Le vent soufflait avec douceur sur la chevelure sombre d’Emeline, la faisant virevolter dans tous les sens. Les pas de la jeune femme résonnaient sur le pavé qui composait les rues de la cité d’Elaën. Les étoiles présentes dans la masse sombre, située au dessus de la tête des passants, étaient pratiquement la seule lumière existante. Quelques chandelles se tenaient près de la porte d’une auberge ou d’une demeure quelconque sans pour autant éclairer les allées. La fraîcheur de la nuit créait de nombreux frissons sur la peau pâle de l’ondalienne. Celle-ci était vêtue d’une robe blanche d’été qui ne pouvait la garder au chaud lorsque le soleil cédait sa place à l’astre lunaire. Emeline ne possédait pas d’autres vêtements, elle ne pouvait donc pas enfiler une tenue plus approprié à la température.

Plus tôt, la magicienne avait rejoint son domicile ; le dessous d’un pont. Une couverture ainsi que quelques habits lui appartenant s’y trouvaient. Lors de son arrivée, elle constata avec frustration que ses effets personnels avaient disparus, ayant probablement été volés par un autre clochard. Un profond soupire s’échappa de la poitrine d’Emeline. Les nuits étaient si froides et elle ne possédait plus rien qui pourrait la réchauffer. Ne sachant que faire, la jeune femme se dirigea en direction du quartier le plus convoité de la cité. Les gens fortunés s’y trouvaient tous et la clocharde y dénicherait probablement un homme qui ressentait le besoin de tenir une femme dans ces bras. Avec l’argent qu’elle obtiendrait, elle pourrait acheter une nouvelle couverture et un peu de nourriture. Emeline n’avait pas mangé depuis plus de vingt quatre heures et la faim lui tenaillait le ventre.

La voix d’un homme la ramena à la réalité. Sortant d’une auberge, un être de sexe masculin se dirigeait vers l’ouest. Celui-ci semblait ivre, ces pas étaient incertains et il vacillait de gauche à droite. Il adressait la parole à tout ce qui se trouvait sur son chemin : une porte, un écriteau et même à son propre reflet. Sans réfléchir, la jeune femme bifurqua vers la droite, dans une rue un peu moins emprunté. Lorsqu’elle tourna l’intersection, son corps entra en collision avec un autre être. La jeune ondalienne recula rapidement d’un pas avant de lever les yeux vers la personne qu’elle avait bousculée. Un homme se devait devant elle et son regard était fixé dans le sien. Un léger sourire se dessina sur les lèvres rouges de l’itinérante avant qu’elle ne prononce quelques mots d’excuse à l’égard de l’inconnu. Peut-être serais-ce cet homme qui comblerait ces besoins ? La chance semblait lui sourire ce soir.

UN PEU D'ARGENT ET DE CHALEUR

Le soleil se levait tranquillement sur la Capitale d'Ekëstrim, le jeune Héraut des Eradrins dormait encore profondément mais d'un sommeil peu tranquille dans sa somptueuse suite dans le Palais de l'Eau. Pourquoi n'avait-il point réussi à bien dormi? La réponse est totalement évidente: il était dans le territoire d'une autre Nation et en particulier chez les Êtres qui sentent fort l'Eau. L'Eradrin avait senti le picotement du Soleil du sa peau, il s'etait donc réveillé et s'était levé pour regarder par delà sa fenêtre. Malgré son léger mépris pour cette race, Jathel ne pouvait nullement nier que c'était sans aucun doute la plus et la mieux organisée des Nations. D'ailleurs c'était l'une des raisons de sa visite: rencontrer la Souveraine des Ondaliens et discuter de tas de choses avec elle. D'après ses informations, cette femme était d'une beauté rarissime et il avait hâte d'en s'en rendre compte par lui-même.

Il prit une bouffée d'air pur, puis il se dirigea vers ses effets et commença se vêtir. Il enfila son pantalon de cuir marron, puis une chemise de soir blanche par-dessus une cotte de maille faite du même métal que son épée. Lorsque cela fut fait, il enfila une légère armure, puis plaça son épée sur son côté et finalement il sortir de la chambre. Durant sa progression dans le Palais, il salua avec froideur toutes les personnes qu'il croisait et lorsqu'il fut finalement à l'extérieur du bâtiment, il constata que ses gardes lattendaient patiemment et regardaient les Ondaliens avec tout le mépris qu'ils pouvaient montrer. Lorsque le Héraut arriva a leur hauteur, ils se mirent aussitôt dans une position fixe tandis que Jathel leur ordonnait d'un simple hochement de tête de se remettre normalement. Il prit la parole d'une voix sévère et froide:

- Quelles sont les nouvelles?

