectiles létaux. Maudites invocations ! Pendant ce temps, Jathel tentait de trancher les serpentins noirs qui lui enserraient les jambes. Il y parvenait à peu près, non sans difficulté. L'épée avait entaillé sa peau en plusieurs endroits. Malheureusement, quand un bras était tranché, un autre apparaissait pour le remplacer. Vuzlin sentait la colère du Héraut et l'entendait pester et tempêter.

Et bien, Patriarche, le railla Mormont, dont la voix retentit pour la première fois. On peine à éliminer un simple mage ? Vos sorts sont si faibles qu'ils ne parviennent même pas à me chatouiller.

Vuzlin grimaça. Cet enfant de putain osait se moquer de lui. Il escomptait bien lui montrer ce que pouvait accomplir la magie de la Terre. Il s'était retenu mais il ne comptait pas continuer sur cette voie. Il allait libérer suffisamment son potentiel pour le soumettre, quitte à épuiser toute son énergie. Mais d'abord, il fallait que son compagnon d'armes se libère.

Jathel, cria-t-il à pleins poumons, les attaques physiques ne feront rien à l'affaire. Déchaînez votre puissance magique.

Il avait lancé cette injonction en gardant à l'esprit que le Héraut n'était pas un simple magicien mais il fut surpris par la puissance que dégageait l'Eradrin. Une aura de feu apparut tout autour de lui, tout simplement gigantesque. Elle demeurait dans la limite de ce que pouvait faire un Eradrin qui ne fut pas directement lié à la pierre mais le simple fait de la déclencher et de la maintenir devait tenir du prodige. Hors, le Héraut semblait faire cela avec une aisance redoutable. Ses traits se déformaient sous le coup de l'effort, bien évidemment, mais on sentait qu'il n'allait pas au maximum de ses capacités. Cette constatation effraya Vuzlin. Jatel Linandëis... un redoutable combattant, qu'il valait mieux ne pas compter parmi ses ennemis.

Le Patriarche saisit un sourire meurtrier sur les lèvres de l'Eradrin. C'était un sourire singulièrement dépourvu de joie, simplement habité par une fureur sans bornes. Mais alors que le visage du Banni aurait dû se décomposer, il se contenta d'adopter une expression entendue et de reculer de quelques pas, sans précipitation.

Jathel, cria à nouveau Vuzlin, je ne sais pas ce qu'il manigance mais ça ne me dit rien qui vaille. Reculez-vous, je vais essayer de l'éliminer à distance.

Alors qu'il disait cela, il détacha du sol une masse impressionnante de matière qui devait bien peser plusieurs tonnes. Il pouvait bien évidemment se contenter de la balancer, la guidant par magie vers Mormont, mais cela pouvait ne pas suffire, être absorbé par un bouclier. Aussi, il se laissa tomber à genoux en état de totale concentration. Et aussitôt, la sphère de roches diverses se mit à graviter autour de lui, gagnant en vitesse à chaque nouvelle révolution. Elle semblait se charger de sa fureur, en même temps qu'elle accélérait. Elle fut à un moment si rapide que les frottements de l'air l'embrasèrent. Il n'avait tout simplement jamais tenté cela. Il espéra que cela marcherait. L'Eradrin s'était empressé de s'écarter mais il ne semblait pas en reste. Il avait chargé dans chacune de ses mains une boule de feu d'environ cinquante centimètres de diamètre, comme pour parer à toute éventualité. Vuzlin sourit, songeant que Mormont ne serait finalement pas si difficile à vaincre. Et la sphère pierreuse, tel un météore, fendit l'air en direction du Banni, laissant dans son sillage une traînée de flammèches. Le mage noir ne bougea point, comme s'il acceptait son destin. Il ne tenta même pas d'invoquer un bouclier, pas plus que d'esquiver. Lorsque la sphère atteint sa cible, elle explosa littéralement. Plusieurs milliers de petits éclats retombèrent une fois le choc passé que Vuzlin dévia, de façon à les empêcher de les blesser, Jathel et lui. Il sourit, convaincu d'avoir prévalu, mais son sourire se métamorphosa bien vite en rictus de dépit. Mormont était toujours là, les vêtements déchirés, la peau contusionnée, déchirée par des dizaines de petites coupures, mais bel et bien vivant. Pire que tout, il n'avait pas bougé.

Et bien, dit-il, l'air visiblement impressionné, j'avais ouïe dire que le Patriarche de Vënmher et le Héraut de Phoebia étaient de redoutables magiciens, je dois dire que j'ai eu tort de ne pas y croire. Votre réputation n'est pas usurpée, sire Arthrond. Pas plus que la vôtre, seigneur Linandeëis. Je dois avouer que c'est un honneur pour moi que d'avoir à affronter pareils adversaires. Mais, comme vous l'avez constaté, je ne suis pas moi-même un sorcier de pacotille. J'ai jusqu'ici enchaîné des missions qui gâchaient mon talent et gaspillaient pour bien peu de choses mon énergie. Alors autant dire que je ne vais pas vous faire de cadeau. Le Roi-renégat sera si fier de moi lorsque je lui rapporterai vos têtes. Je me serais bien contenté de la vôtre, messire Arthrond mais vous avez eu la mauvaise idée de survivre à mes embuscades. Il va donc me falloir me surpasser.

Vuzlin était étonné du ton courtois de l'ennemi, tellement en contraste avec ses intentions meurtrières. Il cracha, un peu de sang se mêlant à sa salive. Il était à la fois furieux et - il devait bien le reconnaître - admiratif du savoir-faire de cet homme, qui avait échappé il ne savait comment à une mort aussi violente. Mais il était décidé à n'en rien montrer.

Cela suffit, Mormont, dit-il, essayant tant bien que mal de conserver son calme, vous n'avez aucune chance contre nous deux, vous le savez. Vous vous êtes bien battu, il est vrai mais si vous vous rendez maintenant, je vous promets un jugement équitable.

Un jugement équitable ? Pour un Banni ? railla Mormont. Je compisse votre "justice", sire Arthrond. Plutôt crever ici que d'être exécuté ou pire, jeté dans une geôle, loin de ma patrie. Vous me sous-estimez, nobles seigneurs. J'ai toute ma chance, vous ne savez rien de ma magie, alors que je n'ignore rien des vôtres. Alors, cessons-là la parlotte et battons-nous avec honneur.

Une fois sa tirade finie, il tomba à genoux en hurlant, du sang coagulé dégoulinant de sa bouche en un flot visqueux. Alors, il y eut comme une faille dans la structure de la réalité dont sortirent deux monstres de tailles gigantesques. Un dragon de ténèbres ainsi qu'une noire araignée. Deux contrefaçons des dieux vénérés par leurs deux peuples. Vuzlin proféra un juron si odieux qu'il ne mérite même pas d'être transcrit, et Jathel ne fut pas en reste.

Les voilà, vos faux dieux. Voyons un peu si vous aurez suffisamment de bravoure pour les vaincre. A vous de jouer, Merisien, Eradrin.

Alors, l'imitation de Vënker chargea Vuzlin et celle de Menrath se rua sur Jathel. Les deux invocations s'interposèrent entre Mormont et les deux seigneurs. Le combat promettait d'être intense, et semblait bien loin d'être gagné d'avance.

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MessageSujet: Re: Ce que recouvrent les cendres [Terminé]   Ce que recouvrent les cendres [Terminé] EmptyDim 29 Avr - 23:42

Oui, se disait Jathel, ils étaient bel et bien proches du but. Leur proie ralentissait, il le sentait très bien dorénavant, le déséquilibre créé par la puissance de la Magie Noire qui émanait de ce Mormont énervait le jeune Héraut qui commençait sérieusement à perdre le fil de ses émotions. Grosse erreur de sa part s’il se laissait prendre par les émotions car il allait être très vulnérable… Par conséquent, il faisait en sorte d’occuper son esprit par autre chose. Tout en continuant de courir, il s’était légèrement tourné vers son Homologue qui semblait tout aussi préoccupé que lui. Quant à lui, il ne cessait de bouillir intérieurement et se préparait de son mieux à ce combat magique qui allait lui demander assez d’énergie en fin de compte. Il allait devoir se battre sérieusement comme lorsqu’il avait combattu le Krälur, voilà quatre cycles auparavant mais cette fois-ci c’était un autre magicien qu’il allait affronter… Un mauvais pressentiment le tenaillait à présent, il se disait que ce duel magique allait être extrêmement compliqué pour les Deux Seigneurs mais ils n’allaient point abandonner pour autant donc ils accélérèrent leur progression mais soudain…

SBAM

Une explosion… Le sol à leurs pieds se déroba dans une déflagration noirâtre et ce fut le néant durant quelques secondes pendant lesquelles le jeune Héraut n’entendait plus rien et il avait également perdu l’usage de sa vue. Il ne savait plus où il était mais il parvint à se ressaisir et à l’aide d’une boule de feu, il fit dissiper dans une puissance de feu la fumée noirâtre qui l’enveloppait. Il chercha son Homologue Merisien du regard et à l’aide de son odorat développé à sentir les puissances magiques. Il le trouva finalement après quelques secondes et constata avec un certain soulagement qu’il n’avait point d’égratignures. Puis il dégaina enfin Arnhild qui brilla de toutes les flammes du Monde et fixa Mormont qui leur faisait face au loin. La colère du jeune Héraut monta encore d’un cran et il se précipita vers son adversaire, déclenchant la puissance furie de l’épée. Mais problème, son adversaire ne bougeait point d’un cil, ce qui énerva encore plus le Héraut qui essaya de déclencher sa fureur… Cependant une masse noire jaillit du sol, comme de flaques d'eau gélatineuses, et comme Jathel était tellement dans son élan, il ne put l’esquiver et se fit capturer par cette espèce de piège à insectes… Il jura aussitôt d’une force incroyable à faire trembler les arbres tandis qu’il fixait avec dégoût le Banni qui ne bougeait toujours pas d’un cil. Le Héraut devait reconnaître que ce combat allait bel et bien être difficile et même s’ils étaient des Représentants de Nation, le Patriarche et lui-même allait devoir se battre très sérieusement s’il voulait mettre un terme à ce combat. Son Homologue commença à utiliser sa magie qui impressionna légèrement Jathel mais son occupation était plus encrée sur la façon de se débarrasser de son piège à insectes. Il coupait à tout bout de champ mais il constata très vite que dès qu’on coupait un membre de cette masse gélatineuse, deux autres apparaissaient. Il n’aimait pas du tout cela car cela allait compliquer encore plus la tâche… Cela voulait dire qu’il allait devoir utiliser une Aura… Le jeune Eradrin ne souhaitait nullement avoir à utiliser l’Aura si vite dans un combat, car cela demandait d’être au maximum de ses capacités et il n’était qu’à quelques pourcentages de puissance. Par conséquent, il cessa aussitôt de trancher son piège et se mit à se concentrer… Le flux de puissance commença à se déverser en lui, son énergie augmentait progressivement… Pendant ce temps, Vuzlin affrontait toujours le Banni qui ne cessait de lancer ses puissantes invocations tout en raillant à l’adresse du Patriarche :

- Et bien, Patriarche. On peine à éliminer un simple mage ? Vos sorts sont si faibles qu'ils ne parviennent même pas à me chatouiller.