Le chef de la Garde, Genzai Hustain s'avança vers son Souverain et lui dit d'une voix respectueuse:

Tout va bien mon Seigneur, d'après nos informations, votre rencontre avec la Souveraine de ce peuple devrait de dérouler dans la journée de demain. Qu'en dites-vous?. Le jeune chef répondit par un simple hochement de tête puis il partit et disparut au tournant d'une ruelle.

Il commença une longue promenade tout autour d'Elaen, il admirait les splendeurs de cette cité, même si sa contrée lui manquait tant. Il voulait revenir chez lui mais c'était impossible. Il devait d'abord discuter de plein de choses avec les Ondaliens. Il continuait sa promenade durant des heures et des heures, il s'etait arrêté à une auberge pour manger mais la nourriture lui avait complètement déplu, néanmoins du haut de son rang, il n'avait rien fait. Il savait que les Eradrins avaient une réputation de colériques etc pour toutes les autres Nations. Et cela, le jeune Héraut voulait le changer!
Il avait légèrement la tête vers le ciel et vit que le soleil commençait à se coucher tranquillement. Il prit donc le chemin du retour mais il constata bien vite qu'il s'était trompé de chemins. En effet, il ne reconnaissait plus l'endroit ou il se trouvait . Il s'avança à allure plus rapide et se retrouva quelques minutes plus tard dans une ruelle étrange. Il ouvrit grand ses yeux et constata qu'il y avait plein de jeunes femmes à demi-dénudées . Cela intrigua Jathel qui reprit son chemin. Tout le monde se retournait à son passage: sa prestance se voyait dans sa démarche... Il marchait toujours quand soudainement une personne le percuta de plein fouet.

Il regarda l'effronté d'un œil mauvais, ses iris rouges sang S'enflammerent tandis qu'il percevait mieux la personne qui venait de le bousculer. Sa colère laissa vite place au mépris malgré le fait que ce soit une personne de la gent féminine qui venait de le percuter. Il dit d'un ton froid:

- Vous auriez pu regarder ou vous marchiez!

Le jeune Héraut fixait d'un œil sévère la jeune Ondalienne, ce qui était normal de la part d'un Eradrin. En effet les Eradrins sont les plus fiers de toutes les Nations vivant dans le monde d'Elirondia. Jathel était réputé pour avoir une fierté encore plus grande que tout son peuple réuni: héritage familial vu qu'il descend en lignée directe du Premier Héraut de Phoebia... Nul ne l'aurait cru au début du Monde que la Famille Linandëis dominerait Phoebia de père en fils mais ils l'ont fait: De puissants Champions de père en fils, ils ont largement dominé les Joutes et Jathel n'avait pas échappé à la Règle. Depuis son âge il avait été formé afin de devenir le Combattant hors pair qu'il était à l'heure actuelle... Remarquant qu'il s'égarait dans ses pensées, Jathel inspira longuement puis reporta son attention sur l'Ondalienne qui avait légèrement reculé, ce qui ne manqua pas de faire sourire l'Eradrin. Elle émit une sorte de frisson avant de prendre la parole:

« Vous n’êtes pas un être d’eau, mais de feu. Ne pensez-vous pas que sortir à cette heure est dangereux pour votre personne ? »

Jathel ne dit rien au départ mais il ne pût réprimer un léger ricanement aux dires de la jeune femme. Elle n'aurait jamais dit cela si elle avait su dès le départ qui il était réellement. Il sourit et plongea ses iris rougeâtres plus profondément que jamais dans le regard doré de la jeune femme qui, mais jamais il ne se l'avouerait, plaisait beaucoup au jeune Héraut. En effet au fur et à mesure qu'il l'observait, il se dit qu'il aimerait bien la réchauffer dans son lit. Secouant la tête il essaya tant bien que mal de chasser cette idée qui lui semblait absurde: Comment un Souverain comme lui pourrait se payer le luxe d'une simple Ondalienne??? Il se lécha légèrement les babines puis après une légère inspiration , il dit avec toujours cette froideur légendaire:

- Dangereux pour la personne? Cette fois il se mit a rire d'un air mauvais mais il retrouva un air amical lorsqu'il cessa de rire.Il la regarda de nouveau et dit d'une voix trahissant une moquerie: La personne qui devrait avoir peur en ce moment même, ça serait vous très chère. Je n'ai aucune peur de votre peuple et encore moins des êtres de rangs inférieures... Très peu de votre peuple pourrait m'affronter: à part peut-être votre Général et bien entendu votre Souveraine.

Il la regarda changer de visage puis reprit d'un ton froid et sec:

- Je suis Jathel Linandëis, Souverain des Eradrins et Héraut de Phoebia! Et vous très chère qui essayait de me menacer ? Son regard sur la jeune Ondalienne se fit plus pressant que jamais...

En mode sadique, le Héraut se délectait de la peur de la jeune Ondalienne... Il sentait en elle qu'elle avait peur de ce qu'il pourrait lui faire subir pour cet affront. Dès qu'elle avait su sa véritable identité, la jeune femme s'était décomposée et puait la peur à plein nez. Jathel la regardait d'un air mauvais, tout en se demandant ce qu'il pourrait bien faire d'elle. Il la dévisageait des pieds à la tête et se disait qu'elle pourrait surement combler ses pulsions car son odeur lui rappelait étrangement ces filles de la rue qui offraient leur corps pour de l'argent... Le jeune souverain allait parfois dans les bordels de Fort-Brasier afin de trouver une de ces filles pour passer du bon temps. Cette pratique n'était pas spécialement bien vue chez les Eradrins mais étant le chef des Chefs, Jathel faisait entièrement tout ce qu'il voulait. Nul ne pouvait lui dicter sa conduite et sa soif de pouvoir était encore plus grande que celle de n'importe qui. Même pour un Linandëis. Riant à ces pensées, il reporta son attention sur la jeune Ondalienne qui déclinait, d'une voix qui trahissait totalement sa peur, son identité. Il se mit à lui rire au nez... Elle était encore pire que ce qu'il croyait mais se disant qu'il devenait trop méchant, il cessa de rire et la regarda droit dans les yeux, plongeant ses iris rougeâtres profondément dans son regard doré. Il dit avec une pointe de moquerie:

- Intéressant et vous êtes quoi alors... Une...

Mais il ne put terminer sa phrase car soudainement, un vent glacial lui fouetta le visage et malgré sa chaleur naturelle d'Eradrin, il se surprit à trembler de froid. Quelle contrée horrible, se disait-il en jurant mentalement. Il leva la tête vers le ciel et constata que la nuit tombait également, il prit donc la décision de retourner d'où il venait. Au moment où il faisait volte face afin de pouvoir partir, il se ravisa et reporta de nouveau son attention sur elle. Il sourit de façon charmante cette fois et dit d'un ton plus doux mais trahissant toujours cette envie de rire d'elle:

- Pour vous faire pardonner votre affront de tout à l'heure, je vous ordonne de m'accompagner afin que vous puissiez avoir plus chaud. Mais si vous ne le souhaitiez point, je comprendrais également et je vous laisserais à votre triste sort sans état d'âme... C'est à prendre ou à laisser

Il reprit son air hautain et entreprit de regarder alentour afin de s'assurer que nul ne viendrait les déranger. Puis n'attendant pas la réponse de l'Ondalienne, il la prit par la main et l'emmena aussitôt loin de cette ruelle. Ensemble, ils prirent la direction du Palais de l'Eau mais avant d'y arriver, le jeune Héraut sentit soudainement un déséquilibre dans la Magie de Feu, comme si un Eradrin venait d'utiliser ses pouvoirs contre une autre personne. Il s'arrêta net et se mit à chercher d'où cela pouvait provenir, puis après quelques secondes de recherche intensive, il trouva finalement ce qu'il cherchait. Dans une auberge juste en face d'eux, il y avait un membre de la Garde de Jathel qui affrontait un Ondalien. Le jeune Héraut se tourna vers sa " Prisonnière " et lui ordonna d'un ton calme:

- Suis-moi, ça ne sera pas long. Sur ces mots, il se précipita dans la demeure, suivi par la jeune femme. La magie fusait dans la salle tandis que l'Eradrin faisait balancer son adversaire avec une attaque à distance. L'ondalien ripostait avec sa magie liquide et ainsi de suite: Jathel pouvait facilement en déduire le résultat final et afin de pouvoir éviter cette humiliation, il lança d'un ton sec et fort:

- Arrêtez!!! Kunaishen, tu es faible! Tu es en train de te faire laminer contre un être de l'eau...

Le dit Kunaishen s'inclina devant son souverain et cessa aussitôt de se battre. Jathel s'avança vers lui mais l'ignora, puis il se tourna vers l'ondalien qui s'était retrouvé allongé au sol... Comment? Sans qu'il ne le dise, le jeune Héraut avait lancé un sort qui maintenait fermement l'Ondalien au sol, comme si des chaînes invisibles l'empêchaient de bouger. Toutes les personnes présentes dans la pièce avaient reculé d'un pas, craignant le souverain du Feu. Celui-ci avançait toujours puis lorsqu'il se retrouva à la hauteur de l'Ondalien, il lui murmura d'un ton assassin à l'oreille:

- Si ça ne tenait qu'à moi, je t'aurai déjà éliminé mais je ne ferai rien donc un conseil: PARS TRES LOIN

L'Ondalien ne se fit pas prier, en effet lorsqu'il sentit que ses liens invisibles avaient disparu, il s'était aussitôt levé et avait quitté en trombe la pièce. Le jeune Héraut en avait ri puis il s'était retourné vers la jeune Ondalienne et lui demanda d'un ton plus doux que jamais:

- Que désiriez-vous boire? Je vous l'offre