C’en était trop pour Jathel. Il ne supportait point ce genre de personnes. Il allait voir de quoi il était capable et cette fois-ci, il n’hésiterait point à utiliser la Magie Suprême, c’est-à-dire la Forme Ardente… L’Aura gigantesque, servant de protection totale contre toute attaque. Il jura entre ses deux tandis qu’il commençait à libérer le flux de magie pour entamer le processus de l’Aura… Pendant qu’il commençait à déclencher son Aura, le Patriarche lui cria à pleins poumons :

- Jathel, les attaques physiques ne feront rien à l'affaire. Déchaînez votre puissance magique.


Il voulut lui lancer en pensée « C’est en cours l’ami » mais il préféra montrer sa Puissance Destructrice. Il reporta son attention sur le Banni et se mit à sourire d’un air mauvais et aussitôt, l’Aura se forma autour de lui, plus grande que jamais. Il savait qu’il était désormais au sommet de sa Puissance et que si jamais il devait la dépasser, ça serait pour utiliser la « Forme Ardente » qu’il réservait depuis des années à son Ennemi juré, le Roi-renégat mais vu que ce Mormont montrait une force digne d’un Grand Magicien, il fallait que Jathel prouve qu’il était bien plus fort que lui. L’Aura lui faisait extrêmement du bien et son énergie diminuait très peu, ce qui prouvait dorénavant, il pouvait se battre avec toute sa force. Le Banni semblait ne pas broncher, ce qui énerva encore plus le jeune Héraut qui déclencha une véritable Furie de Flammes. Mais au moment où il voulut avancer vers son adversaire, Vuzlin l’en empêcha en criant :

- Jathel, je ne sais pas ce qu'il manigance mais ça ne me dit rien qui vaille. Reculez-vous, je vais essayer de l'éliminer à distance.


Jathel jura entre ses dents mais ne fit point diminuer son Aura tandis que le Merisien lança une boule de pierre qu’il avait fait jaillir du sol. Cela impressionna le jeune Eradrin mais en même temps, comme il ne souhaitait que le Merisien ait tout le mérite, il fit jaillir une boule de feu d’une cinquantaine de centimètres et attendait patiemment avant de la lancer. Au sourire qu’il échangea vite fait avec son Homologue, il comprit que c’était le signal et en même temps, il lança lui aussi sa boule de feu qui explosa en même temps que la boule de pierre du Merisien. Néanmoins, malgré la puissance de ces attaques, il savait parfaitement que cela ne suffirait point à terrasser le Banni… En effet, il s’était relevé, vêtements complètement déchirés mais avec un état nouveau et il dit, l’air visiblement très impressionné :

« Et bien, j'avais ouïe dire que le Patriarche de Vënmher et le Héraut de Phoebia étaient de redoutables magiciens, je dois dire que j'ai eu tort de ne pas y croire. Votre réputation n'est pas usurpée, sire Arthrond. Pas plus que la vôtre, seigneur Linandëis. Je dois avouer que c'est un honneur pour moi que d'avoir à affronter pareils adversaires. Mais, comme vous l'avez constaté, je ne suis pas moi-même un sorcier de pacotille. J'ai jusqu'ici enchaîné des missions qui gâchaient mon talent et gaspillaient pour bien peu de choses mon énergie. Alors autant dire que je ne vais pas vous faire de cadeau. Le Roi-renégat sera si fier de moi lorsque je lui rapporterai vos têtes. Je me serais bien contenté de la vôtre, messire Arthrond mais vous avez eu la mauvaise idée de survivre à mes embuscades. Il va donc me falloir me surpasser. »


Jathel s’en moquait de ses paroles stupides pour lui, mais il constata que son Homologue semblait étonné de ce faux ton courtois de leur adversaire. Cependant, le jeune Héraut le laissa parler à sa place.

- Cela suffit, Mormont, dit le Patriarche, essayant tant bien que mal de conserver son calme, vous n'avez aucune chance contre nous deux, vous le savez. Vous vous êtes bien battu, il est vrai mais si vous vous rendez maintenant, je vous promets un jugement équitable.

- Un jugement équitable ? Pour un Banni ? railla Mormont. Je compisse votre "justice", sire Arthrond. Plutôt crever ici que d'être exécuté ou pire, jeté dans une geôle, loin de ma patrie. Vous me sous-estimez, nobles seigneurs. J'ai toute ma chance, vous ne savez rien de ma magie, alors que je n'ignore rien des vôtres. Alors, cessons-là la parlotte et battons-nous avec honneur.

Dès qu’il eut terminé sa tirade, le Banni tomba à genoux en hurlant, du sang coagulé dégoulinant de sa bouche en un flot visqueux. Alors, il y eut comme une faille dans la structure de la réalité dont sortirent deux monstres de tailles gigantesques. Un dragon de ténèbres ainsi qu'une noire araignée… Jathel dit aussitôt en jurant comme une bête sauvage :

- Le Fumier ! Comment ose-t-il …

Il ne put terminer sa phrase car il était entré dans une telle colère que plus rien ne pourrait l’arrêter dorénavant. Il allait éliminer son adversaire, le réduire en miettes… Les invocations semblaient être aussi puissantes que les Créatures réelles… Jathel attendait avec écœurement que la grossière imitation de Menrath vienne l’attaquer

- Les voilà, vos faux dieux. Voyons un peu si vous aurez suffisamment de bravoure pour les vaincre. A vous de jouer, Merisien, Eradrin.

Les Invocations se précipitèrent sur les Deux Seigneurs qui attendaient le choc de pied ferme. Sous son Aura, Jathel se préparait à esquiver au dernier moment l’attaque de la réplique grotesque du Dieu du Feu. Il pria celui-ci et comme si Menrath l’avait entendu, une puissance nouvelle influa dans le corps de l’Eradrin qui se jeta sur le Dragon copié. Celui-ci cracha un feu noirâtre que l’Eradrin esquiva de peu mais il ne parvint à esquiver la queue du Dragon. Il fut aussitôt tranché à l’épaule et projeté contre un rocher… Il se releva tant bien que mal mais il regardait d’un air mauvais le Dragon copié. Il prenait de longues respirations et regardait son Homologue aux prises avec l’Araignée. Il lui cria à pleins poumons :

- Ces invocations sont extrêmement puissantes, nous ne pourrons point nous en débarrasser tant qu’on ne bat pas Mormont. On ne pourra que les retenir et ce même en utilisant toute notre Magie pour les détruire.

Sur ces mots, il retourna aux prises avec le Dragon, fendant l’air avec Arnhild qui devenait de plus en plus lourde dans ses mains. Il fatiguait mais il ne souhaitait point le montrer à son adversaire et lui balança aussitôt une boule de feu à distance. Cette fois-ci, le Banni fut surpris et prit la boule en pleine figure, se faisant projeté sur quelques mètres. Cette baisse de sa garde permit à Jathel de porter un coup puissant à l’imitation de Menrath qui saigna d’un liquide noirâtre. Il répliqua aussitôt en crachant du feu, détruisant l’Aura… Jathel se retrouva donc sans protection et fut projeté à nouveau. Il tomba à même le sol, blessé, du sang coulait de sa bouche et sur son front perlait quelques gouttes de sang également. Il se releva tant bien que mal mais il savait qu’il aurait du mal désormais à utiliser toute sa force. Celle-ci était diminuée… Il haletait tout dévisageant son adversaire… Il se mit à sourire d’un air très mauvais et leva la main vers le haut en disant d’une voix puissante :

- Par la Puissance du Feu !

Une gigantesque boule de feu jaillit de sa main dégageant une puissance destructrice… S’il la lançait maintenant, il allait détruire tout ce qui se trouvait à côté… Cette boule de feu géante qu’on nommait « La Géodésie » était l’une des attaques les plus difficiles à réaliser pour les Eradrins mais tout le monde savait qu’elle était extrêmement efficace… Allait-il la lancer ? Il se tourna en direction du Merisien et essaya de capter son attention. Lorsqu'il fut certain que Vuzlin le regardait, il essaya de lui dire uniquement par la pensée ce qu'il comptait faire avec cette boule géante. Comme s'ils se comprenaient, Jathel reporta son attention sur le Dragon copié, il lança la boule de toutes ses forces dans sa direction...
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MessageSujet: Re: Ce que recouvrent les cendres [Terminé]   Ce que recouvrent les cendres [Terminé] EmptyMar 1 Mai - 0:00

La patte noire heurta le sol avec une rare violence, projetant partout de lourds blocs de pierre. Vuzlin reprit son souffle, son cœur ayant menacé de s'arrêter alors que l'attaque le frôlait. Il avait beau être le magicien le plus compétent de Vënmher, il n'en était pas moins un Merisien et son agilité n'en était que plus diminuée. Le monstre en face de lui était rapide et sans pitié et toute sa force n'y changerait rien. Les Merisiens étaient des combattants puissants, assez statiques, privilégiant les engagements courts et les mises à mort rapides. Un tel combat ne pouvait que le désavantager. Il s'aidait volontiers de magie mais avait du mal à être tout à la fois en défense et en attaque. La sombre parodie de Vënker avait encaissé sa dernière stalactite de pierre sans broncher, profitant de cette faille dans sa défense pour tenter de l'embrocher sur l'une de ses pattes crochues. Leur lutte ne durait pas depuis longtemps mais il commençait déjà à en sentir le contrecoup. Que Mormont puisse invoquer en même temps deux monstres d'une telle puissance et les contrôler à sa guise dépassait l'entendement. Il n'était pas difficile de voir que quelque chose clochait. Qu'un simple magicien, si puissant soit-il, parvienne à de telles prouesses n'était pas dans l'ordre naturel des choses. Et le Vënker ne faiblissait pas, chaque attaque étant plus rapide et violente que la précédente. Le Patriarche opta pour une posture défensive, sans trop y croire. Si l'invocation accélérait sa cadence d'attaque, il y avait fort à parier qu'il se fatiguerait avant elle. Il fit avorter une attaque en se prenant pour appât de son propre piège. Il fit tournoyer autour de lui une épaisse couche de matériau à laquelle il donna la consistance de l'argile, de façon à engluer la lame qui servait de membre au monstre. Il retint son souffle, songeant que, s'il se trompait dans ses estimations, rien n'empêcherait la gigantesque araignée de ténèbres de l'empaler, ce qui le tuerait vraisemblablement sur le coup. Par chance, le piège se referma sans aucun soucis sur l'attaquant. L'ennui, c'est que cela ne faisait que ralentir la progression du coup, sans vraiment l'arrêter. Vuzlin sentit qu'il devait prendre l'initiative de l'attaque et resserra la prise du matériau sur la patte. La pression qu'il appliqua sur elle fut si forte qu'elle se brisa en un craquement des plus satisfaisants, quoique morbide. Il profita de cet avantage pour se dégager et projeta la masse argileuse à la face de la contrefaçon de dieu qui se mit à siffler de dépit. Mormont avait beau avoir l'air calme, Vuzlin sut qu'il extériorisait ses émotions par le biais de ses invocations. Le lien entre eux devait donc bien être fort.

Il jeta un coup d’œil à son allié, qui semblait avoir pris à l'instant un mauvais coup. Il était visiblement très énervé et frustré que l'affrontement prenne cette tournure. Puis il l'entendit confirmer ce qu'il pensait déjà savoir. Ils ne pourraient pas vaincre les monstres sans vaincre leur invocateur. Il soupira, alors que l'araignée revenait à la charge et que Jathel retournait également au combat. Vuzlin se prépara à parer un nouveau coup qu'il présentait d'une immense violence. En effet, la patte que l'arachnide avait levé dans l'optique de l'abattre avec force irradiait une aura noirâtre, comme si l'énergie sombre la constituant se concentrait un peu plus en cet endroit. Si la bête comptait mettre un peu plus de magie en jeu, dépassant le stade de la simple attaque physique, il aurait besoin de magie pour la surclasser, ce qui l'épuiserait un peu plus. Mais comme il n'avait plus le choix, il fit jaillir deux énormes mains du sol dans l'espoir qu'elles dévient le coup. Il grimaça, dans l'attente du choc qui ne manquerait pas de l'ébranler lui aussi mais rien ne se passa. Ce qu'il vit à la place le stupéfia d'abord mais il comprit d'un simple regard lancé à la cantonnée que Jathel avait visé non pas son adversaire direct mais bien le Banni, faisant ainsi défaillir les monstres. Voyant que Jathel profitait de cet étourdissement temporaire pour frapper, il décida de frapper avec plus de forces que jamais. Il fit jaillir du sol deux masses oblongues dont il affûta les contours sur la pierre à aiguiser de son esprit, les transformant en armes redoutables. Il les fit tourner à grande vitesse, accélérant toujours plus. Lorsqu'elles furent suffisamment rapides pour trancher tout objet entrant en contact avec elles, il étendit ses bras avant de les ramener brusquement, tel un chef d'orchestre faisant jouer une symphonie de destruction. Alors, les pierres tranchantes s'écartèrent avant de revenir à un train d'enfer, passant au niveau de la jointure entre les pattes de l'araignée et le reste de son corps. La bête maudite s'écroula en sifflant, chacun de ses huit membres tranchés vif. Vuzlin, bien qu'il ne put s'en assurer, crût voir grimacer le Banni. Il sut immédiatement que cela n'augurait rien de bon. Ce sentiment se confirma lorsque les pattes, déjà dissoutes dans le néant, repoussèrent à l'identique à une vitesse vertigineuse. L'enfant de putain ! pensa-t-il.

Il voulut savoir où Jathel en était de son côté et un simple regard lui dévoila que le Héraut n'était guère en meilleure posture. Il saignait abondamment, de nouvelles blessures s'étant ajouté aux anciennes, lesquelles n'avaient aucune intention d'arrêter de laisser passer le sang. Mais ce qui inquiétait le plus le Merisien n'étaient pas les plaies de l'Eradrin, mais bien ce qu'il se préparait à faire. A son cri, il sut qu'il allait assister à un déploiement de puissance tel qu'on avait bien peu l'occasion d'en voir. L'araignée même semblait captivée par ce spectacle, révélant la circonspection de Mormont. Comme il avait raison de se méfier. Dans la paume de Jathel enflait une boule de feu telle que Vuzlin n'en avait jamais vu. Il en avait entendu parler autrefois mais n'aurait jamais pensé contempler l'ultime attaque à distance des Eradrins. Un tel objet magique était bien capable de raser une petite ville, ne serait-ce que par la propagation du feu qui ne manquerait pas d'en résulter. Il pria intérieurement Vënker pour que son utilisation ne les tue pas tous les deux. Et alors que la masse d'énergie brûlante fendait les airs en direction de sa victime, il sentit ses poils se hérisser... ceux qui n'avaient pas roussi sous le coup de la phénoménale augmentation de la température ambiante.

Le chaos qui résultat de cet acte fou ne fut peut-être pas clairement ressenti par les protagonistes de ce drame en un acte mais il n'aurait pas échappé à un observateur extérieur, si observateur il y avait eu... et si l'observateur en question avait survécu au spectacle. Toujours est-il que l'attaque portée par l'Eradrin avait eu l'effet escompté. L'araignée s'était aussitôt précipité pour porter assistance à son congénère blasphématoire, avant même que la boule de feu n'ait fini de se former dans la main du Héraut. Elle et le dragon s'était comme unis au contact, tels deux jumeaux siamois contre-nature. Le Patriarche ne savait pas pourquoi les deux monstres procédaient ainsi mais il supposa qu'ils gagnaient en puissance par ce geste, espérant sans doute survivre à l'impact. Il avait vu les pattes tranchées de son adversaire repousser en un clin d’œil et se surprit à penser que malgré la puissance développée par son homologue, il ne parviendrait pas à les débarrasser définitivement des deux imitations. Cela étant, il espéra au moins que l'attaque de Jathel leur permettrait de gagner un temps de répit dont ils auraient sans nul doute plus que besoin pour triompher. Mais il devait pour cela survivre, ignorant quelle serait la portée des dégâts causés par le gigantesque globe enflammé. Il érigea donc autour de lui une barrière de terre qu'il fit la plus épaisse possible, ménageant cependant deux trous pour observer le déroulement des événements. Il ne tenait pas à être surpris.

L'explosion fut si puissante qu'elle l'empêcha de seulement voir ce qui s'était produit à l'impact. Il sentit une vague d'air chaud, parcourir sa protection, et se demanda si Jathel n'aurait pas à subir de dommages de sa propre attaque. Ne craignant plus pour sa propre sécurité, il dégagea son abri temporaire, juste à temps pour que la persistance de la lumière sur sa rétine s'estompe, lui laissant tout loisir de contempler le désordre environnant. Jathel s'était effondré, la peau légèrement mais entièrement brûlée, comme si on l'avait douché avec une eau trop chaude sans être bouillante. De la fumée émanait du Héraut mais il semblait en vie, quoique l'effort lui ait fait perdre conscience. Vuzlin jura intérieurement mais se réjouit de voir tout le bien qu'avait fait son allié avant de perdre tout contact avec la réalité. Le dragon et l'araignée avait purement et simplement éclaté, se répandant en une unique flaque noire peu ragoûtante. Mormont était tombé à genoux, se tenant la tête entre les mains. Un flux noir le reliait aux résidus de monstre et il sut que ce qu'il voyait était en réalité le lien magique par lequel le mage noir régénérait ses monstres. Il faisait tant pour les remettre sur pied, tentant de reconstituer en si peu de temps une si grande quantité de matière noire, que le filin d'énergie était dorénavant visible. Une patte crochue émergea de la bouillie magique. Le Patriarche s'arracha à son ébahissement. Il avait à faire... et vite.

Porté par la Terre elle-même, il allait aussi vite qu'un poisson volant fendant alternativement les flots et l'air. La pierre elle-même avait l'aspect d'une vague, qu'il chevauchait avec aisance malgré sa fatigue. Le sort était simple, pas trop gourmand en énergie. Il devait s'économiser au maximum et porter cependant un coup suffisamment puissant pour en finir. Dès lors, le corps-à-corps s'imposait. Jathel lui avait dégagé la voie et il lui en était reconnaissant. Il devait profiter de l'avantage qu'il leur avait donné, sans quoi il serait seul à combattre. Et tous deux mourraient. A près de trente pieds de son adversaire, il imposa à son flux magique de résonner au niveau de ses bras avec la plus dure des roches en présence, résultant en l'apparition de lames qui enveloppaient ses avant-bras. Chacune de ses armes pierreuses recouvraient l'intégralité de ses avants-bras, la pointe se situant pour chaque membre à environ dix centimètres du bout de son majeur. Il aurait pu utiliser sa hache mais craignait que les sorts du Banni fassent échouer toute tentative d'attaque simplement physique. Il se prépara à l'impact, espérant que le choc suffirait au moins à interrompre la canalisation de magie de Mormont. Il aligna sa trajectoire sur sa cible puis ferma les yeux.

Vuzlin sentit chacun de ses os résonner, comme s'il avait percuté un mur de plein fouet. Il était allongé par terre et se souvint avoir été sonné près d'une minute plus tôt. Il se releva avec difficulté et souleva ses bras au niveau des yeux. Les lames avaient disparu, sans doute brisées, mais il était tâché de sang. Il balaya le lieu du regard et vit Mormont debout devant lui, avec une expression d'hébétement sur le visage. Il n'avait aucune blessure mortelle à priori mais les plaies superficielles qui avaient recouvert son corps lors de sa rencontre avec l'énorme rocher et les boules de feu de Jathel s'étaient en partie ouvertes, et il saignait abondamment, sans pour autant être en danger immédiat. Vuzlin pesta. Il avait senti l'impact, et aucune magie n'en avait amorti la rudesse, il pouvait le jurer. De plus, comment expliquer autrement que le matériau constituant ses armes de circonstances, si solide, se soit ainsi brisé ? Il avait au moins rencontré de l'os pour qu'elles éclatent. Et pourtant, le Banni se tenait devant lui, certes pas en bonne forme, mais bel et bien vivant. Par chance, il ne semblait avoir à présent aucune velléité d'invoquer des parodies de dieux, c'était déjà ça.

Mormont, cela suffit. Tu vas m'obéir à présent et te laisser capturer sans opposer de résistance. Nous avons vaincu tes pâles imitations de nos dieux tutélaires. Tu as échoué ! Rends-toi ou tu mourras !

A ses mots, le Banni reprit contenance. Un rictus mauvais tordit ses traits. Il était épuisé, lui aussi, mais sa fureur de vaincre ne s'était pas éteinte.

Tu crois m'avoir vaincu, nabot ? tempêta-t-il. J'ai peut-être donné le meilleur de moi-même mais si tu crois que je n'ai que ça en réserve, tu te trompes lourdement. Crains ma colère !

Vuzlin sentit qu'il ne mentait pas. Il sortit sa hache, sentant qu'il ne pourrait tirer plus longtemps sur ses réserves d'énergie. Mais il fit autre chose, même si cela le répugnait. Il invoqua une nouvelle fois l'Âme de la Terre et ressentit ce qu'il n'avait jusque-là jamais ressenti. La magie noire l'avait plongé dans le désespoir dès qu'il l'avait ressentie du point de vue de la Terre elle-même mais ce qu'il percevait en cet instant... c'était juste une abomination aux yeux des dieux eux-mêmes. Il interrompit aussitôt l'utilisation de son pouvoir ultime pour ne pas sombrer dans la folie. Mormont n'était pas la seule source d'énergie, comme il l'avait cru jusque-là. Il tirait son pouvoir de quelque chose, quelque chose qu'il avait sur lui. Une chose si malfaisante qu'il ignorait d'où elle pouvait provenir. Alors même que ses sens étaient redevenus ceux d'un simple Merisien, le souvenir de ce contact lui laissait à l'esprit comme un goût amer sur la langue. Il se sentait souillé au plus profond de son être.

A présent qu'il avait compris, il se jeta avec férocité sur le Banni. Il n'avait pas le niveau d'un maître d'armes mais il savait qu'il devait empêcher son adversaire d'user de magie. L'autre, comprenant ce qu'il comptait faire, sortit un glaive qui pendait à sa ceinture et tenta tant bien que mal de parer les coups maladroits mais puissants et répétés du Patriarche. Mormont aurait pu aisément en venir à bout mais pour une raison que Vuzlin ignorait, il tentait de rester le plus possible dans la même position, ne cherchant même pas à esquiver. Cette façon de faire, pour toute explicable qu'elle fût, lui coûta la victoire. Il tenta de frapper d'estoc mais le coup ne toucha pas et laissa le Banni exposé. Le Patriarche en profita pour lui asséner un puissant coup de hache dans le thorax, là où se trouvait le cœur. Et le Merisien comprit alors ce qui était jusqu'alors inexplicable. Il avait senti la réalité même se tordre au moment où son arme avait pénétré la chair de son ennemi, entaillant le centre même de la vie. Il avait senti l'acier tout à la fois prendre la vie du Banni et simplement lui balafrer le bras droit. Et au moment où l'univers dût décider laquelle de ces deux versions de l'histoire l'emporterait, un puissant flux d'énergie les enveloppa tout deux. Vuzlin sentit une puissance obscure le pénétrer, souillant son corps et son esprit, et Mormont ne fut plus à l'article de la mort. Abruti, le Merisien contempla le bras ensanglanté du Banni. Il l'avait entamé jusqu'à l'os et l'hémorragie ne semblait pas prête de s'arrêter. Mais Mormont était encore en vie.

Soudain, l'ennemi tomba à genoux, prenant à nouveau sa tête entre ses deux mains, comme si on avait frappé près de sa tête un gong. Il hurlait de douleur mais Vuzlin saisit tout de même une succession de syllabes formant une phrase mutilée, ou plutôt une supplique.

En... le... vez... le... moi... si... mal... au... cou... pi... tié...

Vuzlin se pencha sur l'homme recroquevillé devant lui et sentit une chaîne autour de son cou qu'il cassa, lui retirant par la même occasion. Tenant la chaîne par une extrémité, le Merisien vit ce qui donnait à l'ennemi sa puissance : un cristal transparent contenant ce qui ressemblait à de la vapeur d'un brun tirant sur le noir. Mais Vuzlin ne s'y trompa pas. Derrière son apparence anodine, c'était bien une colossale quantité de matière noire que contenait le bijou. Une quantité suffisamment importante pour modifier localement le cours de la réalité. Le Patriarche frissonna. Un tel pouvoir, dans un si petit objet... Pas étonnant qu'il ait fini par prendre le dessus sur son possesseur, expliquant ses souffrances. Il fallait une volonté de fer pour résister à un tel afflux, ce qui expliquait le calme et l'immobilité du mage pendant le combat. Quelle horreur qu'il ait eu à porter un tel fardeau, même s'il était un criminel. Vënker nous protège, songea-t-il, que tous les dieux nous protègent ! Puis il brisa le cristal, et l'air sembla gémir lorsque se volatilisa ce qu'il contenait.

Vuzlin prit la tête du Banni entre ses mains, de façon à l'obliger à le regarder dans les yeux et lui demanda, dans un ton où se mêlait à la fois l'incompréhension, la colère et la pitié :

Pourquoi ? Pourquoi tant de folie ? Qui a pu vous obliger à faire cela ?

Rodrik Mormont, Banni consumé par les noires puissances qu'il avait jusqu'au bout tenté de maîtriser, éclata d'un rire interrompu de façon sporadique par des quintes de toux. Il ne semblait pas s'attrister de son sort mais il était malgré tout d'une mélancolie sans fin.

Ah, Vuzlin Arthrond... dit-il. Vous êtes chef de tous les Merisiens et vous êtes si naïf. Jusqu'au bout vous avez tenté de me raisonner alors que vous saviez au fond de vous que jamais je ne plierais. Bah ! Je ne vous en veux pas. En guerre, tout est permis, vous l'apprendrez bien assez vite. Et sachez également, avant que le néant m'emporte, que j'étais parfaitement volontaire pour porter ce fardeau. Au moins aurais-je eu l'honneur de ne pas mourir comme un chien.

Vuzlin prit un air grave. Cet homme avait-il parlé de...

La guerre ? dit Vuzlin, perplexe. Quelle guerre ? Qui est en guerre !?

Le Banni rit à nouveau. Vuzlin jura intérieurement. Maudit Banni ! Même à l'agonie, il ose se rire de moi !

La guerre n'a pas encore été déclarée, sire Arthrond. Mais elle viendra, avec son cortège de morts et de souffrances. Des gens mourront, des villes seront pillées et des femmes violées. Tout cela arrivera, et j'en aurais été un artisan. Je ne saurais mentir, même si l'on m'a dit de tenir à jamais ma langue, car je sens mon heure proche et m'en voudrais de partir sur de vils mensonges. Le Roi-renégat m'a confié la mission de corrompre par tous les moyens possibles ceux qu'il m'était possible de perdre. Ce fut d'une facilité. Si seulement je m'étais attendu à ce que vous me poursuiviez ! Et vous avez ramené le Héraut ! J'ignore si vous m'auriez vaincu sans lui mais vous lui devez autant qu'il vous doit, c'est certain. Enfin... ma mission s'achève ici. J'aurais pu continuer longtemps mes larcins mais cette mort me convient. Je ne vous en dirai pas plus car vous savez à présent que Vënmher a encore des ennemis, et Phoebia avec elle. Et si vous me jugez, alors venez par chez nous, et contemplez notre ruine. Contemplez ce que la "justice" des Quatre a fait de nous. Alors vous apprécierez nos efforts pour regagner une place légitime en ce monde, même si ces efforts se font contre votre intérêt.

Son regard devint si perçant que Vuzlin relâcha son emprise et se contenta de le regarder sans mot dire. Le regard de Mormont se détourna de son visage, glissant sur la hache qu'il tenait en main.

Quelle pitié que ce soit en voulant échapper à cette même hache qui va à présent m'ôter la vie que je me suis perdu. Le destin est parfois ironique, pas vrai Patriarche ? Le diamant n'attendait qu'un relâchement de ma part et à force de vouloir changer le cours immuable du destin, il m'a dévoré. Je sais que vous êtes un homme bon, même si nous sommes ennemis. Je ne vais pas mourir vite car il faudra à la magie noire un peu de de temps pour ravager mes organes vitaux, à présent qu'elle m'a ôté la liberté de me mouvoir et d'user de magie. Je vous en prie, ne me laissez pas à cette souffrance. Je ne mérite pas ça. Je vous promets que je ne changerai pas d'avis au dernier moment.

Vuzlin, ne sachant s'il devait exulter ou pleurer la mort si ignominieuse de cet homme, eut-il tenté de le tuer, souleva sa hache. Il n'osait regarder en face celui dont il allait interrompre l'existence mais il n'était pas un lâche, aussi plongea-t-il son regard dans celui de Mormont, y découvrant à la fois de l'apaisement, une certaine fierté et malgré tout... la peur naturelle que l'on éprouve face à la mort. Et cette pensée le glaça intérieurement. Un claquement retentit dans l'air, puis il y eut le bruit sourd d'un objet tombant sur le sol et enfin plus rien. Le Merisien était amer, il ne savait trop pourquoi, ou ne le savait que trop. Il se retourna, laissant le cadavre mutilé du Banni pour aller tenter de réveiller Jathel. Décidément, il y en avait en ce monde des pouvoirs qu'il était funeste de réveiller.

Spoiler:





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MessageSujet: Re: Ce que recouvrent les cendres [Terminé]   Ce que recouvrent les cendres [Terminé] EmptyMar 1 Mai - 20:16

La boule gigantesque fonçait droit sur le faux Dragon et dès lors que l’araignée comprit ce qu’il allait se passer, le jeune Héraut sentit ses forces diminuer et il tomba lourdement à même le sol. Avant de s’effondrer et perdre connaissance, il avait aperçu le visage surpris du Banni ainsi que le mouvement du Merisien qui, comme il le souhaitait, avait profité de cette attaque terrible. Cependant Jathel ne vit point plus car il perdit aussitôt connaissance dès que son crâne tomba sur le sol. Ce fut donc le néant pendant de longues minutes…Toutes les choses les plus importantes, les plus choquantes et surtout celles qu’il avait toujours essayé d’oublier refirent surface durant sa perte de connaissance et ce même s’il était à demi-mort de fatigue, son esprit était toujours occupé et bien entendu très troublé par toutes ces pensées sombres : de la mort de sa famille jusqu’à son fils illégitime en passant par son affrontement contre le Krälur… Tous ces terribles événements tournaient en boucle dans sa tête, néanmoins, il ne parvenait point à se relever car il était trop faible. Même s’il savait que son attaque était désespérée contre ces invocations, il savait tout de même que cela créerait facilement une diversion et maintenant qu’il n’était plus dans la partie, il espérait que ce petit bonhomme de Merisien finisse le boulot… Cela aurait été mal vu que Deux des Seigneurs perdent contre un simple Banni… Cela voudrait dire que jamais plus les Quatre pourrait vaincre les Bannis...

Il commençait à remuer petit à petit et surtout à revenir à la surface… Bien qu’il était toujours dans les étoiles, il sentait que ses forces revenaient peu à peu et qu’il était temps qu’il se réveille. Il lutta fortement contre l’envie de dormir car sinon dans l’état où il était, cela le contraindrait à ne plus se réveiller… Par conséquent, il résista longuement à la tentation… Non il n’avait point le droit de mourir maintenant, il devait continuer son travail de Héraut. Son peuple serait fier de lui s’ils savaient ce qu’il avait risqué pour la Survie du Peuple. Avec cette pensée, il ouvrit subitement les yeux et vit de la fumée un peu partout… Il se releva doucement mais il ne parvint pas à se remettre sur ses jambes donc il se mit dans une position semi-assise et après avoir essuyé longuement les yeux, il les ouvrit complètement et constata les dégâts causés par le combat contre le Banni et ses affreuses invocations. CE FUT UN CHOC !!!

En effet, devant lui, un champ de désolation se dressait là où la Géodésie avait frappé sa cible. Un énorme cratère d’une bonne dizaine de mètres offrait son spectacle… Il ferma les yeux légèrement en pensant à ces dégâts, puis il les rouvrit cherchant du regard le Merisien ainsi que le Banni… Mais au début, il ne le trouva point donc il essaya de les distinguer par la Magie, néanmoins toujours point de présence de ces deux là… Il commençait sérieusement à se poser des questions, quand soudainement, il aperçut la silhouette du Merisien sortir du brouillard causé par la fumée qui dégageait du corps du Héraut. A sa vue, Jathel comprit aussitôt que le combat était terminé et il en fut que partiellement heureux… Normal, il aurait souhaité en finir lui-même avec cet effronté de banni, mais le fait qu’il ait invoqué ces terribles adversaires, avait obligé l’Eradrin à user très rapidement de sa véritable Puissance. En un sens c’était la meilleure solution car elle était expéditive mais il aurait pu également retarder l’échéance… Qu’importe se disait-il intérieurement, heureusement que le Merisien était là… D’ailleurs celui-ci se rapprochait doucement et dès lors qu’il fut à sa hauteur, Jathel essaya à nouveau de se relever mais toujours point de résultat donc il dit avec une singulière grimace d’une voix légèrement morte :

« Alors l’ami, qu’en est-il de notre belle proie ? Avez-vous réussi à soutirer de lui certaines informations qui pourraient s’avérer utiles pour la survie des Quatre ? »

Il le fixait de ses yeux rougeâtres qui lançaient des éclairs…
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MessageSujet: Re: Ce que recouvrent les cendres [Terminé]   Ce que recouvrent les cendres [Terminé] EmptyMar 1 Mai - 22:26

Par chance, Jathel était déjà réveillé. Cela évitait à Vuzlin d'avoir à le tirer de son évanouissement. Il se demandait d'ailleurs comment il s'y serait pris. L'Eradrin avait utilisé un sort si puissant que son corps n'avait pu résister au contrecoup. S'il était resté inconscient, il aurait sans doute eu beaucoup de mal à lui faire retrouver ses esprits. Le Patriarche balaya cependant ses considérations d'un revers métaphorique de la main. Le Héraut était éveillé, certes en mauvais état, mais éveillé. C'était bien là le principal. Il se tenait sur ses coudes, le corps toujours ensanglanté et, il le devinait, sérieusement échauffé. Il ne craignait pas pour sa vie, se doutant qu'il avait connu pires retournements de situation, mais il n'était pas pour autant beau à voir. Il grimaça à la vue d'une plaie particulièrement étendue sur l'un de ses flancs, résultant visiblement d'une chute sur des éclats de roche. Et son épaule... elle était dans un état. Comment l'Eradrin pourrait-il se déplacer avec un corps aussi meurtri ? D'ailleurs, quoi qu'il ne put pleinement appréhender comment, Vuzlin savait qu'il ne devait guère être en meilleur état. Il avait beau ne pas être blessé, il avait utilisé sa magie bien plus que de raison. L'Âme de la Terre n'était pas un pouvoir anodin. Il avait été au contact de la magie impure bien plus qu'il ne l'aurait dû et, si son corps n'en portait pas les marques, son esprit était si mortifié qu'il semblait saigner. Si confronter des Bannis le mettait dans un tel état, il serait préférable de ne plus utiliser qu'en cas d'extrême nécessité le pouvoir conféré par la Pierre. Certes, Mormont avait utilisé un puissant artefact mais pourquoi aurait-il été le seul dans ce cas ? Voilà qui était terrifiant. Jathel dut surprendre son air pensif d'une façon ou d'une autre car le regard qu'il lui lança était celui d'un homme qui a compris que son compagnon d'armes a vu de sinistres pouvoirs à l’œuvre.

L'Eradrin lui demanda s'il avait pu extorquer de leur ennemi quelque information, et ce qu'il en était advenu. Son regard s'assombrit à l'évocation de Mormont. Il aurait souhaité ne plus jamais en parler mais il ne pouvait se le permettre. Au Héraut, à l'homme sans qui il aurait sans doute succombé, il devait la vérité. Il connaissait l'aversion de Jathel pour les Bannis et craignait qu'il ne prenne une décision irraisonnée, uniquement guidé par ses émotions. Il aurait pu profiter de sa faiblesse pour lui annoncer ce qu'il avait appris et le convaincre de ne rien tenter mais son sens de l'honneur l'en dissuada. Tirer parti de l'état du Héraut était indigne de lui, indigne d'un Patriarche. Aussi dit-il :

Mormont est mort. J'ai d'autres choses à vous dire mais nous ne pourrons pas discuter tant que vous serez dans cet état, j'en ai peur. Laissez-moi tenter quelque chose. Il y a bien peu de chance que cela réussisse mais si j'y parviens cela accélérera votre cicatrisation et vous remettra un peu sur pied.

L'Eradrin sembla vouloir dire quelque chose mais il grimaça de douleur. Vuzlin vit que ses paumes étaient carbonisées. Il ne pensait pas possible qu'un Eradrin put se blesser avec son propre feu mais était-ce si inimaginable après tout ? Lorsqu'un Merisien s'échinait à vouloir user de la magie de la Terre dans un état d'esprit inadéquat, la Terre s'emparait de lui jusqu'à ce qu'il se soit repris. Il n'était encore jamais arrivé qu'un Merisien soit resté pétrifié car l'esprit s'activait alors à repousser l'invasion mais ce phénomène suffisait à ralentir n'importe quel mage qui outrepassait ses limites. Cela pouvait très bien lui arriver dans les instants à venir mais il s'efforça de ne pas y penser. En tout cas, un pouvoir immense pouvait se retourner en partie contre son utilisateur, y compris si ce dernier maniait le feu. Il savait que la magie du feu reposait sur un équilibre entre le corps et la magie qui en émanait. En appelant à lui une si grande puissance, Jathel avait peut-être rompu cet équilibre, se brûlant ainsi lui-même les mains. Et les brûlures n'étaient pas minimes. Il était temps d'agir. Il pria Vënker de lui accorder la réussite de son entreprise.

Lorsque Jathel avait empli d'énergie son épée en la passant dans sa flamme, il avait contraint la magie émanant du matériau, et donc reliée au domaine de la Terre, à résonner avec la magie du feu. Sur le principe, ce qu'il voulait faire était la simplicité même. Il devait tenter de retrouver la signature magique du fer, noyée dans le désordre induit par l'énergie du feu, et subvertir le rapport du Feu à la Terre. Ainsi, il piégerait l'énergie infusée par Jathel et pourrait la conduire par la voie de la Terre. En pratique, c'était beaucoup plus compliqué. En effet, le désordre magique qui régnait au sein de la lame mettrait son mental à rude épreuve. Et même s'il parvenait à reprendre le contrôle, rien n'était gagné. Il pourrait conduire le feu magique de Jathel mais le chaos se déplacerait alors de la lame vers son esprit, rendant toute manipulation extrêmement compliquée. Et malgré cela, il devrait infuser l'énergie dans le peu de fer que recelait l'organisme de l'Eradrin, donc dans son sang. Il devrait pour cela ressentir la présence d'infimes quantités de matériau, ce qui n'était pas forcément aisé en temps normal. Et rien ne disait que la Terre ne tenterait pas de le submerger, dans l'état de fatigue dans lequel il se trouvait. Mais s'il réussissait... alors l'énergie contenue dans l'épée serait rendue à Jathel dont l'organisme, galvanisé par cet apport, devrait régénérer plus vite que jamais.

Dès le début, ce fut dur. Tenter de ressentir la vibration magique du fer alors que ce dernier avait été contraint de conduire une magie qui lui était si étrangère relevait du supplice mental. Cependant, il tint bon et parvint progressivement à inverser le rapport de force. Malgré la douleur qui irradiait son esprit déjà mal en point, il y parvenait bon an mal an. En revanche, tenter d'arracher l'énergie du fer n'était pas une mince affaire. Et c'est alors que ce qu'il redoutait commençait à se produire. Il surprit dans le regard du Héraut un brin d'inquiétude alors que la pierre commençait à se mouvoir par sa propre volonté, emprisonnant progressivement ses jambes, remontant tel un serpent enserrant sa proie dans ses anneaux. Il ne jura pas, ne s'autorisa même pas le luxe de l'insatisfaction, restant le plus possible concentré sur sa tâche. La Terre le sanctionnait d'avoir dépassé ses limites mais il n'allait pas se laisser faire. Dans sa tête, il menait à présent deux combats de front, l'un contre la marée irrésistible de la Terre et l'autre contre la rétivité du feu emprisonné. Et s'il ne parvenait qu'à repousser la pétrification, il parvint finalement à totalement désolidariser le fer et l'énergie à laquelle il avait servi de réservoir. Il la fit courir dans le sol et se concentra sur les minuscules traces de fer présentes dans le sang de Jathel. Son cerveau menaçait d'exploser, les veines courant sous ses tempes se mirent à saillir tandis qu'une migraine sans précédent s'emparait de lui. Mais il n'en avait cure. Il parvint envers et contre tout à trouver ce qu'il cherchait et projeta le noyau d'énergie du Feu dans cette direction. Aussitôt, il relâcha sa concentration et la Terre regagna sa tranquillité naturelle. Vuzlin soupira. Il avait horriblement mal au crâne mais il avait réussi.

Sentant ses forces revenir, le Héraut se leva. Vuzlin n'en crut pas ses yeux. Avait-il donc déversé tant d'énergie que cela dans son épée ? Il semblait assez stable sur ses deux jambes et certaines de ses blessures se refermaient à une vitesse suffisante pour qu'on put contempler en temps réel la fermeture de la plaie. Quant aux mains, c'était plus impressionnant encore. Les tissus régénérés semblaient avoir été remplacés en quelques dizaines de secondes par de la chair saine. Il savait que les Eradrin jouissaient d'une vitalité peu commune mais Jathel Linandëis devait les surpasser tous en ce domaine. A moins qu'il n'ait jusque-là mis tant de magie dans son arme qu'elle suffisait à elle seule à réparer son corps meurtri. Intrigant. Toujours était-il que le Héraut était à nouveau sur pieds. Il n'avait certes pas l'air pleinement en forme, semblant mal assuré sur ses appuis et l'air épuisé mais il encaissait bien le coup. Peu aurait pu se vanter de supporter une guérison aussi rapide sans en subir le contrecoup. Et pourtant, c'était ce qu'il avait fait. Un drôle d'individu, vraiment. Il était temps qu'ils aient une discussion.

Sire Linandëis, dit-il, les nouvelles que j'ai à vous annoncer sont mauvaises. J'ai tué Mormont de ma main, le sang sur ma hache pouvant en attester, mais je n'ai en réalité fait que l'achever.

Il crut déceler de la surprise dans le regard du Héraut mais n'y fit pas plus attention. Il poursuivit :

Mormont n'a jamais combattu seul, en réalité. La puissance que nous avons affronté n'était pas la sienne propre. Nous n'aurions jamais pu vaincre ses invocations définitivement. J'ai vu Mormont tenter de régénérer ses deux créatures alors même que vous les aviez réduites à l'état de bouillie. Pire encore, il avait à sa disposition tant d'énergie qu'il pouvait utiliser un pouvoir lui permettant de modifier la réalité à sa guise sur une courte portion de l'espace et du temps. La quantité de matière noire nécessaire à une telle manipulation de la structure même de notre monde surpasse celle que peut abriter un simple mortel. C'est d'ailleurs ce qui a perdu le Banni. Regardez ça.

Il éleva à hauteur d'yeux la chaîne brisée et ce qui restait du cristal. En le regardant à nouveau, Vuzlin se dit qu'il semblait bien inoffensif à présent. Mais le souvenir du pouvoir qu'il avait contenu contenait à lui glacer les sangs.

Ce cristal lui donnait toute la force dont il avait besoin. Malheureusement pour lui, il a voulu altérer la réalité une fois de trop. La première fois, ce fut lorsque nous l'avons attaqué conjointement, vous avec des boules de feu et moi avec mon tas de roche lancé à grande vitesse. La deuxième lorsque je tentais de l'attaquer au corps à corps avec des lames de pierre. La troisième et dernière fois, je lui défonçai la poitrine d'un coup de hache qui, après modification, se contenta de lui laminer le bras. C'était plus que son esprit, déjà tout occupé à empêcher la malveillance du cristal de l'envahir, pouvait supporter. Alors la matière noire a commencé à s'échapper du cristal et l'a contaminé, entraînant sa mort à brève échéance. Je l'ai achevé pour lui épargner de souffrir. Mais avant cela, il m'a confié avoir agi sur ordre et a parlé d'une guerre à venir. Il se peut donc que le Roi-renégat complote à rompre l'équilibre actuel des forces et à violer la paix des Quatre. Mormont était chargé de corrompre un maximum de personnes, sans doute pour semer la confusion dans l'éventualité d'une attaque, et a visiblement accepté le cristal de ses chefs, quels qu'ils soient. Je n'ai pas pu en apprendre plus, il n'a plus ensuite souhaité parler. Et j'ai pris sa vie. Alors, que pensez-vous de tout ceci, Héraut ?
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MessageSujet: Re: Ce que recouvrent les cendres [Terminé]   Ce que recouvrent les cendres [Terminé] EmptyJeu 3 Mai - 21:30

Le Merisien s’était rapproché de lui et dit simplement :

Mormont est mort. J'ai d'autres choses à vous dire mais nous ne pourrons pas discuter tant que vous serez dans cet état, j'en ai peur. Laissez-moi tenter quelque chose. Il y a bien peu de chance que cela réussisse mais si j'y parviens cela accélérera votre cicatrisation et vous remettra un peu sur pied.

Le jeune Héraut voulut ajouter quelque chose mais soudainement une douleur se fit ressentir et il grimaça. Il regarda son corps meurtri par ce terrible combat, puis il sentit une odeur de brûlé. Il regarda partout mais ne vit point quand soudain il aperçut ses mains ; il fut sous le choc car il ne pensait pas que cela était possible… En effet, même lui, Héraut de Phoebia et l’Eradrin le plus puissant du Monde pouvait se brûler avec son propre sort. Il jura pour lui-même car le fait de se brûler à cause de son propre sort était une honte pour les Eradrins… Il ne fallait point que cela se sache par conséquent il accepta que le Merisien l’aide à guérir pour retrouver l’usage de ses membres meurtris par la Puissance de ses sorts. Celui-ci prit l’épée du Héraut qui leva un sourcil étonné. Allait-il le tuer pour s’attribuer le mérite de l’assassinat du Banni ? Une légère colère apparut sur le visage meurtri de Jathel mais celle-ci disparut aussi vite qu’elle n’était apparue. En effet il constata que le Merisien n’utilisait point l’épée pour le tuer mais parce qu’il essayait tant bien que mal de transférer l’Energie de l’Epée vers le jeune Eradrin. Jathel était trop faible pour le faire seul car il aurait pu lui-même transférer cette énergie en lui car c’était son stock lors de combats comme celui qu’il venait de mener rudement. Cependant il ne pouvait point le faire dans son état, par conséquent il attendait dans la douleur que le Merisien réussisse.

Dès le début, Jathel ressentit que cela allait être difficile car l’épée n’obéissait point à la magie du Merisien donc celui-ci ne parvenait point à lier la magie de l’épée à la magie de la Terre. Cette opération lui faisait très mal car il n’en avait subi de telle sorte et surtout d’une telle violence. Jathel grimaçait de douleur lorsque le Merisien essaya de guérir ses blessures en se concentrant sur le fer qui composait le sang de l’Eradrin. Cela dura de longues minutes durant lesquelles le jeune Héraut avait tant souffert mais au prix de longues souffrances, l’opération se termina enfin. Vuzlin semblait très épuisé d’avoir tant utilisé de sa magie pour sortir le jeune Héraut de sa souffrance. Jathel lutta donc pendant encore quelques minutes puis soudainement, il se ressentit galvanisé comme si sa force revenait petit à petit. Il sourit légèrement et fixa ses mains qui reprenaient leurs couleurs d’origine : ses blessures commençaient à guérir mais il savait que cela n’était point encore assez. Il fallait qu’ils rentrent d’urgence au Château du Conseil pour avoir des soins auprès de ses Guérisseurs mais pour l’heure, il savait qu’il pourrait tenir encore quelques minutes voire quelques heures mais pas plus. Il était finalement sur pied grâce à l’être de petite taille. Pour montrer qu’il allait bien mieux, il se leva d’un coup sec…

Une fois debout, il fit craquer son cou, remua ses membres supérieurs et inférieurs puis il reporta son attention sur Vuzlin qui semblait surpris par l’énergie qu’il dégageait alors que quelques minutes plus tôt, il était quasiment inerte. Mais ce que ne savait point le Merisien, c’est que dans l’Epée, il y avait assez d’énergie pour détruire une cité entière : en effet cela faisait des années qu’il mettait de l’énergie à l’intérieur d’Arnhild. Cette épée sortait de l’antre du Mont Serkaï et la Puissance du Père de tous les Volcans imprégnait la lame de l’Epée. L’œuvre d’un Grand Héraut : le père de Jathel… Il remercia celui-ci puis il se rapprocha du Patriarche qui semblait toujours aussi étonné mais comme s’il ne s’était rien passé, Vuzlin dit :

Sire Linandëis, les nouvelles que j'ai à vous annoncer sont mauvaises. J'ai tué Mormont de ma main, le sang sur ma hache pouvant en attester, mais je n'ai en réalité fait que l'achever.

Jathel, bien que surpris, savait au fond de lui-même ce qu’allait lui conter le Patriarche de Vënmher. Car c’était sa plus grande crainte et la plus mauvaise des nouvelles que l’on pourrait lui annoncer, néanmoins, il ne dit rien et laissa Vuzlin poursuivre son récit.

Mormont n'a jamais combattu seul, en réalité. La puissance que nous avons affrontée n'était pas la sienne propre. Nous n'aurions jamais pu vaincre ses invocations définitivement. J'ai vu Mormont tenter de régénérer ses deux créatures alors même que vous les aviez réduites à l'état de bouillie. Pire encore, il avait à sa disposition tant d'énergie qu'il pouvait utiliser un pouvoir lui permettant de modifier la réalité à sa guise sur une courte portion de l'espace et du temps. La quantité de matière noire nécessaire à une telle manipulation de la structure même de notre monde surpasse celle que peut abriter un simple mortel. C'est d'ailleurs ce qui a perdu le Banni. Regardez ça.


Vuzlin sortit une chaîne brisée et un cristal… Jathel les examina avec attention, dissimulant tant bien que mal sa colère. Ainsi donc, cet effronté ne se battait point avec sa vraie puissance mais celle d’une pierre magique… Cette idée frappa violemment le jeune Héraut qui ne comprenait point comment cela pouvait être possible. Les uniques pierres magiques étaient les Pierres Divines mais celles-ci étaient bien gardées par les Quatre Seigneurs dont lui, Héraut de Phoebia et Gardien de la Pierre de Rubis. Sa crainte se confirma désormais… Les Bannis avaient retrouvé leur Puissance d’antan et préparait quelque chose… D’ailleurs sa crainte d’une Guerre fut confirmée par Vuzlin qui rajouta :

Ce cristal lui donnait toute la force dont il avait besoin. Malheureusement pour lui, il a voulu altérer la réalité une fois de trop. La première fois, ce fut lorsque nous l'avons attaqué conjointement, vous avec des boules de feu et moi avec mon tas de roche lancé à grande vitesse. La deuxième lorsque je tentais de l'attaquer au corps à corps avec des lames de pierre. La troisième et dernière fois, je lui défonçai la poitrine d'un coup de hache qui, après modification, se contenta de lui laminer le bras. C'était plus que son esprit, déjà tout occupé à empêcher la malveillance du cristal de l'envahir, pouvait supporter. Alors la matière noire a commencé à s'échapper du cristal et l'a contaminé, entraînant sa mort à brève échéance. Je l'ai achevé pour lui épargner de souffrir. Mais avant cela, il m'a confié avoir agi sur ordre et a parlé d'une guerre à venir. Il se peut donc que le Roi-renégat complote à rompre l'équilibre actuel des forces et à violer la paix des Quatre. Mormont était chargé de corrompre un maximum de personnes, sans doute pour semer la confusion dans l'éventualité d'une attaque, et a visiblement accepté le cristal de ses chefs, quels qu'ils soient. Je n'ai pas pu en apprendre plus, il n'a plus ensuite souhaité parler. Et j'ai pris sa vie. Alors, que pensez-vous de tout ceci, Héraut ?

Une guerre à venir ? Le Roi-renégat complote pour rompre l’équilibre des Forces… Ces deux choses, Jathel s’en doutait depuis des jours voire même depuis des semaines ou même des mois. Sa colère s’intensifia mais il la dissimula derrière son masque hautain et froid. Il regarda son Homologue et répondit à sa question d’une voix qui contenait mal sa colère :

« Je ne vous cache point, chère Patriarche que je me préparais à une quelconque attaque des Bannis car si attaque il y aurait ça commencerait obligatoirement par Phoebia. Néanmoins, je ne pensais point du tout à cela. Le Roi-renégat m’a grandement surpris car sa nouvelle méthode a, je l’avoue, été très efficace et elle a failli fonctionner. S’il n’y avait point d’informateurs fidèles, je ne pense point que nous ayons pu en venir à bout du plan de Mormont, qu’en dites-vous Vuzlin ? » Il leva les yeux vers lui, l’air interrogateur, puis il reprit d’une voix très sarcastique :

« De toute façon, s’ils veulent la guerre, la Guerre ils auront car je ne laisserai personne détruire notre Equilibre mais avant de faire quelconques actions, je pense qu’il est grand temps mon cher de réunir de nouveau le Conseil des Quatre. Qu’en pensez-vous ? Le Grand Pontife des Ethérés et la Souveraine des Ondaliens doivent être au courant de ces événements qui vont à tout jamais bouleversé l’Equilibre des Forces. »
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MessageSujet: Re: Ce que recouvrent les cendres [Terminé]   Ce que recouvrent les cendres [Terminé] EmptySam 5 Mai - 18:28

Vuzlin écouta, l'air grave, ce que le Héraut avait à lui dire. Comme à son habitude, il allait vite en besogne, bien trop vite. Sans doute les Eradrins se moquaient-ils de l'Histoire mais ce n'était pas le cas du Patriarche. Les Bannis avaient toujours été un peuple belliqueux et de nombreuses guerres avaient eu lieu entre eux et les quatre races élues. Souvent, elles avaient été perdues par les Bannis. Ce n'était pas qu'ils soient de piètres combattants, bien au contraire. On les disait capables de sombres prodiges sur le champ de bataille, qui leur avaient permis d'arracher les quelques victoires qui avaient été les leurs. Seulement, Thorgal était une terre si avare qu'elle pouvait difficilement supporter le poids d'une campagne de reconquête d'Elirondia. Beaucoup de conflits s'étaient achevés non par une ultime défaite et une reddition sous conditions mais bien par des guerres civiles entre Bannis et des régicides. Il est beaucoup plus difficile qu'on ne le croit d'enthousiasmer un peuple pour une guerre menée loin de ses demeures, à plus forte raison si son issue semble incertaine. Beaucoup de Rois-renégats avaient fait les frais de cette vérité. En effet, les dissensions entre grandes familles et l'ambition des chefs de ces dernières étaient une composante incontournable de la vie politique en Thorgal. Une guerre mettait un roi en position d'impopularité, surtout s'il perdait, et cela permettait aux comploteurs de passer non pas pour des usurpateurs mais pour des héros. Tout cela, Jathel l'oubliait, tout à sa haine d'un peuple qu'il n'avait jamais cherché à comprendre. Vuzlin considérait les Bannis avec méfiance mais il ne pouvait leur en vouloir vraiment. La guerre n'est jamais vraiment la solution mais on ne la mène pas sans raison. Quoiqu'il en soit, Mormont pouvait bien déclarer que l'armée se préparait à marcher sur Phoebia, Altheria et Ekëstrim et Vënmher tout à la fois, fallait-il s'inquiéter ? En un sens oui, la puissance du mage l'avait démontré. Mais de là à réunir d'emblée le Conseil ? Quelle folie ! C'était bien le meilleur moyen de mettre sur ses gardes le Roi-renégat qui pouvait attaquer avant que ne se soient renforcés les liens entre les quatre races. Car c'était bien là la mission prioritaire : créer un climat favorable à l'alliance des Ondaliens, Éthérés, Eradrins et Merisiens. Quoique put en penser le Héraut, il ne suffisait pas d'un simple conseil pour mettre en place une coalition digne de la Première Alliance, lorsque les Dieux eux-mêmes affrontèrent les individus corrompus que l'on ne nommait pas encore Bannis.

Il voulait faire comprendre tout cela à Jathel mais doutait que le Héraut l'écoute. Il ferait selon son envie et, il le savait, n'hésiterait pas à l'impliquer. Cela étant, il n'était pas obligé de respecter l'agenda que tenterait d'imposer l'Eradrin. Ce dernier avait peut-être de la suite dans les idées mais lui aussi. Il tenterait d'unir les Quatre par d'autres biais dont les conséquences seraient moins immédiates mais plus directes. Le Roi-renégat n'était pas encore aux portes de Vënmher, pas plus qu'à celles des autres nations, alors que la désunion mettait l’Équilibre en danger de façon permanente. Leurs prédécesseurs, qu'il s'agisse des anciens Hérauts, Souveraines, Patriarches ou Pontifes, s'étaient révélés par trop désinvoltes en termes de diplomatie. Les égoïsmes nationaux s'étaient renforcés, on avait de moins en moins cherché l'union au profit de luttes stériles pour la moindre parcelle de pouvoir. Depuis qu'il avait reçu le pouvoir de la Pierre d’Émeraude, il n'avait aspiré qu'à faire de Vënmher le fer de lance de la réconciliation et de l'amitié internationale. Il n'avait jamais pensé que le besoin d'une telle politique se ferait sentir aussi rapidement. Dans l'expectative, mieux valait se préparer au pire. Il n'avait aucune envie de mettre tout le monde sur le sentier de la guerre, comme Jathel semblait vouloir le faire, mais il n'était pas dans ses intentions de faciliter la tâche à l'ennemi si ce dernier s'obstinait à vouloir troubler la paix. L’Équilibre devait être préservé, vaille que vaille. Il répondit :

Il me semble que convoquer si tôt le Conseil des Quatre alors que nous sommes si désunis me semblent bien prématuré, seigneur Linandëis. Cela étant, je ne peux vous empêcher de mener à bien votre projet. Prenez garde toutefois à ne pas déclencher quelque chose dont vous ne pourriez supporter la responsabilité. Votre haine des Bannis est légendaire et on mettra en doute votre objectivité, soyez-en conscient. Et si l'avenir vous donne tort, vous serez tenus coupable de tous les errements. De mon côté, je vais tenter de renforcer l'entente entre nos quatre peuples, par tous les moyens à ma disposition. Une paix vigilante, voilà ce que je souhaite. Si nous montrons à l'ennemi que nous faisons bloc, peut-être sera-t-il plus impressionné que devant des milliers de lance et commettra-t-il une erreur que nous pourrons exploiter. Alors, je vous en prie, ne hâtez pas les choses.

Bien sûr, la supplique était totalement vaine. Les Eradrins étaient de vaillants guerriers mais de bien piètres stratèges. Jathel pensait sans doute tout résoudre en brûlant la cité d'Askeladd. Vuzlin craignait qu'il n'attaque seul Thorgal si ses revendications n'étaient pas entendues. Et c'était bien la pire chose qui pouvait arriver.
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MessageSujet: Re: Ce que recouvrent les cendres [Terminé]   Ce que recouvrent les cendres [Terminé] EmptyLun 21 Mai - 23:14

Il me semble que convoquer si tôt le Conseil des Quatre alors que nous sommes si désunis me semblent bien prématuré, seigneur Linandëis. Cela étant, je ne peux vous empêcher de mener à bien votre projet. Prenez garde toutefois à ne pas déclencher quelque chose dont vous ne pourriez supporter la responsabilité. Votre haine des Bannis est légendaire et on mettra en doute votre objectivité, soyez-en conscient. Et si l'avenir vous donne tort, vous serez tenus coupable de tous les errements. De mon côté, je vais tenter de renforcer l'entente entre nos quatre peuples, par tous les moyens à ma disposition. Une paix vigilante, voilà ce que je souhaite. Si nous montrons à l'ennemi que nous faisons bloc, peut-être sera-t-il plus impressionné que devant des milliers de lance et commettra-t-il une erreur que nous pourrons exploiter. Alors, je vous en prie, ne hâtez pas les choses.

Jathel n’esquissa le moindre sourire, ni même le moindre rictus de joie ou de colère. Il n’appréciait nullement les paroles du Merisien mais il se devait de suivre ses idées. Le Patriarche avait raison, se disait-il, l’air las. Il chancela légèrement mais parvint tout de même à rester debout… Ce léger déséquilibre n’avait point passé inaperçu mais peu importait, son principal soucis dorénavant était que son pays allait devoir redoubler d’efforts pour tenir les bannis hors de portée des flammes des Eradrins. Ils perdaient du temps à jacasser ainsi, ce qui énerva intérieurement le jeune Héraut qui regrettait d’avoir utilisé tant d’énergie pour lancer son attaque. Il était certes le plus puissant des Eradrins, grâce à l’énergie conférée par la Pierre de Rubis, néanmoins aujourd’hui, il avait été négligeant… Il ferma lentement les yeux et se mit à se remémorer toute la scène du combat contre ce banni, qui leur avait tant donné du fil à retordre. La question existentielle qui venait à l’esprit de l’Eradrin était : comment cela pouvait être possible ? Deux Représentants avaient failli se faire vaincre contre un simple Banni… C’était alarmant : le fait d’être si désunis faiblissait les Quatre, ce qui laissait au jeune Héraut de penser qu’à l’heure actuelle des choses, il fallait mener des actions rapides et pour le moins efficace… Il inspira longuement puis commença à émerger.

Retrouvant peu à peu ses esprits, il reporta son attention sur le Merisien qui semblait attendre une quelconque réponse de la part de l’Eradrin. Celui-ci inspira longuement, avant de parler d’une voix d’un calme apparent mais qui trahissait clairement sa rancœur :

« Je ne souhaite point convoquer si tôt le Conseil, néanmoins, dès maintenant je vais commencer un long périple afin de tenir au courant de la situation actuelle nos Homologues. Je commencerai mon voyage par Ekëstrim et je finirai par Altheria… » Il se tut légèrement, regardant de ses iris rougeâtres le Merisien, puis après une petite respiration complète, il reprit de cette fausse voix calme : « Oui je sais mieux que quiconque que ma haine envers les Bannis pourrait fausser mon jugement ou autre, néanmoins sachez que je ne suis point assez fou pour oser marcher sur Askalaad et commencer un long siège afin que l’ingrat de Roi-renégat connaisse les affres de la Mort… »

Cette fois, sa colère explosa et sa main qu’il serrait fort s’enflamma aussitôt… Mais secouant la tête, la flamme disparut aussi vite qu’elle n’était apparue. Il considérait sa conversation avec le Patriarche de Vënmher était terminée et qu’il était grand temps qu’il disparaisse… Leur prochaine rencontre serait déterminante pour l’avenir d’Elirondia et de l’Equilibre des Quatre. Pour l’heure, il était temps qu’ils se disent au revoir car le jour commençait à tomber sur le champ de bataille…
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MessageSujet: Re: Ce que recouvrent les cendres [Terminé]   Ce que recouvrent les cendres [Terminé] EmptyMer 23 Mai - 22:21

Si volcanique que fut la terre de Phoebia, elle ne pouvait l'être autant que le tempérament du Héraut. Quand les Dieux avaient attribué aux Quatre leurs territoires, ils avaient été inspirés d'offrir aux Eradrins une terre aussi indomptable et irraisonnée qu'eux-mêmes l'étaient. Pourtant, le Patriarche avait senti que ses arguments avaient fait mouche. Bien sûr, cela n'avait pas plu au Héraut, d'où son énervement. S'il n'avait pas jugé qu'une telle chose fut volontiers considérée comme insultante, Vuzlin eut poussé un profond soupir. La démonstration de frustration qu'il venait de lui faire en allumant puis en éteignant rapidement le feu de ses poings n'était pas pour l'apaiser. La bataille avait été éprouvante mais cela n'empêchait pas Jathel de tempêter intérieurement. Et comme il seyait à l'un des membres de cette race, les pensées, censément secrètes, étaient trahies par la gestuelle et l'attitude. Si son esprit semblait adhérer au raisonnement du Patriarche, les forces qui animaient son corps et son cœur luttaient avec ardeur pour faire valoir leur point de vue. Haine, frustration, colère, agacement, tant de forces négatives qui animaient ce seigneur à qui tout avait jusque-là réussi et qui devait à présent réapprendre que tout homme doit un jour se trouver en position d'impuissance. Vuzlin n'aurait su l'en blâmer car son calme n'était qu'apparent. En son for intérieur, un trouble sans pareil lui déchirait l'âme. Mais, et c'était bien là le point essentiel, il n'était pas seul. Il rendait des comptes à une nation entière qui ne saurait lui pardonner de se laisser emporter par ses passions. Il devait agir raisonnablement, froidement, quand bien même les décisions à prendre ne lui conviendrait pas, tout comme le Héraut le faisait - sans doute cela déplaisait-il bien davantage à ce dernier. Il l'avait toujours fait, alors pourquoi était-ce maintenant si difficile ?

Quoiqu'il en fut, le Héraut semblait vouloir en rester là. A vrai dire, il en était soulagé. Ce Jathel n'était pas le genre de personne qu'il souhaitait fréquenter assidûment. La force jamais au repos des Eradrins l'épuisait, le consumait pourrait-on dire. Et si, en tant que dirigeant, il ne pouvait qu'aspirer à la portion congrue de cette précieuse ressource. Et l'ardeur bouillonnante des guerriers de Feu, cet appétit féroce pour la lutte à mort et le sang versé, lui prélevait bien plus d'énergie qu'il ne pourrait en reconstituer. Cette pensée lui fit comprendre à quel point il différait d'eux. Combien de personnes s'étaient-elles entretuées pour l'or alors même que la santé était un bien plus précieux encore ? Que servait de demeurer sur une montagne d'or quand une maladie vous condamnait à rester au lit ? Fous que ces hommes qui risquaient la mort dans l'espoir de plus de pouvoir, de plus de richesses, de plus de plaisirs. Face à la mort, l'amour même semblait une plaisante farce. Et pourtant, les Eradrins se jetaient volontiers dans la gueule béante de l'ultime adversaire, se plaisant à le défier pour simplement ressentir plus intensément chaque seconde de leurs existences. Les Dieux eux-mêmes n'avaient pas éclairci la nature du dernier voyage, mais ils avaient donné aux mortels les façons de bien vivre en accord avec leurs dons magiques. Et la voie du Feu était celle de la guerre. En un sens, Vuzlin comprenait qu'ils n'avaient jamais appris à vivre autrement et qu'ils ne pouvaient s'épanouir pleinement que de cette façon. Mais il ne savait s'il devait les plaindre ou les envier. Les envier ? Peut-être bien. Après tout, chaque expérience qui vous rapprochait de la mort vous faisait pleinement appréhender la précarité de la vie et la nécessité d'en jouir pleinement. Mais était-ce le seul moyen ? Fallait-il donc faire couler chaque fois le sang pour comprendre ces vérités élémentaires ? Il ne le pensait pas. En réalité, il n'avait pas de compassion pour les Eradrins. Ils avaient leur mode de vie, ils avaient le leur, son peuple et lui. Et ainsi allait le monde. Qu'y pouvait-il ? Se croyait-il capable de pacifier une bonne fois pour toute les relations entre les peuples ? Se pensait-il si irrésistible, si invincible ? Sans doute pas. Et pourtant... L'espoir, il n'avait que l'espoir, à défaut de certitudes.

Il ne savait trop quoi dire. Le fossé entre eux était grand. Mais Jathel s'était plié à sa volonté, du moins pour cette fois, et pour les heures à venir. Ses instincts pouvaient fort bien reprendre le dessus. En même temps, il en doutait. Jathel avait peut-être un fond tyrannique et dominateur, ainsi qu'il l'avait constaté, il le pensait homme d'honneur. Il se proposait ni plus ni moins que de faire la tournée des dirigeants, si un tel terme était convenable. Lui, Vuzlin Arthrond, allait devoir faire de même. Le temps de la Grande Alliance était loin et, quoiqu'on vécut en une période de paix relative, les égoïsmes nationaux perduraient. Et il était normal que Jathel tente d'influencer leurs homologues de façon à avantager son propre peuple. Il comptait faire de même après tout, tout en veillant toutefois à ne pas œuvrer à la désunion des autres peuples entre eux. Mais avant, il avait quelque chose à faire. Devant lui s'offraient à sa vue les terres mornes et noirâtres de Thorgal. Et, sans qu'il s'en étonnât, il ressentit comme un appel. Un désir impérieux le pressait de franchir la ligne entre l'élément connu, la terre des Quatre, et la nouveauté inquiétante, le pays ravagé du peuple déchu. Cela pouvait passer pour une lubie mais il devait comprendre. Quoi, il ne savait pas trop. Peut-être en apprendrait-il plus sur lui-même et sur sa relation au monde, une matière indispensable à qui prétend commander. Comment en effet pouvait-on prétendre diriger si l'on ignorait sa nature profonde ? C'était courir le risque de laisser un adversaire potentiel gagner une forte emprise sur vous. Et de ça il n'était pas question. Il aspirait à être fort, non pour lui mais pour les siens. Seuls ceux qui ne désiraient pas le pouvoir pour eux-mêmes avaient la capacité de changer le cours des choses. Les autres ne souhaitaient jamais que la préservation de l'ordre ancien, du moment qu'il les favorisait. Pour autant, il ne devait pas sombrer dans le despotisme et repousser l'avis d'autrui. Puissance et modestie ? Une bien délicate alchimie. En tout cas, de modestie il ferait preuve. Il porterait le corps de Mormont hors de cette nation qui fut son ennemie et lui offrirait sa dernière demeure là-bas, au sein de sa patrie. En tant que son assassin - car il l'avait tué, légitime défense ou pas - il se faisait un devoir d'offrir à son corps les derniers hommages. Le lien entre deux ennemis est d'une nature étrange, où se mêle le respect et le mépris, la détestation et l'admiration. Pour cette raison, il se ferait psychopompe et le conduirait en lieu sûr. Les Dieux répugnaient à ce qu'on laissât les morts sans sépulture, et cela valait aussi pour un Banni. Il n'y aurait pas de cérémonie, juste une oraison funèbre, puis ils se quitteraient pour toujours. Vuzlin ignorait, comme les Dieux eux-mêmes, ce qu'il advenait une fois la vie enfuie. Mais il s'interrogeait : le destin les vouaient-ils à une éternelle séparation, par-delà les frontières du temps, ou réunirait-il tous les mortels dans l'au-delà. Un jour, lointain ou proche, il le saurait. Mais son heure n'était pas encore venue et il s'en réjouissait. Si meurtri, affaibli, déprimé qu'il fut, il était en vie. Et cela était la seule chose qui comptât réellement. Il tenta, sans succès, de sourire. La vie était une chienne mais elle était la seule chose de sûre. Il ne comptait pas la gâcher.

Comme il était temps de se quitter. Il prit à son tour la parole. Il ne comptait pas confier au Héraut la nature de ce qu'il ferait ensuite mais il n'éluderait pas toute forme de vérité pour autant. Il avait après tout un fond de religiosité bien connue, même s'il se défendait de se laisser influencer par lui. Cela suffirait à expliquer son attachement à traiter avec déférence la dépouille de l'ennemi vaincu. Si du moins Jathel se préoccupait d'en savoir le pourquoi, ou même s'il s'en alarmait. Il dit : Ainsi donc, sieur Linandëis, nos chemins se séparent ici. Ce fut une âpre bataille, et il est douteux que nous ayons réussi si nous avions été séparés. Vënmher, par ma voix, vous remercie de votre aide et vous fait savoir que vous serez toujours bien accueillis si la fantaisie de venir par chez nous vous prenait. Je vais de ce pas ensevelir le corps de Mormont car, si ennemi il fut, il déplairait fort aux Dieux de laisser sans digne sépulture un défunt. Nous nous recroiserons sous peu, il n'y a aucun doute à cela. D'ici là, que votre force vous préserve des coups du destin et que Phoebia se renforce. Voilà tout le mal que je vous souhaite, à vos Eradrins et à vous.

Et ils se quittèrent après que le Héraut eut répondu d'une phrase, sans prolonger leur échange. Chacun avait hâte de rentrer. Mais Vuzlin savait qu'il n'aurait pas l'occasion de revoir au dessus de sa tête le plafond pierreux rassurant de Vënmher. Son périple en terre Bannie commençait juste. Et s'il plaisait aux Dieux qu'il en revint, il devrait ensuite regagner sa terre, si loin de là. Il soupira. Bien étrange victoire que celle de ce jour, qui vous laissait un goût si amer à la bouche et vous mettait en tête plus de questions qu'elles ne vous donnaient de réponses. Il aurait pu taire le trouble qui agitait son âme mais il ne le désirait pas. Il pouvait différer mais pas supprimer ce vague à l'âme qui le taraudait. Et son destin, il le sentait, était de faire face à ses démons, non de les fuir indéfiniment. Aussi, les bras chargés de son pesant fardeau, il franchit la ligne invisible qui séparait les terres des Quatre de Thorgal la stérile. Et aux yeux de tous ceux qui auraient pu se trouver là, il fut comme englouti par la nuit.
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